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Viva Riva!
Explosions congolaises
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 17/04/2012
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Djo Munga, cinéaste
Djo Munga, cinéaste
Le réalisateur (deuxième à gauche, en chemise rayée) sur le tournage de Viva Riva !
Le réalisateur (deuxième à gauche, en chemise rayée) sur le tournage de Viva Riva !
Patsha Bay Mukuna (Riva) dans Viva Riva !
Patsha Bay Mukuna (Riva) dans Viva Riva !
Viva Riva !
Viva Riva !
Viva Riva !: Nora (Manie Malone)
Viva Riva !: Nora (Manie Malone)
Viva Riva !: César (Hoji Fortuna)
Viva Riva !: César (Hoji Fortuna)
Viva Riva !: Manie Malone (Nora)
Viva Riva !: Manie Malone (Nora)
Viva Riva ! : les Angolais (César et sa bande).
Viva Riva ! : les Angolais (César et sa bande).
La Commandante (Marlène Longage) menacée par César (Hoji Fortuna), dans Viva Riva !
La Commandante (Marlène Longage) menacée par César (Hoji Fortuna), dans Viva Riva !
Viva Riva ! : Riva (Patsha Bay Mukuna) téléphone
Viva Riva ! : Riva (Patsha Bay Mukuna) téléphone
Viva Riva ! : Nora (Manie Malone) se maquille
Viva Riva ! : Nora (Manie Malone) se maquille
Affiche sud-africaine (Indigenous Films Distribution)
Affiche sud-africaine (Indigenous Films Distribution)

LM Fiction de Djo Tunda Wa Munga, RDC / Belgique, 2010
Sortie France : 18 avril 2012
Distributeur : Happiness Distribution / info@happinessdistribution.com

La République Démocratique du Congo est sous pression. Tensions sociales, crispations politiques, populations électriques s'entrechoquent sur fond de richesses naturelles convoitées. Cette ambiance survoltée éclate dans Viva Riva!, le premier long-métrage de Djo Tunda Wa Munga. Né à Kinshasa, il y puise l'inspiration pour réchauffer les codes du film de genre dans une histoire qu'il écrit, produit et met en scène sur place.
Apprécié depuis Auguy, 1998, une petite fiction mordante qui conclut ses études à l'Insas de Bruxelles, le cinéaste fonde sa société de production à Kinshasa, en 2002. Il tourne ensuite des sujets documentaires comme Injuste Faim, 2004, Horizon en transition, 2005, et Papy (mon histoire), 2007, une fiction qui est le pilote d'une série pour sensibiliser sur le sida. En profitant de ses liens avec la Belgique où il vit en partie, Djo Tunda Wa Munga assure une coproduction solide pour allumer les écrans avec Viva Riva!, 2010.



Le héros, Riva, est un Congolais jouisseur, frimeur et peu scrupuleux. Son retour à Kinshasa après dix ans passés en Angola, sent la poudre. Riva a détourné un camion d'essence qu'il convoyait pour ses patrons mafieux et se fait payer pour le mettre à l'abri chez un complice. Grâce à la pénurie de carburant qui sévit en ville, ils spéculent sur la flambée des prix pour faire monter les enchères. Mais l'argent coule vite dans les mains de Riva qui revient au pays pour prendre sa revanche. Il claque les billets, aligne les œillades hautaines pour impressionner son entourage. Secondé par un ami d'enfance, Riva court les soirées pour s'étourdir comme un nouveau riche. C'est là qu'il tombe raide amoureux de la protégée d'un truand local, qui le vampe en toute insécurité.

Le tempérament de Riva, fougueux et incendiaire, le pousse à conquérir la superbe amazone à la force de ses billets, de ses astuces et des circonstances. En récupérant une boucle d'oreille familiale, mise en gage par son protecteur, Riva pousse son avantage, amélioré a coups de baisers ravageurs. Mais la conquête amoureuse et torride de Riva ne se joue pas sur du velours. Depuis son retour, le héros est coursé par un trio de mafieux angolais, bien décidé à récupérer le chargement d'essence. Les balles sifflent autour de Riva, traqué par ses anciens partons et les sbires du protecteur de sa belle amazone. Sa fuite en avant est parsemée de rencontres, d'alliances fugitives qui se retournent au fil de tortures et d'exécutions multiples.

Les trépidations de Viva Riva! s'accélèrent sur un rythme vif, des plans énergiques, des musiques chaudes qui régénèrent l'esprit des films de genre. On y rencontre des personnages typés comme il se doit, derrière lesquels le réalisateur prend soin d'esquisser un passé chargé. La confrontation brutale de Riva avec ses parents révèle un drame familial. Les confidences sur l'oreiller de son amoureuse laissent entendre une enfance brisée. Les remarques acides de ses patrons angolais dévoilent la trahison de Riva et leur regard critique sur l'état de la société congolaise. Dans la corruption et le désordre qui gangrène les consciences, chacun essaie de tirer son épingle du jeu. Une prostituée lesbienne tente de reconquérir une capitaine d'armée corrompue, lancée aux trousses de Riva. Un gamin des rues cherche à s'engager pour lui en convoitant les billets qu'il sème sur ses pas.

En laissant les adultes ravagés de pouvoir sur le carreau, Djo Tunda Wa Munga jette des clins d'œil piquants à l'enfance. Il ménage des lignes de fuite à ceux qui conservent quelques règles de vie en percutant sans ménagement les forces en présence dans la société congolaise. Enervé, haletant, truffé d'affrontements assassins, Viva Riva! fait claquer les répliques en lingala. Avec un casting efficace, emmené par Patsha Beny Mukuna, Manie Malone, Hoji Fortuna, Marlène Longange, il avance des seconds rôles savoureux. Culbutés dans les tourments de Kinshasa, les personnages de Viva Riva! vivent fort, avec l'arrogance du désespoir et l'humour décapant d'un futur incertain. La fureur jubilatoire qui jaillit de leurs exploits allume les écrans d'un électrochoc tonique.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France / Africiné)

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