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La source des femmes
Femmes et rêves d'Orient
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 30/10/2011
Michel Amarger
Michel Amarger
Radu Mihaileanu, cinéaste roumain
Radu Mihaileanu, cinéaste roumain
Scène du film La source des femmes
Scène du film La source des femmes
Scène du film La source des femmes
Scène du film La source des femmes
Scène du film La source des femmes, avec Hafsia Herzi (Loubna)
Scène du film La source des femmes, avec Hafsia Herzi (Loubna)
Scène du film La source des femmes, avec Hafsia Herzi (Loubna)
Scène du film La source des femmes, avec Hafsia Herzi (Loubna)
Scène du film La source des femmes
Scène du film La source des femmes
Hiam Abbas, qui incarne Fatima (la mère de Sami, mari de Leïla)
Hiam Abbas, qui incarne Fatima (la mère de Sami, mari de Leïla)
Scène du film La source des femmes, avec Biyouna (Vieux Fusil), Sabrina Ouazani (Rachida)
Scène du film La source des femmes, avec Biyouna (Vieux Fusil), Sabrina Ouazani (Rachida)
Scène du film La source des femmes, avec Leila Bekhti (Leïla)
Scène du film La source des femmes, avec Leila Bekhti (Leïla)
Scène du film La source des femmes, avec Leila Bekhti (Leïla) et Saleh Bakri
Scène du film La source des femmes, avec Leila Bekhti (Leïla) et Saleh Bakri
Radu Mihaileanu, le réalisateur du film La source des femmes
Radu Mihaileanu, le réalisateur du film La source des femmes
Cannes 2011
Cannes 2011

LM Fiction de Radu Mihaileanu, France / Maroc / Belgique / Italie, 2011
Sortie France : 2 novembre 2011

La beauté farouche des femmes orientales fascine toujours les Occidentaux. Les coproductions continuent de perpétuer leurs exploits fantasmatiques dans des fictions annoncées comme des contes. La source des femmes du Roumain Radu Mihaileanu, en compétition au Festival de Cannes 2011, s'inscrit dans cette tradition. L'action a pour cadre un village indéterminé, presque intemporel, situé entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. La fonction majeure des femmes est de fournir l'eau à la communauté, en allant la chercher à la source du haut de la montagne. Mais ce dur labeur ancestral, à l'origine de plusieurs fausses couches, est contesté lorsqu'une jeune mariée, Leïla, propose aux villageoises de changer les attributions. Pour faire pression sur les maris, Leïla propose d'arrêter les relations sexuelles tant qu'ils n'apporteront pas l'eau eux-mêmes.



En déclarant la guerre de l'amour, les héroïnes de La source des femmes s'affirment, s'opposent, discutent pour faire évoluer leur condition. Le film offre ainsi des confrontations colorées et spectaculaires, souvent pittoresques. Les plus mûres veulent sauvegarder la tradition comme Fatima (Hiam Abbass) ou telle l'aïeule Vieux Fusil (Biyouna), appuyer les jeunes. Elles mènent la danse sous l'impulsion de Leïla (Leïla Bekhti), Loubna (Hafsia Herzi), Rachida (Sabrina Ouazani), provocant la réaction des hommes, surpris, frustrés et vite exaspérés. "Lorsqu'on déclare une guerre, il faut savoir l'arrêter", rétorquent les villageois. "Pourquoi ne déciderions-nous pas de notre avenir autant que les hommes", se défendent les femmes. L'affrontement éclate dans les somptueux reliefs du Maroc où Radu Mihaileanu dirige une belle pléiade d'actrices aux origines maghrébines.

La fougue de Leïla Bekhti (Mauvaise foi de Roschdy Zem, 2006 ; Le choix de Myriam de Malik Chibane, 2009) s'allie à la sensualité animale de Hafsia Herzi (La graine et le mulet de Abdel Kechiche, 2007 ; Française de Souad El Bouhati, 2009), à la vivacité de Sabrina Ouazani (L'esquive de Abdel Kechiche, 2003 ; Adieu Gary de Nassim Amaouche, 2009). La vedette algérienne Biyouna (Délice Paloma de Nadir Moknèche, 2007) est combative face à la Palestinienne Hiam Abbass (Satin rouge de Raja Amari, 2001 ; Munich de Steven Spielberg, 2008). Ces actrices confirmées dans les productions françaises, participent à l'aventure aux cotés de comédiens marocains réputés tel Mohamed Majd. Leurs émotions servent un récit classique où l'image est valorisée.
Mais s'il épingle les maris conformistes, prône un islam tolérant et milite pour l'émancipation des femmes, Radu Mihaileanu a tendance à enfermer ses sujets dans l'imagerie orientale. Les costumes typés, la musique grandiloquente de Armand Amar, soulignent l'expression des grands sentiments.

L'ambition spectaculaire de La source des femmes semble ainsi éloigner Radu Mihaileanu de son attention aux valeurs locales. Le cinéaste, né en Roumanie, s'est fait remarquer en France dès ses premiers longs-métrages, Trahir, 1993, et Train de vie, 1998. Il se rapproche de l'Afrique pour Les Pygmées de Carlo, 2002, imaginant l'assistant d'un réalisateur européen, envoyé en Centrafrique pour recruter des figurants. Va, vis et deviens, 2006, raconte comment un jeune Chrétien noir d'Ethiopie, réfugié dans un camp au Soudan, est présenté par sa mère comme un Juif pour être recueilli par une famille française à Tel-Aviv. La fiction, basée sur une opération lancée par Israël et les Etats-Unis, en 1984, pour sauver des Juifs éthiopiens, est approfondie par un documentaire, Opération Moïse, 2008. Puis Radu Mihaileanu se recentre en Europe avec Le concert, 2009, sur les péripéties d'un orchestre de l'Est, venu jouer à Paris.
La coproduction confirme son savoir-faire, son inclination à traverser les frontières, à valoriser le sentimentalisme. En explorant la sensibilité orientale pour La source des femmes, il alimente un courant exotique intarissable.

Vu par Michel AMARGER (Afrimages / RFI / Médias France)

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