Adaptation du roman de Yasmina Khadra (Julliard 2008), ce film relate l'histoire d'un groupe de jeunes de l'Algérie coloniale en proie à des problèmes de jeunes : l'amitié, l'amour, la mort, etc.

Années 1930, Younès, 9 ans, est confié à son oncle, pharmacien marié à une Française qui le baptise Jonas. Il grandit donc à Rio Salado, Oran, dans l'Ouest algérien, va à l'école où il finit par intégrer une bande de jeunes Français.

Une solide amitié lie ces jeunes bientôt rejoints par Emilie dont tous tombent amoureux. Mais son cœur ne bat que pour Jonas.



Dans la bande-annonce, il est question, pour Jonas / Younes, le personnage principal, de faire un choix entre la femme de sa vie, Emilie, et son pays. Or, il n'est nullement déchiré par un tel dilemme, d'autant plus que son oncle, qui l'a élevé, a épousé une Française avec qui il a été heureux jusqu'à la fin de ses jours.
Il s'agit plutôt pour Jonas de garder un terrible secret qu'il n'a jamais osé avouer à personne encore moins à Emilie : une aventure d'un soir qui lui vaut presque un chantage.
L'adaptation est fidèle au livre, bien que certains passages ou personnages soient abrégés tels que l'enfant de Younes. L'influence de l'historien Benjamin Stora est perceptible aussi, compte tenu des clins d'œil historiques à certains événements tels que les activités de l'OAS (Organisation de l'armée secrète) à l'aube de l'indépendance de l'Algérie en 1962.

Le parti pris du cinéaste est de se focaliser sur la passion unissant ses deux personnages pendant plusieurs décennies, l'Algérie coloniale demeurant en toile de fond. Cette fresque sentimentale nous fait penser à ces sagas estivales très longues et surtout très romancées diffusées sur les chaînes françaises au cours des années 1990.

Par ailleurs, cette fresque emplie de larmes et de bons sentiments que partageraient Pieds noirs et Algériens, est noyée dans une musique mélodramatique. Sans doute pour accentuer la teneur mélodramatique de certaines scènes ; elle finit par submerger et lasser le téléspectateur. Rajoutée à cela, la direction d'acteurs trop peu convaincante qui dessert la performance de certains particulièrement de Fu'ad Ait Aattou (Younes/Jonas) et d'Anne Parillaud (Madame Cazenave).
Le film aurait sans doute gagné en originalité si l'identité complexe du personnage principal avait été plus approfondie.
Saluant néanmoins la performance de Nora Arnezeder (Emilie), Mohamed Fellag (Mohamed) et Vincent Perez (Juan Rucillio) ainsi que la beauté des décors naturels.

Seltana Hamadouche