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Cuba, une odyssée africaine, de Jihan El-Tahri
L'Esprit de la Révolution
critique
rédigé par Simon Mbaki Mazakala
publié le 02/04/2012

Après avoir réussi la Révolution au Cuba en 1959, le lider Maximo voit les pays africains acquérir leur indépendance avec des effets râlants du Néocolonialisme et de l'impérialisme. Le cas frappant du Congo belge dont la mort tragique de Premier-Ministre Patrice Emery LUMUMBA révolte les consciences et les force à envisager de grandes actions d'interventions socialistes qui vont se terminer plus tard avec l'abolition du Régime de l'Apartheid.
Cette page des quarante ans d'histoire de l'expédition cubaine en terre africaine, est relatée dans ce documentaire savamment bien menée par la réalisatrice égyptienne Jihan El TAHRI.

En deux épisodes, elle nous entraîne - à travers les documents d'archives et des interviews des personnalités ayant participé aux événements - à comprendre les étapes de la lutte de libération des peuples africains et à suivre l'enchaînement des faits.

1ère Épisode : RD. CONGO / GUINÉE-BISSAU

Tout compte fait, c'est de Nelson Mandela qui s'exprime en tête à tête avec Fidel Castro que vient l'expression de la reconnaissance de l'Afrique pour le combat mené afin d'acquérir l'esprit révolutionnaire. Dans cet entretien, tenu à Cuba dont la réalisatrice a obtenu les images, Mandela dit ceci à Castro : "Vous avez aidé les peuples africains à s'affranchir des chaînes de la colonisation, vous êtes invités à venir en Afrique pour que ce peuple vous remercie de vive-voix".
En commençant son film par cette séquence, la réalisation annonce en sourdine que la ferveur de la demande de Mandela est une invitation adressée à tous les Cubains. Une bonne partie de son peuple a l'Afrique comme terre de leurs ancêtres. Ils sont partis en esclavage et reviennent en libérateurs.

Le premier essai se fait en 1961. Après le décès de Lumumba et la dispersion des Lumumbistes entrés en guerre de libération, une base active des rebelles est dressée dans les forêts d'Uvira. Tenue par Laurent Désiré KABILA, elle peine à s'affirmer. Che GUEVARA, en personne, déguisé et surnommé Tatu, s'y rend en compagnie des Cubains de peau noire. Cette épisode est racontée par les témoins oculaires et les acteurs des opérations : les Cubains - Ernesto VIDIAUX, Victor DREKE, Emilio MENA et Villegas HARRY ainsi que les Congolais Yerodia ABDOULAYE NDOMBASI, Fredy ILUNGA (traducteur), Godéfroid TCHAMLESSO (aide de camp)…
La guerre froide battait son plein. Les Américains et les Soviétiques tiraient les ficelles. Ils avaient des interlocuteurs : Larry DAVLIN, Herman COHEN, Vladimir CHOUBINE…

La descente sur le terrain des révolutionnaires cubains va connaître un échec stratégique au Congo et conduira à un désengagement du pays. En effet, les rebelles congolais vivaient dans le campement, avec femmes et enfants, sans une maîtrise du maniement des armes. La croyance dans les fétiches "DAWA" et "SIMBA MULELE" inhibait leur action.

Castro tire les leçons de l'étape du Congo. C'est résumé par le Cubain Jorge RISQUET : "Pour former une Nation, la tribu doit mourir". Après, fut le tour de la Guinée-Bissau, entrée en plein dans une guerre totale contre l'occupant portugais. Cuba va fournir armement lourd et militaires surentraînés.
En 1973, le Portugal ayant radicalisé son régime politique et menant une bataille de terre brulée, Luis Cabral, Paulo Jorge et le Général "NDALU" Dos Santos vont intensifier la lutte de libération. Le succès obtenu par les Révolutionnaires est évident et va entrainer la chute de l'empire portugais en Afrique car la Guinée-Bissau n'est qu'un avant goût de ce qu'ils vont connaître en Angola et au Mozambique.

2ème épisode : L'ANGOLA, LE MOZAMBIQUE ET L'AFRIQUE DU SUD

De l'Ouest Africain, cap sur le centre et le sud. En 1975, les protagonistes des événements de l'Angola devaient s'entendre pour le partage du pouvoir à la date de l'indépendance. Mais allier les idéologies et les contradictions n'était pas aisé. Aussi, Augostino NETO, Jonas SAVIMBI, Roberto HOLDEN se regardaient en chiens de faïence jusqu'à ce que Barbudos ont débarqué.
En fin de compte, toute une armée de plus de 35.000 personnes va épauler NETO en plusieurs vagues. Car les capitalistes impérialistes manipulaient la RDC ex Zaïre et l'Afrique du Sud. L'encerclement était certain. Alors une force de frappe derrière va installer NETO à LUANDA et le déploiement des cubains va consolider les frontières Nord et Sud. L'Angola fera connaître la visibilité de l'intervention cubaine pour faire signer l'Accord de Paix avec l'Afrique du Sud raciste.
La participation de Cuba à cette guerre de libération de l'Angola permettra aux mouvements de libération de l'Afrique du Sud, de Namibie et de Mozambique, de faire appel à son expertise pour la formation de la Jeunesse, en les armant et en les confortant dans l'idéal révolutionnaire.

Ce film a fait parler du beau monde. Des personnes qui ont des choses à dire à la postérité. Elles ont pris de décision, créé des intrigues ou participé à des opérations sur le terrain. L'histoire est racontée par ceux qui l'ont vécue au quotidien, en tant que décideurs et exécutants. Le mérite de la réalisatrice réside dans le fait de les approcher pour témoigner.
Fidel CASTRO qui s'exprime dans ce documentaire partage son humanisme en apportant du réconfort à la population des pays asservis par l'impérialisme, le despotisme et l'exploitation capitaliste.

La force du film de Jihan EL TAHRI réside aussi dans l'intervention des Archives de plusieurs sources. Le choix des moments palpitants des affrontements armés souligne l'intérêt d'expliquer l'expédition cubaine. La réalisatrice dénote par là sa maîtrise dans la confection de documentaires.

MBAKI MAZAKALA
Critique Cinématographique

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