C'est par un flash-back que le réalisateur malgache David Randriamanana commence La Photographie. Du coup le décor est planté dans un cimetière, où l'on retrouve une famille qui vient d'enterrer un de ses membres. Parmi eux, Guy qui se souvient là, qu'il avait donné rendez-vous à sa grand-mère qu'on vient d'inhumer. Le jour de son décès, c'était le jour du rendez-vous. Le réalisateur joue sur ce rappel au cimetière pour amener le spectateur au cœur de l'intrigue. Le film nous introduit dans la chambre du personnage principal, la grand-mère de Guy, où se déroule toute la scène à huis clos. La vieille dame vit seule, entourée de beaucoup de photos souvenirs dont celle de de son petit-fils. Ayant reçu une lettre de celui-ci l'informant qu'il viendrait la sortir et lui faire une photo, le mardi à 14 heures, elle s'y prépare minutieusement : une belle coiffure, elle choisit la tenue des grands jours, de couleur brune assortie de chaussures blanches puis elle attend, excitée, regardant incessamment l'horloge qui devient en quelque sorte une obsession. Le tic-tac de l'horloge et les nombreux inserts des aiguilles courant sur le cadran instille une sorte de tension oppressante. Là, David Randriamanana joue sur le temps, et l'heure a une importance capitale, comme si c'était le dernier rendez-vous entre la grand-mère et son petit-fils. Au fur et à mesure que le temps s'écoule, la grand-mère devient active pour apaiser son impatience : elle s'habille, joue de la musique, danse, c'est un moment de joie. Plus le temps passe plus l'attente devient forte. Du hors-champ, lui parvient l'aboiement d'un chien annonçant peut-être l'arrivée de son petit-fils ; elle, court vers la fenêtre puis sort de la maison et revient, s'assoit dans sa chaise et…Enfin, le réalisateur ramène les spectateurs au premier plan du début du film. Le jeu de la comédienne principale tout en nuance apporte beaucoup de force à ce film. Le réalisateur malgache dont les œuvres ont été plusieurs fois primées, n'aborde-t-il pas, en prenant prétexte d'un rendez-vous manqué, le thème de la solitude, de la prise en charge des personnes âgées et de la nostalgie dans une société qui a tendance à les marginaliser jusqu'à les oublier.
Dorothée Broohm
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