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La Main gauche, de Fadil Chouika, Maroc
Préjugés et stigmatisation sociale
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 08/03/2013
Dorothée Broohm (Africiné)
Dorothée Broohm (Africiné)
Martial Nguéa (Africiné)
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La Main gauche
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La Main gauche
La Main gauche
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La Main gauche
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Depuis le Sud
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Tunisie
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Fespaco
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Le court-métrage La Main gauche du réalisateur marocain Fadil Chouika évoque le refus de la différence et l'enfer que la société ou la famille fait vivre à un être différent, ici l'enfant gaucher. Fils du réalisateur marocain Driss Chouika et directeur photo sur plusieurs films marocains, Fadil Chouika porte la réflexion sur la stigmatisation d'un individu. Cela donne La Main gauche, un court-métrage sur le stigmate d'un membre du corps humain devenu source d'un malaise familial.

Sortie en 2011, cette fiction de 22 mn nous plonge dans la vie d'Abdelali, traumatisé par un père qui n'hésite pas à lui faire subir les pires sévices afin de le dissuader d'utiliser sa main gauche. Le conflit entre le père qui veut contrecarrer la nature et un fils qui suit son inclination dure toute une vie. En effet, le film suit Abdelali enfant, adolescent et même père de famille. C'est dans cet univers que se construit le film.

Fadil Chouika est un directeur photo avisé et le soin mis dans la poétique de l'image et du son le démontre. D'emblée, le film s'ouvre sur un gros plan avec, au centre, un visage barbu à la posture agressive et imposante. Puis un bébé qui crie, et cela devient une espèce de chorus qui s'enchaîne le long du film même à l'âge adulte. Ce son est omniprésent et ses modulations accompagnent les déchaînements de violence du père et les annoncent parfois. Au-delà de la maîtrise technique, ce film est la peinture d'une société marocaine très phallocratique qui laisse peu de liberté à la femme.

Le père est omnipotent, sa femme et de sa fille sont toujours muettes. Seuls des plans serrés sur leur visage nous montrent leur réprobation silencieuse. Le choix de film, l'enfant et l'adolescence du personnage en noir et blanc pour l'essentiel traduisent la violence qui assombrit la vie du jeune gaucher.

Fadil Chouika nous présente une société marocaine qui a maille à partir avec ses préjugés. À travers le conflit entre père et fils au sujet de la main gauche, on peut entrevoir cette peur de la différence et l'intolérance de la société. C'est une peinture très sombre de la société. Heureusement que le réalisateur nous propose une issue heureuse.

Le fils de Abdelali, qui est gaucher lui aussi, contraint son grand-père à accepter sa différence. Et le repas familial pris ensemble qui clôt le film ne présage-t-il pas de lendemains sans traumatisme pour le fils d'Abdelali ? C'est en clair sur une note d'espoir que s'achève le film.

Martial E. Nguea
Dorothée Broohm

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°18 (Ouaga), Mardi 26 février 2013, p. 7.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), l'association Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

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