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Indochine sur les traces d'une mère, d'Idrissou Mora Kpaï
A la recherche d'une partie de soi
critique
rédigé par Hector Tovidokou
publié le 07/05/2011
Christophe SOGLO et sa famille
Christophe SOGLO et sa famille
Idrissou Mora Kpai, réalisateur
Idrissou Mora Kpai, réalisateur
M. YEMADJE, ancien combattant d'Indochine
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M. YEMADJE, ancien combattant
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Colonel Dang Van Viet, commandant en chef de la RC4
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Soldat OGBONI combattant en Indochine
Soldat OGBONI combattant en Indochine

Les fameuses guerres françaises contre l'Indochine et le Vietnam des années 1946-1954, ont marqué jusqu'à ce jour des Africains et Asiatiques.
Considérée comme une guerre de conquête de territoire, elle a fait mourir des dizaines de milliers de soldats africains. Des rescapés, orphelins et témoins sont les protagonistes de ce documentaire de 71 minutes.

Le cinéaste béninois Mora Kpaï a connu un grand succès avec son film sur l'exploitation éhontée par la France de l'uranium au Niger : "Arlit, deuxième Paris" (2005). Son documentaire a fait le tour du monde et reçu une vingtaine de prix, entre autres:
- Prix du Meilleur Documentaire au 15e festival du cinéma d'Afrique, Asie et Amérique latine de Milan,
- Balard d'or du meilleur Documentaire / Prix TV5 au 20e Festival International du Film de Namur,
- Prix du Cinéma du Monde en Wesphalie- Rhénanie du Nord, Allemagne,
- Prix du meilleur Documentaire au Muestra de Cine Africano de Tarifa MCAT (Espagne).

Idriss Mora Kpaï revient avec Indochine sur les traces d'une mère (2011) pour faire vivre le monde de la guerre coloniale française contre le Viet Minh. Tristesse, révolte, sont entre autres les émotions et sentiments qui animent le cinéphile devant tant de recherche d'aventure, de prouesse et de ruse.
La ruse occidentale en particulier celle française ne date pas d'aujourd'hui. Pour exploiter les Africains à l'époque où ils étaient pris en otage, ces derniers n'avaient pas le choix entre l'appellation engagé "Volontaire" ou "Appelé" (des mots vides de sens, car ce sont deux faces d'une même logique : guerre coloniale par recrutement quasi forcé).

A travers, Indochine sur les traces d'une mère, le réalisateur dénonce, par l'image, l'esclavagisme modernisé des français dont les conséquences ont fait de certains êtres, "Des sans racines".

De nombreux métis ont été ramenés au Bénin, pays natal de leurs pères, le plus souvent sans leurs mères. Même après y avoir bâti leur vie, ces métis se sentent tiraillés entre deux cultures : celle de leurs pères qu'ils ont appris à accepter et celle de leur mère dont ils ne gardent que de lointains souvenirs et qu'ils aimeraient connaître davantage. A travers des souvenirs aigres-doux et des images de la guerre, le réalisateur dépeint l'état de mélancolie dans lequel se retrouvent les métis. Le sentiment de soulagement, d'apaisement du fils Boko lorsqu'il repart au Viêt-Nam et la volonté de sa soeur de voir ses cendres répandues sur le fleuve Mekong, en Indochine, le prouvent bien.

Indochine sur les traces d'une mère se veut aussi un prétexte pour parler de la ressemblance de vécu, pendant longtemps tue, entre deux peuples géographiquement éloignés. Dans une vision subtile et de reconnaissance Aux africains, soldats de presque toutes les guerres françaises, Idrissou Mora-Kpaï, a ressuscité ceux qu'on appelle communément "Anciens combattants". Ils racontent chacun, dans les langues du Centre et Sud Bénin et en français, les conditions de ces guerres.
Pour d'autres, ce n'est pas une simple guerre, mais un corps-à-corps où on se tirait dessus comme on le voit aujourd'hui dans les films d'action. D'autres, spécialisés dans la détection des mines étaient les éclaireurs et la vie de toute la troupe reposait sur eux. Certains sont chargés de récupérer les armes quelques soient les conditions, car celles-ci sont plus importantes que la mort des soldats.
C'est un film édifiant par le témoignage des personnes indiquées qui sont la mémoire vivante de cette guerre d'Indochine.

Hector Tovidokou, Bénin
et Annick R. Kandolo, Burkina-Faso

Version de l'article paru sur papier le Jeudi 03 mars 2011, Bulletin Africiné n°15 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°4, p. 2.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique
Cinématographique (FACC) avec cette année le soutien du FESPACO, du ministère français des Affaires étrangères et d'Africalia.
Il est rédigé par des membres de la FACC présents au Fespaco 2011, venant de 9 pays d'Afrique

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