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La Vierge, les Coptes et moi
Croyances et mises en scènes en Égypte
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 26/08/2012
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Namir ABDEL MESSEEH, réalisateur
Namir ABDEL MESSEEH, réalisateur
Une scène de La Vierge, les Coptes et Moi
Une scène de La Vierge, les Coptes et Moi
Une scène de La Vierge, les Coptes et Moi
Une scène de La Vierge, les Coptes et Moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
Affiche anglaise
Affiche anglaise
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
La vierge, les Coptes et moi
Toi Waguih, 2005
Toi Waguih, 2005
Affiche française
Affiche française

LM Doc de Namir Abdel Messeeh, France / Qatar, Egypte, 2011
Sortie France : 29 août 2012

Les images urbaines des soubresauts de la révolution semblent avoir presque effacé les réalités de la campagne égyptienne. Il est alors tentant de regarder derrière les images, de jouer avec d'autres images, d'inventer différemment le cinéma comme pour mieux le reconstruire. Cette aspiration découle du parcours de Namir Abdel Messeeh. Né en 1974, en France, de parents égyptiens, il rêve de cinéma à Paris où il grandit. Il se forme à la Fémis et extériorise la culture héritée de sa famille copte dans des courts-métrages. Il s'essaie à la fiction avec Quelque chose de mal, 2004, où un homme conforté par sa foi, affronte la mort de son grand père avant que ses certitudes soient ébranlées. Un documentaire, Toi Waguih, 2006, valorise les souvenirs de son père, communiste emprisonné dans les camps en 1959, relâché en 1964. Et c'est en mélangeant les genres que Namir Abdel Messeeh trouve le sien pour son premier long-métrage, La vierge, les Coptes et moi, 2011.

Le film démarre comme un documentaire, lancé par son auteur sur les traces des apparitions de la vierge. En regardant une cassette dans l'appartement parisien familial, il s'étonne que sa mère y voit la vierge. Sceptique sur les questions de foi défendues par les Coptes de son entourage, il décide de partir en Égypte pour questionner les modalités des apparitions et en tirer un film. Éconduit par les passants, égaré par ses démarches qui n'aboutissent pas, le réalisateur pense étoffer son sujet en visitant sa famille, contre l'avis de sa mère qui ne veut pas qu'il y filme. Le voyage dans le sud de Égypte est l'occasion de renouer avec une tante qui l'a élevé un temps, et de tourner des scènes sur les rapports de la minorité copte avec la religion catholique. Mais le séjour prolongé, aux frais du producteur, compromet son soutien et il lâche le projet.


LA VIERGE, LES COPTES ET MOI - Bande-annonce VF par CoteCine

Le réalisateur qui apparaît comme le héros du film, obtient le concours de sa mère qui a travaillé dans la gestion au Qatar, pour lever des fonds et diriger la production. Elle le rejoint dans la famille du sud où Namir Abdel Messeeh entreprend de recréer et de filmer une apparition de la vierge avec le concours des paysans. Ses démarches pour obtenir l'accord des autorités catholiques et musulmanes, le casting pour trouver la vierge et les figurants, précédent le tournage de la scène d'apparition puis sa projection avec les habitants, sous le charme, et sa mère, conquise, prête à un nouveau défi.

En retraçant les péripéties de son projet, le cinéaste se pose comme axe de la narration. Faux naïf et vrai humaniste caustique, il fait avancer le récit au fil de ses enthousiasmes, ses rencontres, ses doutes religieux et ses croyances dans le pouvoir du cinéma. En chemin, il nous renseigne sur la teneur des conflits religieux dans les terres de la Haute Egypte, et sur la condition des agriculteurs de la région de Said d'où sa famille est originaire. Là, au milieu des champs verdoyants que les paysans travaillent d'arrache-pied, le cinéaste se fait documentariste, à l'écoute patiente de son entourage. Mais la fiction reprend ses droits avec la mise en abîme du tournage du film dérouté, devenu la re-création effective d'une apparition par et pour le cinéma.



Les éléments techniques du tournage apparaissent à l'écran via la perche du preneur de son, de l'opérateur en action, donnant à voir le film en train de se fabriquer en cours de route. La candeur des candidats au casting, les réflexions mordantes de la mère, exaspérée par les fluctuations du cinéaste, agrémentent efficacement l'accomplissement de La vierge, les Coptes et moi. Le réalisateur y joue les démiurges avec obstination et humour, bousculant les préjugés pour faire jaillir des scènes hautes en couleur. Avec sa lumière vive, ses cadres surs, ses images soignées, il conjugue des séquences très écrites et d'autres prises sur le vif. Ainsi, Namir Abdel Messeeh questionne la foi des Coptes par un spectacle sur la foi dans le pouvoir du cinéma. Un ultime pied de nez avec le producteur, propose de démarquer cette histoire inventive du sujet attendu sur les échos de la révolution égyptienne.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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