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Décès du cinéaste algérien Abderrahmane Bouguermouh
La revendication du cinéma kabyle
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 04/02/2013
Abderrahmane Bouguermouh, réalisateur (1936-2013)
Abderrahmane Bouguermouh, réalisateur (1936-2013)
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Colline oubliée (La)
Colline oubliée (La)
Malek Haddad, écrivain.
Malek Haddad, écrivain.
La Colline oubliée (roman)
La Colline oubliée (roman)
Mouloud Mammeri, écrivain
Mouloud Mammeri, écrivain

Un réalisateur marquant du cinéma de l'Algérie nous quitte. Abderrahmane Bouguermouh est décédé le 03 février 2013, à l'hôpital d'Alger. Ce cinéaste, né en 1936, est un des premiers à avoir fait entendre la voix du cinéma kabyle, alors que la langue tamazight est encore interdite en Algérie. Il se lie d'amitié avec l'écrivain Mouloud Mammeri dès 1957, et tourne des portraits des grands intellectuels berbères de 1965 à 1968.

Après une formation à l'IDHEC de Paris, il travaille pour la télévision française. A son retour en Algérie, en 1963, il réalise des courts métrages dont Comme une âme, tourné en berbère, qui lui vaut des ennuis avec le gouvernement. Il signe aussi La grive, 1967, sur un texte engagé de Malek Haddad, qui est très remarqué. Il est assistant pour Mohamed Lakhdar-Hamina sur Chronique des années de braise, 1975, avant d'entreprendre des longs métrages exigeants. Il signe Les oiseaux de l'été, 1978, et Noir et blanc, 1980, pour la télévision, puis Cri de pierre, 1986, pour le grand écran.
Ces films sont portés par un auteur au regard aigu et dérangeant. Dès 1968, il entreprend d'adapter le roman de Mouloud Mammeri, La colline oubliée, qu'il entend tourner en langue kabyle. Mais l'expression de ce peuple est réprimée en Algérie. Il doit attendre 1989, au terme d'un long combat, l'autorisation de diriger l'un des premiers films en tamazight, lorsque cette langue n'est plus interdite par l'Etat.

Il achève La colline oubliée en 1996, en surmontant les embûches. L'œuvre emblématique évoque le peuple de Kabylie, ses montagnes, ses mœurs, ses exils, en imposant l'image d'une communauté fière. Le cinéaste devient l'un des repères majeurs de ceux qui rêvent de faire des films en défendant la culture berbère au sein de la société algérienne.
Mais ses luttes pour un cinéma émancipé ont fatigué Abderrahmane Boughermouh. Il accompagne les projections très animées de son film, se met en retrait de la réalisation tout en s'exprimant avec véhémence contre l'inertie des pouvoirs en matière de culture. Sa parole est amère, son message justement revendicatif. Un combat toujours d'actualité après sa disparition, auquel il convient de rendre hommage.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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