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Entretien de Sani Soulé Manzo avec M. Ali Damba, Directeur général du CNCN
"Notre cinéma se porte mal et […] il va falloir lui apporter les soins appropriés"
critique
rédigé par Maman Sani Soulé Manzo
publié le 03/01/2013
Ali Damba, DG du CNCN
Ali Damba, DG du CNCN
Sani Soulé Manzo (Africiné)
Sani Soulé Manzo (Africiné)
Ali Demba, Directeur général du CNCN
Ali Demba, Directeur général du CNCN

Monsieur le Directeur général, veuillez nous présenter le centre national de la cinématographie que vous dirigez depuis quelques mois…

Le Centre National de la Cinématographie du Niger (CNCN) est un Établissement Public à caractère Professionnel créé par la loi N° 2008-23 du 23 juin 2008. C'est un service public chargé d'assurer la représentation des intérêts de la profession cinématographique et d'exercer un contrôle général sur les activités cinématographiques et vidéographiques.

Le CNC est notamment chargé de la relance du cinéma nigérien. Mais, en dehors de rares projections faites au Palais des congrès de Niamey, rien ne suit apparemment. Qu'est-ce qui se passe ?

Par rapport à la relance du cinéma nigérien, il faut s'inscrire dans une démarche globale qui consiste à dresser d'abord un état des lieux du cinéma. C'est-à-dire ce qu'il est aujourd'hui, ce qu'il avait été, il y a quelques années. Puis identifier les difficultés, établir un diagnostic poussé, pour savoir la thérapie à appliquer.

Il faut reconnaître que notre cinéma se porte mal et qu'il va falloir lui apporter les soins appropriés. C'est un sujet assez long à développer et je crains fort de ne pas pouvoir vous en parler de manière exhaustive, à cette occasion que vous venez de me donner aujourd'hui.

Ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a matière à réfléchir. Ces réflexions ne concernent pas que le CNCN en tant que structure chargée de la relance du cinéma mais tous les acteurs concernés. Ce que je puis vous dire, c'est que le CNCN a préparé plusieurs projets en espérant qu'avec l'implication de tous, nos objectifs seront atteints. La relance du cinéma, c'est aussi et surtout la production nationale de films et la vulgarisation dans les salles.

Quelle est votre stratégie pour relancer concrètement le cinéma nigérien ?

Pour relancer le Cinéma, il faudra, comme je l'ai dit tantôt, établir un état des lieux réel sans complaisance, de passer ensuite à un diagnostic approfondi et enfin appliquer convenablement la thérapie qu'il faut. Le CNCN entend développer des idées novatrices pour répondre à l'attente des cinéphiles nigériens dans un premier temps, puis de faire connaître au monde extérieur les nombreuses potentialités touristiques de notre pays, son peuple souvent mal connu, ses richesses culturelles et artistiques intarissables, notamment ouvrir le cinéma nigérien à la recherche scientifique et technologique dans le moyen terme.

Le CNCN abordera la relance du cinéma nigérien sous deux angles :

1 - Un cinéma volontariste portant sur des actions de sensibilisation en direction des populations, sur des sujets d'actualité et du passé, en vue d'apporter un changement positif dans leur comportement. Il faut offrir un cinéma plus proche des populations rurales à faible revenu dont les possibilités de voir un film sont très limitées.

2 - Un cinéma économique ou commercial qui cadre avec les réalités économiques du pays et du monde, la production de films de fiction, les documentaires et de films de commandes susceptibles de créer de la richesse, des emplois pérennes et l'industrie cinématographique.

Pour terminer, je dirai que l'un des projets qui me tient à cœur dans l'immédiat, c'est de sauver l'unique salle de cinéma privée de la ville de Niamey, le Studio Jangorzo, qui n'est pas digne d'une capitale.

Ensuite, le CNCN verra du côté des chefs-lieux de région, qui n'ont plus de salles de cinéma, selon une enquête très récente. Le CNCN compte mettre à contribution les maisons de la culture des régions pour les projections des films, tout comme il envisage dans les mois à venir de descendre dans les communes de notre pays. Le CNCN compte mettre en œuvre un projet cinématographique de proximité intitulé : "une commune, une salle", au profit des populations essentiellement rurales. Le CNCN apportera son soutien à ces projets régionaux et communaux.

Environ 300 millions de francs CFA avaient été dégagés par l'État en 2008/2009 pour l'achat de caméras, tables de montage, etc. Que devient ce matériel ? Et, s'il n'est pas dilapidé, comment est-il utilisé au profit des réalisateurs ?

Le matériel existe, il est disponible au CNCN et il est en train d'être utilisé à la demande de la clientèle. À ce propos, un projet de grille de location de ce matériel a été soumis au Conseil d'administration du CNCN le 8 mars 2012 qui le fait étudier par les représentants du secteur du cinéma à l'exception de la salle de réunion et des véhicules. La gestion du matériel fait l'objet d'une attention particulière de la part des responsables du CNCN.

Le Niger sera-t-il au prochain FESPACO et avec quelles chances de succès ?

Ma réponse est oui. Cinq longs métrages sont en finition et vont certainement nous représenter au Fespaco. Quant à nos chances de succès, je dirai simplement que nous serons présents à ce grand rendez-vous du 7ème art avec nos chances à nous.

Propos recueillis par Sani Soulé Manzo
Sahel dimanche

Article précédemment paru dans Sahel dimanche (Niamey) du vendredi 16 mars 2012. www.lesahel.org

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