AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 373 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Les Oubliés de l'histoire (Hassan Benjelloun)
Les esclaves libres
critique
rédigé par Samir Ardjoum
publié le 21/04/2011
Samir Ardjoum
Samir Ardjoum
Hassan Benjelloun, réalisateur
Hassan Benjelloun, réalisateur
Les Oubliés de l'histoire
Les Oubliés de l'histoire
Les Oubliés de l'histoire
Les Oubliés de l'histoire
Hassan Benjelloun sur le tournage, avec ses acteurs (Ben Diogaye Bèye,...)
Hassan Benjelloun sur le tournage, avec ses acteurs (Ben Diogaye Bèye,...)

Au début, une ballade. Au final, une cavale sans issue.
C'est le dernier film du Marocain Hassan Benjelloun et rien n'est épargné, ni escamoté, aucune concession dans ces portraits romantiques qui, par la force des choses, iront jusqu'en enfer. Un constat implacable malheureusement teinté d'un voyeurisme qui déréalise les propos de Benjelloun.

Benjelloun n'est pas du genre à faire dans la dentelle. Il ne prend jamais son spectateur pour le caresser dans le sens du poil, bien au contraire, il choisit personnellement les armes de tortures psychologiques qui l'anéantira.
On est en droit d'être rebuté par ce trop-plein de saynètes effrayantes, mais il serait ridicule de n'y voir que de la provocation. Benjelloun aime trop ses personnages pour les confectionner en tic et toc. Il les dessine, les efface, reprend là où le destin les a abandonné et les jette dans un gouffre aux chimères. L'écran devient alors un cimetière d'éléphants !

Sélectionné dans la compétition long métrage ACP du Fespaco 2011, Les Oubliés de l'histoire (quel beau titre !) narre les pérégrinations de trois personnages dont le but ultime est de se libérer de leurs chaînes sociales, amoureuses et politiques. En cela, la première partie où Benjelloun dépose ses trois canevas est remarquablement réussi. Le film puise dans une construction narrative qui relie avec beaucoup d'ingéniosité trois versants d'une montagne que personne ne pourra escalader.
La tragédie, source d'inspirations du cinéaste, est sans cesse distillée afin de mieux cerner le cul-de-sac dans lequel se jettent nos trois protagonistes. Plus la situation devient dramatique, plus Benjelloun force le spectateur à froncer les sourcils.

De ce filmage brutal, en découle une sorte de discours politisé qui prend trop d'ampleur. La subtilité est rapidement évincée et le spectateur prend progressivement du recul face à un scénario qui tombe - pour la peine - dans l'oubli.
À partir du moment où ces trois enfants de la vie se croisent, Benjelloun peine étrangement à en extraire une force collective et plombe finalement son film de tirs-croisés aussi hideux qu'incompréhensibles.
Et c'est regrettable surtout quand l'auteur, au beau milieu du film, réussit à tisser de belles fulgurances.

Il est, par exemple, difficile d'oublier cette séquence où l'un des personnages, Yamina, se retrouve sur cette route déserte, après s'être enfuie de chez elle. Trouvant refuge dans un camion, auprès d'un vieux couple, Yamina est rapidement déposée quelques centaines de kilomètres plus loin.
Benjelloun décide de rester sur ce couple. Puis, le camion s'arrête, la vieille femme en descend avec un lourd carton où est écrit des mots illisibles.
Puis le camion s'en va et l'on comprend progressivement que cette ladite femme était en réalité une prostituée, déposée par son mac ! Pourquoi diantre Benjelloun n'a pas poursuivi dans cette veine ?

Samir Ardjoum/Algérie

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés