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CHAMP CONTRE CHAMP : Bassek Ba Kobhio
"Nous rendons hommage aux comédiens africains"
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 29/06/2011
Martial E. Nguéa
Martial E. Nguéa
Bassek Ba Kobhio (Yaoundé, Ecrans Noirs 2009)
Bassek Ba Kobhio (Yaoundé, Ecrans Noirs 2009)
Ecrans Noirs 2011
Ecrans Noirs 2011

Les précisions du promoteur du festival Ecrans noirs.

La 15ème édition des Ecrans Noirs commence avec un décalage auquel on n'était pas habitué jusqu'alors. Qu'elle en est la principale raison ?

Les dates du festival se tiennent en principe la première semaine de juin. Elles ont été décalées pour donner plus de possibilités aux jeunes de participer massivement au festival. Ce n'est pas du nouveau dans notre organisation, il y a eu une édition où nous avons programmé le festival au mois de juillet. Nous tenons compte aussi de l'actualité et surtout qu'il faut que le spectateur où le cinéphile trouve toutes les possibilités d'aller au cinéma.

Est-ce que les motivations du début sont encore les mêmes ?

C'était pour que le cinéma ne meure pas. Force est de constater aujourd'hui que nous avons véritablement contribué à faire vivre le cinéma au Cameroun. En prenant l'exemple du Nigéria, les salles ont fermé en 1985, la renaissance n'est revenue qu'en 2000. Nous essayons au sein de notre organisation d'oeuvrer pour que le cinéma ne disparaisse pas.

Le festival était décentralisé dans la sous-région Afrique centrale. Ces dernières années, il se tient uniquement à Yaoundé…

Le financement qui servait à réaliser le festival à Yaoundé devrait s'étendre sur l'ensemble des autres sites. On s'est dit dans un premier temps qu'il faut d'abord travailler sur le Cameroun parce que nous avions l'impression de trop embrasser. Et vous savez, qui trop embrasse mal étreint. Cette année on va reprendre avec Douala et batailler pour la suite.

Est-ce que vous n'avez pas subi des influences politiques à cette époque ?

En termes d'argent peut-être. Encore qu'au Cameroun aujourd'hui, le gouvernement est le premier financier des Écrans noirs. Sur ce plan, le gouvernement n'avait pas d'argent. Le Président Omar Bongo avait voulu mettre de l'argent dans ce festival mais, en même temps, il voulait que le Gabon soit le centre du festival. Je n'ai vraiment pas vu de problème politique. Dans les pays de la sous-région, je n'ai que des amis. Nous n'avons peut-être pas les mêmes idées mais sur le plan politique, ils respectent mon travail.

L'absence des films camerounais dans la programmation reste une préoccupation majeure pour le public local. En 15 ans, êtes-vous satisfait de la participation camerounaise ?

Pas du tout ! Dans la mesure où dans la compétition officielle cette année, il n'y a pas de film camerounais. Cela confirme que les films n'existent pas. A cet effet, nous avons créé les sessions qui peuvent nous permettre de comprendre que les Camerounais travaillent. Nous avons créé la session première oeuvre. On s'est vite rendu compte que certains participants avaient déjà réalisé plusieurs oeuvres même à titre privé. Cette fois, nous avons intégré le prix de la sous-région Afrique Centrale pour donner plus de chance aux cinéastes. Mais ce dont on rêve, c'est que ces films camerounais participent à la compétition officielle long-métrage.

Au regard de la qualité des films, pensez-vous que la compétition instaurée depuis la 12ème édition a apporté un plus au festival ?

Certainement en termes de travail et en qualité de films. Certains cinéastes qui avaient déjà participé à plusieurs éditions commençaient à se lasser. La compétition a donc suscité un autre intérêt pour le festival surtout parce qu'il est devenu un lieu où on se mesure aux autres.

Cette année, outre les prix habituels, on trouve le prix Charles Mensah en hommage au producteur gabonais et président de la Fédération panafricaine de cinéaste décédé, il y a quelques semaines…


Effectivement, l'Ecran d'honneur que Charles Mensah a d'ailleurs reçu deviendra Ecran Charles Mensah. Un hommage lui sera rendu et ce nom de baptême va rester dans la suite du festival.

Le thème du colloque de cette édition est ‘' Cinéma africain et ses acteurs''. Qu'est-ce que a motivé ce choix ?

Il y a matières à débat. Lorsqu'on observe les rapports entre réalisateurs et comédiens, producteurs et autres maillons, vous comprenez que c'est une question d'intérêt. Les problèmes que cela suscitent doivent véritablement être débattus. Nous tenons à rendre hommage aux acteurs du cinéma africains.

Le projet 7 jours pour un film très vanté comme projet prometteur pour les jeunes cinéastes n'aura pas lieu cette année. Il est annoncé au cours d'un festival qui se tiendra au Sénégal dans les prochains jours [Festival Image et vie, Dakar, Ndlr]. Qu'est-ce qui s'est passé ?

En fait, nous voulons des projets pour des jeunes qui veulent faire du cinéma. Moi, j'ai vanté un projet de 15 000 euros pour un film fait par les jeunes et un esprit dans ce sens. Je me suis retrouvé avec un projet qui a coûté 60 000 euros où je n'ai pas vu les techniciens camerounais derrière la caméra, où j'ai pris un jeune réalisateur formé, où enfin, je crois avoir vu un film qui n'a pas un esprit de jeune africain. En réalité, c'est l'APIC (Association des producteurs indépendants du Cameroun) qui devrait coordonner ce projet. Elle a plus tôt mis sur pied un petit projet sur le documentaire à cause du temps très court. L'année prochaine, ce sera beaucoup plus structuré.

Les colloques sont devenus un rendez-vous très courus par les professionnels chaque année, on ne voit malheureusement pas les publications tant promises.

On a publié le livre d'au moins un colloque. Les textes sont disponibles. Cette année, on mettra un point d'honneur à publier au moins trois colloques. Celui de l'année passée, nous l'avons terminé tard. Les intervenants prennent relativement le temps à nous envoyer les communications corrigées. J'espère que cette année, nous allons publier les actes du colloque sur les femmes.

On constate que vous avez changé de partenariat officiel du festival. Orange et vous c'est désormais le grand divorce ?

En fait, il n'y a pas eu de divorce. Le partenariat est une relation où chacun trouve son compte. A partir du moment où l'un ne trouve pas son compte, il me semble que s'il y a des appels ailleurs, il y va. On n'a pas été fâché avec orange. MTN a été attentif à des projets qui demandaient une certaine mobilisation.

La communauté urbaine de Yaoundé vous accompagne depuis plusieurs éditions. Comment concevoir un festival de cinéma à Yaoundé sans salles de cinéma ?

Le problème de salles de cinéma est un faux problème. Le cinéma est une grosse chaîne qui implique la création, le commerce et l'exploitation ; si, un pan ne fonctionne pas, les autres peuvent continuer. Mais je puis vous confirmer que Yaoundé aura une salle de cinéma d'ici peu. Les échanges avec le délégué du gouvernement et notre partenaire officiel avancent sur ce point.

Propos recueillis par
Martial E. NGUEA

article paru dans la revue Mosaïques (Yaoundé), - ÉDITION SPÉCIALE Nº 001 du 18 Juin 2011, page 7.
Dans le cadre de l'atelier de formation à la critique animé par Jean-Marie Mollo Olinga (FACC) et Klaus Elder (FIPRESCI). Organisation : les associations Arterial Network et la Cameroon Art Critics (CAMAC), en collaboration avec le Goethe Institut

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