AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 027 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Les enfants de Troumaron, de Harrikrisna et Sharvan Andenden
La cité des anges déchus
critique
rédigé par Narjès Torchani
publié le 10/03/2013
Narjes Torchani (Africiné)
Narjes Torchani (Africiné)
Harrikrisna Anenden, coréalisateur
Harrikrisna Anenden, coréalisateur
Kitty Phillips (Eve)
Kitty Phillips (Eve)
Les enfants de Troumaron
Les enfants de Troumaron
Les enfants de Troumaron
Les enfants de Troumaron
Eve (Kitty Phillips) et Savita (Vinaya Sungkur)
Eve (Kitty Phillips) et Savita (Vinaya Sungkur)
Eve (Kitty Phillips)
Eve (Kitty Phillips)
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Depuis le Sud
Depuis le Sud
Tunisie
Tunisie
Fespaco
Fespaco

Dans une cité à la périphérie, on perd de vue l'essentiel, l'origine. Avec leur caméra en mode microscope, Harrikrisna et Sharvan Andenden squattent l'activité des cellules souches, cachées sous une peau de cellules mortes ou endormies. Les réalisateurs (père et fils) mettent à nu l'esprit malsain d'une société qui va vers la perdition, une vision valable à Port-Louis comme dans le reste du monde.



Même si le scénario d'Ananda Devi, tiré par l'auteure elle-même de son roman "Eve de ses décombres", met en relief quatre personnages : Sad, Savita, Clélio et Eve, c'est cette dernière qui porte le film sur ses épaules. Les autres ne font que la suivre ou croiser son chemin, dans une descente aux enfers aussi inévitable qu'assumée.
La sensibilité et la poésie sont le fil conducteur de l'adaptation des mots à l'écran. L'usage fréquent de très gros plans, quand Eve est dans le cadre permet de faire parler son corps avant son esprit.

Ce corps est dès le départ la décharge et le défouloir des âmes égarées. Sa beauté est une aubaine pour certains, une agression pour d'autres. A travers les mots, très présents dans le film, en voix off ou sur les murs, Eve ressort tout cela, tout en en portant la croix.

Depuis l'enfance d'Eve, on ne lui fait que des cadeaux empoisonnés. Sa tentative de salvation est un champ de mines. Ne sachant où mettre son pied, elle se lance dans une chorégraphie d'autodestruction. Avant d'arriver au point de non-retour, Ève est tout au long du film un corps en décomposition, filmée à travers des plans très courts et un montage saccadé.

C'est l'image de toute une société en déclin que le scénario et la réalisation se proposent de disséquer, sous le regard désespéré de Sadiq, dit "Sad" ("triste", en anglais), poète mélancolique et témoin amer de ce déclin, qui ne peut rien ou pas grand-chose pour la sauver. Aussi sombre que l'image est ce portrait distillé d'une cité exposée dans ses infimes détails, ceux qui font la différence.
Le cinéma n'est-il pas l'art de rendre l'invisible visible ? Les deux réalisateurs sont véritablement en train d'écrire avec leur caméra intimiste le testament d'Eve à l'humanité.

Narjes TORCHANI

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°20 (Ouaga), Vendredi 1er mars 2013, p. 6.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, Ministère de la Culture de Tunisie, Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), Africa N°1, Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés