Vu aux Écrans Noirs 2011.
Le dernier film de l'Algérien Abdelkrim Balhoul, présent à Yaoundé dans le cadre du festival Ecrans noirs, revient sur une injustice toute africaine.
Le cinéma algérien est présent au festival Ecrans Noirs cette année. Le film Voyage à Alger du cinéaste Abdelkrim Balhoul est en compétition dans la catégorie long métrage. Preuve que l'Algérie reste un pays épris de cinéma. Et que ses cinéastes n'ont de cesse de se servir de l'histoire politique tumultueuse de ce pays du Maghreb comme matière pour leurs films.
Dans cette fiction d'Abdelkrim Balhoul justement, la période qui a suivi la proclamation de l'indépendance est abordée sous un jour nouveau.
Voyage à Alger est l'histoire de ces familles des martyrs de l'indépendance, les fameux "Chahid", oubliées du système postcolonial.
Sans ressources, ces femmes et leurs enfants sont obligés de vivre la misère des quartiers populaires. Une situation qu'une veuve de "Chahid" refuse d'accepter. Elle passe à l'acte en décidant de faire le voyage de Saïda pour Alger afin de se plaindre chez le président Ben Bella. L'une des figures de la guerre d'indépendance menée par le FLN, le parti nationaliste algérien.
Comme réalisateur, Abdelkrim Balhoul continue de raconter la vie politique et sociale de son pays. Sauf que cette fois, il arbore fièrement la casquette de nationaliste en choisissant de revisiter un pan oublié de l'histoire de l'Algérie. Son film marque son opposition à cet impair fait aux familles des "Chahid". Une injustice, dans ces années 60, trop vite noyée dans la liesse populaire qui a suivi la proclamation de l'indépendance à Alger.
Mais plus qu'une tache dans la seule histoire algérienne, le sort de ces familles des martyrs algériens est malheureusement une donnée générale en Afrique. C'est en ça que le travail de mémoire d'Abdelkrim Balhoul est capital et actuel à la fois. Car il est important de ne pas oublier si on veut avancer.
Michel Ange NGA
article paru dans la revue Mosaïques (Yaoundé), - ÉDITION SPÉCIALE Nº 002 du 21 Juin 2011, page 5.
Dans le cadre de l'atelier de formation à la critique animé par Jean-Marie Mollo Olinga (FACC) et Klaus Elder (FIPRESCI). Organisation : les associations Arterial Network et la Cameroon Art Critics (CAMAC), en collaboration avec le Goethe Institut