AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 939 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Entretien avec Rokhaya Niang, comédienne sénégalaise
"Je veux travailler avec plusieurs cinéastes africains"
critique
rédigé par Arlette Hien
publié le 15/05/2011

Rokhaya Niang est une actrice sénégalaise pleine et confirmée. Elle a tourné dans de nombreux films et téléfilms tels Le Prix du pardon, Madame brouette, Secret de famille, Ramata. Son talent a été récompensé par plusieurs distinctions dont meilleure actrice au festival de Namur et de Carthage pour Madame brouette. Rokhaya est à Ouagadougou dans le cadre de la 22ème édition du FESPACO pour son rôle dans Un pas en avant, les dessous de la corruption du réalisateur béninois Sylvestre AMOUSSOU.

Comment avez-vous été contactée par Sylvestre AMOUSSOU pour tourner ce film?

J'ai été présentée à Sylvestre par sa femme Sandra [Bulteau, Ndrl]. J'ai joué avec elle un téléfilm réalisé par un Sénégalais au Sénégal. En 2004, quand j'étais à Paris, je suis allée chez elle, elle m'a présenté son époux qui avait déjà le scénario.
Il m'a donc proposé le rôle de Dovi. Je l'ai lu et j'ai accepté parce que le rôle me plaisait. Donc depuis 2004, j'ai le scénario, j'ai travaillé avec lui et on a commencé le tournage en fin 2009.

Dans le rôle de Dovi c'est une autre Rokhaya qu'on découvre, totalement différente de ce qu'on a l'habitude de voir, comment était l'ambiance du tournage ?

Ça était un plaisir pour moi d'incarner ce rôle et de participer à ce tournage avec de grands comédiens notamment Mariam KABA qui est une grande actrice qui nous donnait des conseils, Fatou N'Diaye et bien d'autres. L'ambiance était vraiment formidable et j'ai appris beaucoup de choses en travaillant avec ces comédiens d'autres pays.

Quels sont vos pronostics concernant le film ?

Ah ! Là, je ne peux rien dire car tous les films sont à la hauteur, j'ai déjà suivi un certain nombre de films en compétition à d'autres festivals, j'ai suivi de nouveaux films ici et ils sont tous à la hauteur. Au jury de faire son choix.

Et quelle appréciation faites-vous du cinéma africain de nos jours ?

On peut dire qu'il y a une évolution. Mais, du côté de l'Afrique de l'Ouest ça ne va pas et je regrette que le Sénégal n'ait pas un film cette année en compétition pour l'étalon d'or de Yennenga. J'aurais bien aimé qu'il y ait assez de films sénégalais en compétition à chaque édition.

Quels sont vos projets, que compte-vous faire pendant le FESPACO ?
Ben on est là aussi pour les contacts ; actuellement je suis en tournage sur un film espagnol au Sénégal intitulé Kanu. J'ai juste relâche d'une semaine et j'en ai profité pour venir assister à la sortie du film de Sylvestre AMOUSSOU que je n'avais pas encore vu, parce que c'est la première mondiale.
Les contacts sont là, les gens ne m'ont jamais vu jouer comme dans le film de Sylvestre. Certains pensaient peut-être que Rokhaya ne pouvait pas incarner le rôle de Dovi parce que jusque là je jouais des rôles de femme soumise.

Est-ce que cela a été difficile d'incarner ce rôle totalement différent ?
Non pas du tout, ça n'a pas été difficile pour moi car je pense que quand on est actrice, on doit apprendre à jouer n'importe quel rôle. A chaque fois que j'ai un scénario, je travaille avec un de mes frères, Ibrahima Mbaye. Il est comme un jumeau et actuellement nous travaillons ensemble dans un film espagnol.

A vous entendre, on dirait que tout se passe très bien pour vous, mais quels sont les difficultés rencontrés par les comédiens et acteurs dans votre pays ?

Il n'y a pas assez de production de films sénégalais, on fait un film chaque 2 ou 3 ans. Donc ce n'est pas intéressant pour un comédien de rester très longtemps sans jouer. Ça m'arrive d'aller faire des ateliers ailleurs. Je pense que quand on est comédien, quand on exerce un métier qu'on aime, il faut toujours faire des recherches pour approfondir l'expérience.
Donc à chaque fois que je finis un projet, je me dis que je n'ai encore rien fait et que j'ai beaucoup à apprendre.

Quel est votre voeu le plus cher ?

C'est de jouer à Hollywood, pourquoi pas jouer avec d'autres réalisateurs africains aussi. Je pense qu'il faut traverser les frontières. Il ne faut pas tourner un film sénégalais avec des acteurs sénégalais, je suis contre cela. Il faut surmonter cette barrière comme Sylvestre qui a réussi à tourner un film africain, en regroupant des comédiens venant de plusieurs pays africains.

Propos recueillis par
Paule Arlette HIEN
Burkina Faso

Version de l'article paru sur papier le Samedi 05 mars 2011, Bulletin Africiné n°17 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°6, pp. 1 & 3.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique
Cinématographique (FACC) avec cette année le soutien du FESPACO, du ministère français des Affaires étrangères et d'Africalia.
Il est rédigé par des membres de la FACC présents au Fespaco 2011, venant de 9 pays d'Afrique.

Films liés
Artistes liés
événements liés