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Accusé de réception, de Djibril Saliou Ndiaye
Le facteur divin
critique
rédigé par
publié le 10/03/2013

Pauvreté, humour, croyance sont au cœur du court métrage du réalisateur sénégalais Djibril Saliou Ndiaye. Pour joindre les deux bouts, Hamdy Faye, le héros du film, décide d'écrire une lettre à Dieu. Le créateur entend son appel et lui apporte 415 000 F CFA. Les vœux de Hamdy Faye ont été ainsi exhaussés. La foi religieuse est beaucoup ancrée dans la société sénégalaise, comme le relève le film de Djibril S. Ndiaye qui s'en amuse.

Tout ce qui arrive à l'homme est de la volonté d'Allah, estime Hamdy Faye qui se retrouve au chômage, "après une petite erreur" confesse-t-il dans sa lettre au bon Dieu. Néanmoins, il doit subvenir aux besoins fondamentaux de sa famille. Pour lui, la souffrance, la pauvreté et les dures réalités viennent de Dieu qui met ainsi à l'épreuve sa créature. Quand les agents de la poste interviennent de manière subtile, il l'interprète comme la miséricorde de divine.

Le réalisateur choisit le registre de la comédie pour cerner le personnage principal. Écrire une lettre à Dieu pour recevoir de l'argent est une démarche originale du réalisateur pour peindre davantage le drame humain. Les dialogues sont croustillants. "As-tu l'adresse de Dieu ?" demande Ndéye à son époux Hamdy. Le cinéaste alterne la langue wolove et le français, ce qui autorise un jeu d'acteur plus fluide et permet de toucher un public plus large.

Dans une scène, le pickpocket porte des dreadlocks. La coiffure du jeune malfrat illustre la stigmatisation de ceux qui portent les dreadlocks. Ils sont appelés "rastas" et pris pour des drogués et des brigands, dans toutes les capitales africaines. On peut se demander si le réalisateur dénonce ou renforce le préjugé.
La caméra filme souvent en plongée le quartier d'Hamdy, ce qui souligne combien ces habitants sont écrasés par la précarité, dans cette banlieue dakaroise. Les déchets envahissant les rues dénotent la déliquescence de la puissance publique dont l'absence est palliée par le divin.

Osons une proposition concrète : que tous les pauvres écrivent à Dieu. L'accusé de réception sera sans aucun doute une surprise agréable.

Marco Ibrahima Sory Bah,
Abraham N. Bayili

p. 5

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