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La couleur du sacrifice, de Mourad Boucif
La souffrance des anciens combattants mis en lumière
critique
rédigé par Amadou Maguette Ndaw
publié le 26/06/2013
Mourad Boucif, réalisateur
Mourad Boucif, réalisateur
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
La couleur du sacrifice
Mourad Boucif, réalisateur
Mourad Boucif, réalisateur
Image et Vie affiche 2013
Image et Vie affiche 2013

Le documentaire du réalisateur belge Mourad Boucif a été projeté à Dakar, dans le cadre du Festival image et vie 2013. Une production qui rappelle l'attitude indigne de la France à l'égard des anciens combattants d'Afrique, surtout ceux du Nord venus la libérer.



Les anciens combattants d'Afrique du Nord ont le sentiment d'avoir été les agneaux du sacrifice, d'avoir été floués, d'avoir perdu leur jeunesse dans des guerres qui, finalement, n'étaient pas les leurs. À l'heure de la vieillesse, ils pleurent de tout leur corps. Les images du documentaire "La couleur du sacrifice" de Mourad Boucif sont saisissantes et mettent la lumière sur toutes ces souffrances qu'ils ont endurées en venant servir l'Empire français durant les deux grandes guerres et celles coloniales (Indochine et Algérie).
Les révélations sont atroces. Elles dépeignent la cruauté avec laquelle les anciens combattants étaient mis au devant du théâtre des opérations. Le plus révoltant est de voir, comme le rappelle du reste un des témoins, le comportement dédaigneux des autorités de l'Hexagone envers ces "libérateurs noirs". Le réalisateur évoque le "Camp de Thiaroye", film de Sembéne Ousmane traducteur de la barbarie du colonisateur qui a massacré les tirailleurs, à leur retour du front, pour ne pas devoir leur payer correctement leurs indemnités.

La question des pensions, ainsi que la reconnaissance de ce sacrifice, sont mises en exergue dans cette production. En regardant ce film, l'impression qui se dégage, outre le fait de montrer la manière misérable par laquelle les anciens combattants ont été traités, est que Mourad Boucif insiste sur l'enfermement dans lequel se trouve aujourd'hui ces "indigènes libérateurs" devenus résidents et non plus anciens combattants ce qui pour l'administration française règle la question de la "décristallisation" des pensions de guerre entre tirailleurs sénégalais et leurs frères d'armes français.
Dans une société européenne "Black Blanc Beur", comme le rappelle un historien dans le film, les descendants de ces anciens combattants, ces derniers conscients du travail des anciens combattants, voient l'Europe comme une terre qui n'a pas su saluer le travail des tirailleurs sénégalais, et autres combattants venus de l'Afrique du nord. Cette notion de "Black Blanc Beur", a été également utilisée lors du Mondial français en 1998, pour saluer l'intégration réussie en France. Mais, quelques années plus tard, commence à naître des clichés ici et là, qui poussent les jeunes originaires de l'Afrique nord et noire à se rebeller. C'est la question "de la racaille des banlieues " comme disait un ancien président français [Nicolas Sarkozy, ndlr] parlant de ces jeunes.

Le film ouvre le livre de douloureux souvenirs du front. Les historiens qui témoignent font l'apologie de l'intervention de "indigènes", tant en Indochine que lors des deux guerres mondiales. Tout en peignant le manque de reconnaissance, l'auteur nous plonge dans les méandres des procès initiés et parfois gagnées par les anciens combattants, avec des compensions financières à la clé. Mais à chaque fois, la France interjette appel avec un seul but : faire trainer les choses le plus longtemps possible jusqu'à disparition totale des combattants d'Afrique. Cependant, le peuple français de cette génération se souvient du courage et de la détresse de ces soldats venus les libérer. Mourad Boucif avait en 2003 réalisé le long métrage "Au-delà de Gibraltar".

Amadou Maguette NDAW

Article paru dans le Bulletin spécial Festival de cinéma image et vie 2013, issu de l'atelier de formation à la critique, initié par l'Association Sénégalaise de la Critique Cinématographique (ASCC), Dakar.

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