Festival. Le film d'Abdelkrim Bahloul a été primé à la clôture de la 15e édition des Ecrans noirs, du 18 au 25 juin 2011 à Yaoundé.
Le rideau est tombé sur la 15ème édition du festival Écrans noirs. La cérémonie de clôture s'est déroulée samedi 25 juin au palais des congrès de Yaoundé. Glamour, strass et paillettes étaient au rendez-vous, comme à l'ouverture le 18 juin. Et c'est le film "Voyage à Alger" du réalisateur algérien Abdelkrim Bahloul qui a remporté l'Écran d'or.
Le long métrage raconte le combat d'une jeune veuve qui a tout perdu pendant la guerre de l'indépendance algérienne, et qui lutte pour élever seule ses six enfants. La maison pour laquelle elle se bat tout le long du film symbolise le pays indépendant qui doit appartenir aux enfants du terroir et non aux étrangers. "C'est la première fois que je reçois le grand prix, c'est une marque d'encouragement. Ce film est le combat pour la liberté", a affirmé Abdelkrim Bahloul, tout ému.
Le prix décerné par le président de la République comporte un trophée et une somme de 5000 euros (environ 3,3 millions Fcfa). Abdelkrim Bahloul l'a reçu des mains du ministre du Tourisme, Baba Hamadou, qui représentait la ministre de la Culture à cet événement.
Six autres distinctions ont été décernés à cette soirée (voir l'encadré, plus bas) par les différents partenaires du festival. Parmi ces prix, l'Écran d'honneur a été remis à l'acteur nigérian Olu Jacobs pour l'ensemble de sa carrière.
"Après avoir été l'objet d'un certain dédain, le cinéma nigérian s'est imposé. Il nous rappelle le rôle irremplaçable de l'acteur dans la conquête du public", a affirmé Bassek Ba Kobhio, le promoteur des Écrans noirs, en lui remettant son trophée.
Car, en effet, le thème de cette édition était "Le cinéma africain et ses acteurs". Une réflexion sur la question s'est tenue le 23 juin au palais des sports de Yaoundé, village du festival. Pour participer à cette réflexion, il y a eu des acteurs africains comme la Sénégalaise Rokhaya Niang, le Camerounais Gérard Essomba, le Béninois Sylvestre Amoussou et le Congolais Dieudonné Kabongo. Et inévitablement, l'absence des salles de cinéma au Cameroun a été évoqué au cours des échanges.
Comme par le passé, Bassek Ba Kobhio a annoncé l'ouverture d'un complexe cinématographique qui va regrouper des salles de projection et des espaces commerciaux. Le projet devra être finalisé, selon lui, dans trois ans.
Ouvert par le film "Un homme qui crie" du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, prix du jury à Cannes 2010, le festival s'est refermé par une autre long métrage. "Voyage à Alger" a été projeté dans une salle qui n'a pas cessé de se vider de ses spectateurs, pressés de rentrer chez eux après les discours.
Au total, 72 films ont été présentés aux Écrans noirs, dont 67 en compétition. Des séances spéciales pour malvoyants et pour enfants étaient également au rendez-vous. De même que quelques couacs : coupure d'électricité au village du festival, films déprogrammés, programme des projections pas toujours respecté... Par ailleurs, le public, très présent aux cérémonies d'ouverture et de clôture, était paradoxalement absent durant toute la semaine.
Malgré cela, Bassek ba Kobhio parle d'un bilan globalement positif. "Mais, comme dans toute activité, tout n'a pas été parfait. On a eu, de temps en temps, quelques petits problèmes inhérents à la vie d'une manifestation comme celle-ci. Nous sommes contents des chiffres de fréquentation des salles. Nous avons eu plus de 60 films en compétition et plusieurs salles de projection. Nous pensons qu'à 15 ans, nous avons réussi à sortir de l'enfance. Nous ne sommes pas encore totalement des adultes, mais nous sommes à un stade où des espoirs pour l'avenir sont permis", a-t-il dit. Cette 15ème édition a rendu hommage au cinéaste gabonais Charles Mensah, décédé ce 03 juin dernier.
Stéphanie Dongmo
Le palmarès
Écran d'or : Voyage à Alger, Abdelkrim Bahloul, Algérie
Écran du court métrage : Dina, Fonseca Mickey, Mozambique
Écran du documentaire : Joe Ouakam, Wasis Diop, Sénégal
Écran Afrique centrale : Wamba, Yves Tchouta, Cameroun
Écran de la meilleure interprétation : Sylvestre Amoussou dans Un pas en avant, les dessous de la corruption, Bénin
Écran du film étranger : Les mains noires, Tetchena Bellange, Canada
Écran d'honneur prix Charles Mensah : Olu Jacobs, Nigéria