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Calypso Rose de Pascale Obolo, Même pas mal de Nadia El Fani
Deux écritures, le même combat
critique
rédigé par Aboubakar Yéo M'bah
publié le 08/03/2013
Pascale Obolo, réalisatrice, au Fespaco 2013
Pascale Obolo, réalisatrice, au Fespaco 2013
Calypso Rose, chanteuse
Calypso Rose, chanteuse
Nadia El Fani, réalisatrice
Nadia El Fani, réalisatrice
Même pas mal
Même pas mal
Même pas mal
Même pas mal
Même pas mal
Même pas mal


Ce n'est peut-être pas un hasard si les organisateurs de la 23e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) ont décidé de donner le pouvoir - tout le pouvoir - aux femmes. Tous les jurys [excepté celui de la Critique, ndlr], cette année, sont emmenés par des femmes. Femmes de courage, femmes de référence, ces têtes fortes du 7e art peuvent compter sur des congénères aussi résolues que constantes. Il en est ainsi de Calypso Rose et de Nadia El Fani. Si elles ne boxent pas dans la même catégorie - l'une est chanteuse, l'autre réalisatrice de cinéma - ces deux femmes se font remarquer par une constance dans leur combat et une énergie morale avec laquelle elles ne transigent pas.

Les films Calypso Rose, the lioness of the jungle (Calypso Rose, la lionne de la jungle) qui raconte, sous l'œil de Pascale Obolo, la vie de la chanteuse Calypso Rose et Même pas mal qui retrace le parcours et le combat de la Tunisienne Nadia El Fani (coréalisatrice du documentaire avec la Cubaine Alina Isabel Pérez), s'inscrivent dans cette dynamique de mise en évidence du combat de ces femmes.






La première, Calypso Rose, née Mc Artha Lewis, est une ambassadrice de la musique caribéenne et une forte légende du calypso. Réalisé par Pascale Obolo, le film est avant tout un portrait intimiste sur cette grande diva du Calypso. C'est aussi un voyage qui promène de l'île de Tobago à New York, Paris en passant par Ouidah et Cotonou. Si chacune de ces destinations nous fait découvrir un épisode particulier de la vie de la chanteuse, la diva se découvre devant la caméra et aborde, avec franchise et loyauté, les moments les plus importants de sa vie : son enfance, ses sources d'inspiration, son parcours, son engagement pour l'Homme et pour la reconnaissance des droits de la Femme, mais aussi le viol dont elle a été victime à l'âge de 18 ans.

La vie de Calypso Rose rejoint celle de Nadia El Fani, non pas dans la forme, mais dans le fond. Il ne s'agit pas, dans ce propos, de balayer du revers de la main le langage filmique et la forme de ces productions. Il ne s'agit pas non plus de dire si Pascale Obolo et Nadia El Fani utilisent les ficelles du documentaire pour narrer leurs histoires. Ce qui est saisissant, ici, c'est la convergence entre ces deux productions.






Comme Calypso, Nadia El Fani est confrontée à une difficulté : celle des islamistes qui, opposés à un regard différent sur la Tunisie et sur l'Islam, font des mains et des pieds pour empêcher le public de voir son film [Laïcité Inch'Allah, 2011, ndlr]. Nadia, malade - elle est atteinte d'un cancer et doit suivre une chimiothérapie - ne veut pas se voir dicter sa conduite. Si le film se focalise sur les événements politiques, il montre également, en toile de fond, le combat que mène Nadia El Fani, avec courage et sans fléchir, contre la maladie. Une lutte acharnée contre les islamistes qui lui vaudra une fatwa. Malgré sa maladie, Nadia El Fani a choisi de vivre, de lutter contre cet islamisme qui tourmente de plus en plus sa Tunisie natale.

Si les deux films semblent différents, par rapport aux thématiques qu'ils explorent (l'un parle de danse, l'autre de politique), leur point commun réside dans le fait qu'ils mettent en scène deux femmes, au caractère trempé, luttant pour des causes qu'elles jugent justes. Ces films sont construits autour de personnages centraux qui dictent leur volonté et impulsent au récit la ligne à suivre. Calypso Rose d'un côté, Nadia El Fani de l'autre, ces deux femmes, convaincues de mener le bon combat, dépensent de l'énergie pour voir éclater la vérité, leur vérité. Elles sont néanmoins soumises à des obstacles, qu'elles arrivent, malgré tout, à surmonter.

Aboubakar Yeo M'BAH

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°18 (Ouaga), p. 6, Mardi 26 février 2013.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), l'association Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

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