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Les Rois de Ségou, de Boubacar Sidibé (Mali)
La saga du royaume bambara de Ségou
critique
rédigé par Stéphanie Dongmo
publié le 09/05/2011
Stéphanie Dongmo
Stéphanie Dongmo
Les Rois de Ségou
Les Rois de Ségou

La série historique Les rois de Ségou du réalisateur malien Boubacar Sidibé qui raconte la fondation et l'apogée de ce royaume du 18ème siècle est en compétition dans la catégorie fiction Tv.

L'histoire du royaume bambara de Ségou est devenue une légende.
Plusieurs historiens ont essayé de la raconter, sous différentes versions avec pour dénominateurs communs le drame et le merveilleux. L'écrivain guadeloupéenne Maryse Condé avait déjà écrit la chute de Ségou dans un roman éponyme.
Boubacar Sidibé, lui, a choisi de remonter à sa genèse dans une série télévisée de trois saisons de 21 épisodes de 26 minutes, Les rois de Ségou, produit par l'Office de la Radio et de la Télévision du Mali (ORTM), Brico-films et Sarama films. La série écrite et réalisée par Boubacar Sidibé brosse, sur 105 années, l'histoire des quatre rois qui ont conduit Ségou à son apogée : Biton, N'Golo, Monzon et Da.

L'intrigue de la première saison nous plonge dans un village malien du 18ème siècle. Par une suite d'heureux hasards, Biton Coulibaly, un paisible chasseur, se voit intronisé comme chef du village, pour le protéger des brigands. Devenu puissant grâce aux djinns, il déjoue les intrigues de ses ennemis.
Si les hommes ont le beau rôle dans cette série, les femmes ne sont pas moins présentes et, surtout, manipulatrices. Au point où Boubacar Sidibé fait dire à l'un de ses personnages : "Jamais l'homme ne peut cerner les multiples facettes de la femme".

L'humour féroce de Sidibé permet de rafraîchir cette série historique. C'est le cas notamment lorsque, dans le premier épisode, un mari détale à l'arrivée de brigands en abandonnant sa femme.
Ici, rien n'a été laissé au hasard : les décors naturels ou implantés sont grandioses, les gros plans que le réalisateur a privilégiés permettent de saisir l'expression des personnages dans une société où le silence est d'or.

La série est honorablement portée par ses acteurs, notamment Kary B. Coulibaly, superbe dans le rôle du griot dans lequel il avait déjà excellé dans la série Dou du même réalisateur. Une série dans laquelle Boubacar Sidibé a largement puisé les acteurs de Les rois de Ségou, les comédiens sachant jouer en français ne courant pas les rues au Mali, d'après ses explications.
Pour combler les non-dits de l'histoire et la faiblesse des résultats de la recherche documentaire qu'il a menée pendant un an, Boubacar Sidibé a mis en marche son imagination, avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, de longs faux ongles ont été placés sur les doigts des djinns, au risque de frôler le grotesque et la caricature.

Les Rois de Ségou en s'intéressant à l'Histoire inaugure un genre nouveau dans les séries TV africaines. Pour le réalisateur, le passé permet de mieux appréhender le futur.
Cette série est en compétition dans la catégorie Fiction T.V à ce 22ème Fespaco. Par le passé, Boubacar Sidibé avait remporté deux prix au Fespaco : meilleur film de fiction Tv en 2001 avec Séko et en 2003 avec Sanoudje.

Stéphanie Dongmo
Cameroun

Version de l'article paru sur papier le Vendredi 04 mars 2011, Bulletin Africiné n°16 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°5, pp. 1 & 4.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique
Cinématographique (FACC) avec cette année le soutien du FESPACO, du ministère français des Affaires étrangères et d'Africalia.
Il est rédigé par des membres de la FACC présents au Fespaco 2011, venant de 9 pays d'Afrique.

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