Ramadan SULEMAN, après une participation au FESPACO 2005 avec Zulu love letter, revient en 2011 avec Zwelidumile un film documentaire en compétition officielle. La douloureuse période de l'apartheid est de nouveau évoquée dans sa nouvelle production, mais cette fois ci le réalisateur sud-africain s'intéresse à la vie et le combat de Dumile, un peintre atypique forcé à l'exil.
Dumile utilisait son pinceau comme moyen de lutte contre l'apartheid, confirmant que la peinture est plus efficace que les armes. À travers ses peintures, il exposait le monde affreux dans lequel vivait la société sud africaine pendant cette période de son histoire. La maltraitance des Noirs africains et la bestialité de l'homme blanc étaient artistiquement dessinées dans ses oeuvres, ce qui déplaisait au régime en place. Cela lui a valu, selon les témoignages recueillis dans le documentaire, des menaces verbales, des incarcérations et des tentatives d'assassinat. L'exil s'est imposé à lui comme la seule solution pour sauver sa vie et poursuivre ses actions. L'exil avait également son prix !
Pour se protéger et protéger sa famille il a fallu interrompre toute communication avec sa famille notamment sa femme enceinte. D'ailleurs, elle mettra au monde une fille qu'il ne connaitra jamais.
Le réalisateur de Zwelidumile réussit à raconter avec habilité le parcours de Dumile de façon à la fois pathétique et humoristique. La tristesse des interviewés apparaît sur leur visage à l'évocation de souvenirs amers, un sentiment accentué par de longs silences expressifs.
L'humour est également présent à travers des éclats de rire, des anecdotes sur la vie sociale de l'artiste et son goût à la fête. Loin d'être une contradiction, cela peut traduire la volonté d'un homme soif de liberté, qui n'abandonne jamais son combat, qui croit en un avenir meilleur malgré les horreurs dans société.
Malheureusement, il ne sera jamais témoin de cette liberté tant recherchée ! L'apartheid sera aboli, mais lorsque Dumile décide de retourner au pays, il trouve la mort tragiquement et brutalement à trois jours de son départ.
La mort de l'homme en 1991 n'est pas synonyme de la fin de sa lutte contre l'injustice en Afrique du Sud. Une fondation a été créée en son honneur dans son pays pour pérenniser ses oeuvres. Un héritage pour la génération présente et future, qui pourra témoigner de la lutte pacifique de l'artiste contre le régime de l'apartheid.
Paule Arlette HIEN
Burkina Faso
Cet article a été publié en version papier le Mercredi 02 mars 2011, dans le Bulletin Africiné n°14 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°3, p. 6.
avec le soutien d'Africalia (Belgique), du Ministère des Affaires étrangères (France) et d'Africultures (France).