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Viva Riva !, de Djo Munga
L'Afrique proscrite !
critique
rédigé par Télesphore Mba Bizo
publié le 15/12/2012
Télesphore Mba Bizo (Africiné)
Télesphore Mba Bizo (Africiné)
Djo Munga, cinéaste
Djo Munga, cinéaste
Le réalisateur (deuxième à gauche, en chemise rayée) sur le tournage de Viva Riva !
Le réalisateur (deuxième à gauche, en chemise rayée) sur le tournage de Viva Riva !
Patsha Bay Mukuna (Riva) dans Viva Riva !
Patsha Bay Mukuna (Riva) dans Viva Riva !
Viva Riva !
Viva Riva !
Viva Riva !: Nora (Manie Malone)
Viva Riva !: Nora (Manie Malone)
Viva Riva !: César (Hoji Fortuna)
Viva Riva !: César (Hoji Fortuna)
Viva Riva !: Manie Malone (Nora)
Viva Riva !: Manie Malone (Nora)
Viva Riva ! : les Angolais (César et sa bande).
Viva Riva ! : les Angolais (César et sa bande).
La Commandante (Marlène Longage) menacée par César (Hoji Fortuna), dans Viva Riva !
La Commandante (Marlène Longage) menacée par César (Hoji Fortuna), dans Viva Riva !
Viva Riva ! : Riva (Patsha Bay Mukuna) téléphone
Viva Riva ! : Riva (Patsha Bay Mukuna) téléphone
Viva Riva ! : Nora (Manie Malone) se maquille
Viva Riva ! : Nora (Manie Malone) se maquille
Affiche sud-africaine (Indigenous Films Distribution)
Affiche sud-africaine (Indigenous Films Distribution)

Les inconditionnels du Film-Klub de l'Institut Goethe de Yaoundé continuent de s'émouvoir de la diffusion de Viva Riva ! le mercredi 30 novembre 2011 à Yaoundé.

Viva Riva ! La fiction mérite le point d'exclamation souché à son titre comme la queue peu sectionnable d'un diable imaginaire. Il s'agit de plaquer un étonnement face à l'insolence de la monstration du sexe. Les appareils génitaux, féminins comme masculins, sont à l'image de la sorcellerie et de la magie noire. Ce sont des réalités à tenir dans le secret de l'obscurité éternelle.



Djo Tunda wa Munga braque la caméra dans une "nuit d'encre" pour déshabiller l'Afrique interdite; celle de l'indécence volontaire et osée des attributs "testiculés". Le réalisateur casse à la fois les codes et les "couilles". Le cinéma africain avait habitué son audience à une autre manière de faire et de faire voir. En toute pudeur ! Cependant, les séquences dites X sont des accélérations discursives. La fiction est montée sur une pointe de vitesse inhabituelle, du reste, sur le continent.

En réalité, l'évocation des "dessous de ceinture" est une entreprise secondaire. Complémentaire, elle l'est au travail de la description et de la restitution rapportées d'une société congolaise en décrépitude. Cette situation de pourrissement entame davantage le Kinshasa nocturne.
Chaque gang réclame les hommages de maître de la nuit. Tant pis, s'il faut sabrer du champagne en compagnie galante ou alors décharger des plombs chauds de revolvers sur l'ennemi insolent et jaloux des prestiges effondrés. Le plus fort, c'est soi-même. Le reste du monde, ce sont des "couilles molles", selon le mot du héros, Riva.
Il faut le faire savoir même au moyen des bouteilles assénées en projectiles sur des fronts d'adversaires. La peau s'ouvre. Elle laisse couler du sang. Les gros plans en magnifient les caillots. Ils sont la conséquence des coups violents.

La force des poings est le discours du "Far West". Celui du combat en tout temps et en tout lieu contre n'importe qui. Même les parents s'en sortent avec des bosses. Le film donne d'ailleurs à voir un parricide. Parfois, les mobiles des batailles de rue sont négligeables : tout juste obtenir le cœur et les faveurs d'une femme ; puis user et abuser du "fruit défendu".

Presque chacun ignore le volet pile ou face bien caractéristique des décisions finales quand il faut compter fleurette. La fixation sur le "oui" indispensable enrage les esprits en cas de résistance. Les balles crépitent et le danger fuse. Nul n'accepte d'essuyer un "non" frontal et total face à ses avances. L'acte de rejet motive des initiatives meurtrières. Que de boules de sang et de loques humaines à l'issue des empoignades ! Ces explications musclées enflamment les regards.



Le réalisateur écorne l'image du Congo démocratique, pense-t-on. Mais Djo Tunda wa Munga dit ne pas être un commis de tourisme, pour plaire et séduire le visiteur. Il se sent investi d'une mission historique. Celle de narrer la galère des années de guerre consécutives à l'éjection sans manière du Président Mobutu par des compatriotes à la solde des puissances étrangères.
Viva Riva ! traduit une étendue d'admiration à l'endroit du père de l'Authenticité. Le message élogieux provient de la bouche du gang tueur. Une déferlante venue d'Angola. L'anti-héros étranger décrit le Congo comme une poubelle continentale, dans l'ensemble du récit. Sa démarche "épaules carrés", son pas précieux, son costume blanc immaculé, sa foulée calculée et économique et son regard réservé derrière des montures d'éclat trahissent l'inconfort d'un individu de haute hygiène dans une nation porcherie.

Tout le monde ici est cochon, sauf un seul : Mobutu Sese Seko. Lui au moins était - louange exceptionnel de ce film - vraiment garant de l'unité nationale de cet État-continent. Sa chute entraine la nation à une désintégration profitable aux pays voisins. De manière implicite, Mobutu a le statut de champion. Il est le Mohammed Ali dévisagé dans les posters. Le gang angolais loue le boxeur de l'émancipation noire américaine. C'est la fierté du pays en 1974 dans un pugilat épique contre George Foreman. Il fallait un Président Afro-centré pour abriter un combat unique en son genre en terre africaine. C'était 14 ans à peine après la souveraineté africaine soudaine. Depuis lors, plus rien. Sinon le fiasco ! Ses successeurs au sommet de la nation tardent à produire des résultats probants.

Ce long métrage est le trajet d'un pays tombé sur la tête. L'administration est démissionnaire et véreuse. Un groupe de trois étrangers décapite la police d'une capitale africaine sans la moindre riposte. Il opère à sa guise dans un État zombi. Le polar est une saga à l'américaine. Elle rassemble les ingrédients de la recette du cinéma commercial : violence, sexe et suspense.

Télesphore Mba Bizo

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