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Tagnawittude
Croiser les voix de la musique gnawa
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 02/06/2012
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Du côté de chez soi, 2003
Du côté de chez soi, 2003
Je suis chez moi, 2007
Je suis chez moi, 2007
Tagnawittude
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Tagnawittude
Affiche sortie nationale
Affiche sortie nationale

LM Documentaire de Rahma Benhamou El Madani,
France / Algérie / Maroc, 2010
Sortie France : 6 juin 2012

En écoutant de la musique, on peut se perdre en rêveries, ou se trouver des repères, des racines. C'est ce chemin qu'emprunte Rahma Benhamou El Madani avec Tagnawittude, 2010. Un titre qui désigne la fusion pour aborder le sens de la musique des Gnawas. La réalisatrice part d'impressions personnelles, cherchant à comprendre les pratiques musicales qui touchaient sa mère dans son enfance, pour découvrir le sens de la musique gnawa et ses rites ancestraux. Un voyage qui la conduit de France où le groupe Gnawa Diffusion pratique une fusion moderne, jusqu'au Maroc et en Algérie, au cœur des expressions musicales traditionnelles.
Cette démarche qui transgresse les frontières, est en phase avec le parcours de la réalisatrice française. Née à Aïn Kihal, en Algérie, de parents marocains, Rahma Benhamou El Madani gagne le sud-ouest de la France, à six ans, et après ses études, se forme sur le tas en participant à une radio locale. Puis elle se fixe à Lille, en 1993, s'initie à la réalisation et met en place une structure associative qui lui permet d'engager ses premiers films. Lorsqu'elle s'installe à Paris, en 2005, elle complète des études universitaires et signe des documentaires militants comme Je suis chez moi, 2007, sur les sans papiers du quartier de Belleville. L'histoire de ses parents, abordée dans Du côté de chez soi, 2003, est prolongée par Tagnawittude qui interpelle le rapport de sa mère aux sons gnawas.


Je suis chez moi

rahma | Myspace Video



Le film se met en place dès 2005, lorsqu'un opérateur confie à Rahma Benhamou El Madani des images d'archives du groupe Gnawa Diffusion lors de tournées en Afrique et en Orient. Elle rencontre Amazigh Kateb, en résidence à Roubaix, qui fait venir Maâlem Ben Issa d'Alger alors que Maâlem Hmida Boussou de Casablanca, travaille sur place. L'idée de fixer leurs rencontres se mêle à des échos familiaux lorsque la réalisatrice se souvient des transes de sa mère. Celle-ci a vécu en Oranie et vibré aux rythmes gnawas. L'interrogation sur les pratiques musicales se double alors de la reconnaissance d'une identité culturelle plurielle qui guide la démarche de Rahma Benhamou El Madani.
Lorsque le film s'enclenche, le groupe Gnawa Diffusion se sépare et la réalisatrice capte leurs ultimes répétitions et concerts. Après un temps de recul, un autre film, elle reprend le sujet, suit Amazigh Kateb qui entreprend un album solo, approche Aziz Maysour qui ouvre le champ aux influences plus traditionnelles. Des voyages en Algérie, à Sidi Bel Abbes et Alger, parallèlement au Maroc, à Essaouira, Marrakech et Tamelsloth, enrichissent la quête musicale et culturelle. La musique moderne dont on remonte les influences comme pour se rapprocher de la source, sert de fil conducteur au montage. Peu à peu, les entretiens avec les musiciens, les séances de studio en France, laissent la place aux concerts dans le Maghreb, aux chants parfois partagés et commentés par la génération des aînés, aux rites qui sont le terreau des Gnawas.


TAGNAWITTUDE 80mn

rahma | Myspace Video



Tagnawittude s'amorce ainsi comme une quête intime, lancée par la voix de Rahma Benhamou El Madani pour dénouer les fils des influences de la fusion, pratiquée par Gnawa Diffusion. En figurant dans le cadre aux cotés de ses interlocuteurs, la réalisatrice souligne la subjectivité de sa démarche, accomplie à partir de questions simples. Elle aborde presque naïvement son documentaire, tout en livrant de précieux échanges musicaux en France, recueillant avec attention la parole des précurseurs encore actifs au Maroc et en Algérie. La musique, les images de transe, les cérémonies d'exorcisme permettent d'approcher les pratiques des sons gnawas et leurs codes encore peu répertoriés.
L'exploration de ce patrimoine reste pourtant sans conclusion tangible. Tagnawittude semble entrouvrir des portes sans définir tout à fait l'art des Gnawas. Car les artistes n'ont pas toujours les mots pour expliquer, resituer dans un contexte social. Rahma Benhamou El Madani, elle, s'appuie sur les images. Elle signe un film indépendant, coproduit par des fonds privés marocains et algériens, libérant les notes et les cultures. L'inspiration de la musique gnawa, aperçue à l'écran, peut alors se prolonger dans les salles puisque la cinéaste entend accompagner ses projections par des concerts. Transmission dans l'esprit de la musique des Gnawas, vivante et riche de ses évolutions.


Tagnawittude- séquence Bel Abbes

rahma | Myspace Video

Vu par Michel AMARGER (Afrimages / RFI / Médias France)

Sortie Nationale au Cinéma LA CLEF, 34 rue Daubenton, 75005 Paris, France

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