Le réalisateur tchadien primé pour Un homme qui crie au dernier festival de Cannes a inauguré la série des masterclass ayant lieu à l'ISIS pour les étudiants des écoles de cinéma de différents pays africains. Paroles choisies.
"Sur un plateau, on ne rigole pas. Je déteste l'irrespect et le laxisme."
"En Afrique, la parole est souvent mensongère. On dit qu'on va rappeler mais on n'y croit pas soi-même. C'est une parole d'apaisement mais qui n'est pas crédible. Si le cinéma reprend cette parole, il n'est pas crédible. Mieux vaut fonctionner avec le non-dit plutôt qu'avec des paroles vides. Je fais un cinéma avec peu de
paroles, à la recherche d'une vérité souvent cachée."
"Les comédiens sont des interprètes : leur gestuelle, leur présence physique apporte un plus. Pour moi, les dialogues ne sont pas un dogme : je préfère que le comédien trouve sa justesse."
"Les enfants rêvent d'être Zidane ou Drogba. Votre ambition ne doit pas être le quartier, mais que l'Afrique ait sa parole dans le monde. Votre rêve doit être Cannes ou Venise !"
"Le cinéma, c'est de la manipulation. Il ne faut pas en rajouter ! Quelque chose de faux qui est manipulé, c'est de la caricature !"
"Je ne fais pas de films pour changer le monde : je cherche juste à ce qu'on se pose des questions, sinon c'est très dangereux ! Se poser des questions, c'est déjà avancer !"
Article paru le Mardi 1er mars 2011, Bulletin Africiné n°13 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°2, p. 8.