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Ça tourne - La chronique de Jean-Marie Mollo Olinga
Le cinéma africain peut s'autofinancer
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 10/07/2011
Jean-Marie Mollo Olinga, ancien Vice-Président de la FACC
Jean-Marie Mollo Olinga, ancien Vice-Président de la FACC
Ecrans Noirs 2011
Ecrans Noirs 2011

Un de nos enseignants disait un jour qu'il n'est pas mauvais de copier un bon exemple. A défaut de le copier servilement, ce qui serait condamnable, on peut, à tout le moins, s'en inspirer. En matière de développement du cinéma et de la cinéphilie, celui qui nous vient de la petite ville d'Apt en France, dans le Vaucluse, est édifiant. Là-bas, de petits Français bon teint bon genre connaissent le cinéma africain mieux que tous les petits Africains de leur âge réunis. Sans exagération.
Dans cette ville, un retraité [Dominique Wallon, ancien directeur du Centre National de la Cinématographie], qui a travaillé à financer le cinéma africain, a eu la lumineuse idée de créer une sorte de festival qui s'étend sur toute l'année scolaire, et qui, tous les mercredis après-midi, sort les élèves du primaire de leurs classes, pour aller leur montrer des films africains. Cette expérience ne fait-elle pas rêver ?

Qu'en serait-il chez nous, si les décideurs des programmes scolaires incluaient, dans les emplois du temps de nos écoles primaires et secondaires, une séance mensuelle (et pourquoi pas hebdomadaire ?) de cinéma, moyennant une contribution financière symbolique, 200 FCFA par exemple, à reverser au réalisateur ?
Ceci n'aurait-il pas le double avantage de cultiver la cinéphilie à partir du bas âge et de financer, directement, le cinéma de chez nous ? Avec les effectifs pléthoriques de nos écoles primaires et secondaires, les réalisateurs ou les producteurs n'auraient-ils pas assez d'argent pour rémunérer tous les postes de travail d'un film ? N'en garderaient-ils pas suffisamment pour réaliser le film suivant ? Cela n'affranchirait- il pas le cinéma africain des financements extérieurs si intéressés ?
D'autres avantages viendraient indubitablement se greffer aux premiers, et le moindre n'est pas la résorption du chômage. D'ici, nous pouvons imaginer la lueur de bonheur dans les yeux des tout-petits enfants de nos villages, qui ne doivent pas être oubliés dans l'aventure, les groupes électrogènes et les vidéoprojecteurs étant devenus accessibles.

Nous avons souvent défini le cinéma comme un instrument de conquête de l'autre. De ce fait, il doit être introduit dans les programmes scolaires, d'une manière ou d'une autre, et même dans les écoles de formation, car la bataille du 21ème siècle sera celle de l'image.
Et si les Africains veulent maîtriser leur devenir, il est plus que nécessaire qu'ils s'approprient leurs propres images.

Jean-Marie Mollo Olinga
Journaliste, critique de cinéma

article paru dans la revue Mosaïques (Yaoundé), - ÉDITION SPÉCIALE Nº 003 du 25 Juin 2011, page 3.
Dans le cadre de l'atelier de formation à la critique animé par Jean-Marie Mollo Olinga (FACC) et Klaus Elder (FIPRESCI). Organisation : les associations Arterial Network et la Cameroon Art Critics (CAMAC), en collaboration avec le Goethe Institut

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