AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 013 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
FESPACO 2013 : Les cinéastes sénégalais interpellent les autorités
critique
rédigé par Mame Woury Thioubou
publié le 19/01/2013
Fespaco 2013
Fespaco 2013
Mame Woury Thioubou (Africiné)
Mame Woury Thioubou (Africiné)
Alain Gomis, réalisateur
Alain Gomis, réalisateur
Moussa Touré, réalisateur
Moussa Touré, réalisateur
Moussa Sène Absa, réalisateur
Moussa Sène Absa, réalisateur
"Yoole"
"Yoole"
Ousmane William Mbaye, réalisateur
Ousmane William Mbaye, réalisateur
"Cette couleur qui me dérange"
"Cette couleur qui me dérange"
Khardiata Pouye, réalisatrice
Khardiata Pouye, réalisatrice
Moly Kane, réalisateur
Moly Kane, réalisateur

Participation au rendez-vous du 7e art panafricain - Ouagadougou, 28 février - 03 mars 2013

Cette année, le Sénégal aborde la grand-messe du cinéma africain avec plus d'optimisme que de coutume. Avec deux longs métrages pour l'Etalon de Yennenga, deux documentaires et un court métrage (soit 5 films, en compétition), ainsi que trois court métrages en hors compétition, la sélection sénégalaise présente une belle cuvée. Les cinéastes en sont conscients et l'espoir fleurit dans les cœurs.

Présenté par son producteur comme "le meilleur espoir africain", Alain Gomis part en pôle position avec son film Au­jour­d'hui déjà auréolé de gloire dans de nombreux festivals. "On a beaucoup d'espoir. On continue de croire à ce film qui a fait honneur au Sénégal avec 9 Grands prix", souligne le producteur Oumar Sall qui ne manque pas de verbe pour étaler les nombreux atouts de ce film. "Dans l'originalité de ce film, on a tout ce qui est africain et le film aide à voir l'Afrique avec ses talents et sa créativité", ajoute-t-il. Un optimisme qui le pousse vite à afficher de sérieuses prétentions pour le fameux Etalon.





Mais pour les habitués de ce rendez-vous que sont Moussa Sène Absa et Moussa Touré, la sélection est certes une grande satisfaction mais sans plus. "C'est toujours un plaisir quand on est sélectionné au Fespaco mais moi je dois être un habitué des sélections puisque c'est ma quatrième ou cinquième", expli­que le premier tandis que le deu­xième se contente d'un laconique "c'est très bien".

En effet, pour les deux cinéastes, l'essentiel est ailleurs et le gouvernement ne doit pas se tromper d'objectif. Brandir l'Etalon est certes une fierté, mais il demeure que selon eux, l'enjeu se situe autour de l'ouverture des salles de cinéma. "Le problème n'est pas de produire des films ni d'aller à Ouaga, mais de construire des salles de cinéma. Quatre murs et des bancs en ciment suffisent", tempête Moussa Touré dont le dernier long métrage La pirogue brigue la récompense suprême.



"Tant qu'il n'y a pas de salles de cinéma pour montrer nos films, tout effort est voué à l'échec. L'action du gouvernement devrait commencer par la mise en place de salles de cinéma. D'abord ouvrons les salles de cinéma, sortons nos films, distribuons-les localement et gagnons de l'argent sur cette distribution pour financer le cinéma. C'est la première chose à faire. On a fait assez de films que personne ne voit", souligne pour sa part Mous­sa Sène. Moussa Touré de renchérir que les autorités devraient savoir qu'en fait, le cinéma, c'est une industrie tout en précisant : "Senghor le savait, Diouf un peu."

Ouvrir des salles, un préalable

Hormis ces considérations, chacun y va de sa suggestion pour une bonne participation du Sénégal à cet événement. C'est ainsi que Oumar Sall préconise la mise en place d'un stand national. "Le mieux ce serait qu'ils créent un stand pour le Sénégal, qu'ils puissent organiser des échanges et des discussions pour l'avenir et parler du cinéma qui est aujourd'hui au point mort. Je pense que le Fespaco peut être une autre occasion de reposer certains problèmes."
La même suggestion est aussi faite par Moussa Sène qui ajoute que la direction de la Cinématographie devrait faire des efforts pour soutenir la communication des cinéastes. "C'est important d'y arriver avec de belles affiches, un plan de communication global et des copies de films de qualité, ainsi qu'un travail de lobby sur place qu'il faudrait faire pour justement mettre le cinéma sénégalais à sa hauteur."

En tout état de cause, les jeunes cinéastes qui signeront leur première participation songent déjà aux nombreuses opportunités offertes par la Biennale du cinéma africain. Mais toujours comme le rappelle Moussa Touré, dans l'unité. "Dans ce genre de festival, il faut que les gens y aillent unis, que tout le monde se range derrière le drapeau national et le défende. Comme quand on va à la Coupe d'Afrique des Nations (Can)."

Mame Woury Thioub
mamewoury(@)lequotidien.sn

Article paru dans LE QUOTIDIEN (Dakar), du mercredi 16 janvier 2013, sur www.lequotidien.sn.

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés