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Mandela: Long walk to freedom
Comment faire rentrer un grand homme dans un film ?
critique
rédigé par Djia Mambu
publié le 11/09/2013
Djia Mambu (Africiné)
Djia Mambu (Africiné)
Mandela: Long walk to freedom
Mandela: Long walk to freedom
Anant Singh, producteur
Anant Singh, producteur
Justin Chadwick, Réalisateur
Justin Chadwick, Réalisateur
Naomie Harris, actrice ("Winnie Mandela")
Naomie Harris, actrice ("Winnie Mandela")
Idriss Elba, acteur ("Nelson Mandela")
Idriss Elba, acteur ("Nelson Mandela")
Mandela: Long walk to freedom
Mandela: Long walk to freedom

Serait-on enfin parvenu à consacrer une œuvre biographique digne d'une des icônes les plus connues et respectée de la planète ? En Première mondiale au festival international de Toronto, le film Mandela: Long Walk to Freedom réalisé par Justin Chadwick a récolté les grâces du public. Le film se veut à la fois devoir de mémoire et un hommage au leader. Y-est-il parvenu ?

Parmi tous les films qui ont été consacrés au héros de la lutte contre l'apartheid, aucun n'a encore proposé une version aussi complète jusqu'à présent. Et c'est peut-être ce qu'on peut reprocher au réalisateur anglais Justin Chadwick à qui l'on doit aussi Deux soeurs pour un roi (The Other Boleyn Girl, 2008) et Le Plus vieil écolier du monde (The First Grader, 2010). Comment rassembler la vie d'un des plus grands leaders africains en 2 heures et demie ?

Mandela: Long Walk to Freedom - Pathé Films from Africiné www.africine.org on Vimeo.



Le film biographique et historique est basé le roman éponyme Mandela: Long walk to freedom de Nelson Mandela, paru en 1995 (sous le titre Un long chemin vers la liberté, Édition : Le Livre de Poche, 1996) quelques années après sa sortie de prison. De son enfance au village à son élection, comme premier président noir de la République d'Afrique du Sud, le film retrace son combat contre l'apartheid auprès de ses camarades de l'ANC (African Nation Congress), sa rencontre avec Winnie Mandela (interprétée par Naomie Harris), son passage à la prison de Robben Island qui durera dix-huit années, etc.



Le défi était donc de taille pour ce grand projet né il y a de cela 25 ans, lorsque le producteur Anant Singh le propose à Nelson Mandela lui-même. Coproduit par l'Afrique du Sud et la France, le film tente de lui rendre hommage, tout en servant de devoir de mémoire. En voulant relever tous les faits marquants de la vie de Madiba [petit nom de Mandela, ndlr], le réalisateur a tourné plusieurs scènes flash illustrant chaque épisode. Les faits historiques y figurent alors telle une énumération et ne sont pas traitées assez suffisamment pour permettre au spectateur de pénétrer la conscience qui illuminait Nelson Mandela. Le réalisateur choisira parfois d'inclure des images authentiques qui provoqueront, heureusement, plus d'émotion que celles tournées en fiction.

Tant attendu pour sa prestation, Idris Elba a rempli sa mission. Pas facile d'interpréter le rôle de celui qu'on évoquera comme étant une des plus grands personnages de l'histoire de l'humanité. L'acteur anglais, originaire du Ghana, s'est progressivement imprégner de son personnage. Il joue Mandela jeune de façon conforme, mais c'est dans son interprétation du Mandela vieux qu'il convainc vraiment, malgré le maquillage médiocre. Il a manifestement eu l'avantage d'observer le leader sud-africain durant son vieil âge que durant sa jeunesse. Idris Elba nous apprendra davantage sur la côté humain et sensible de Madiba. Il finit par entrer dans sa peau, entrainant le spectateur avec lui.

Si le réalisateur n'a pas montré suffisamment d'exigence envers son personnage principal (aurait-il trop compté sur la popularité de l'acteur anglo-ghanéen ?), il a assurément dirigé Naomie Harris qui réussit une prestation remarquable dans le rôle de Winnie Mandela. Elle donne tout : l'accent, la démarche, le regard. Elle sait qu'elle ne joue pas seulement la femme de Nelson Mandela, mais elle joue aussi celle que le peuple sud-africain appellera bientôt Mama Winnie.
Autant on apprécie la musique du film, autant on s'étonnera d'entendre de la musique rap américaine, notamment "Fight the Power" du groupe Public Enemy, sur des images de manifestations contre le régime en place. Certes, c'est le même message mais pas du tout la même histoire et puis, ce ne sont pas les musiques sud-africaines qui manquent.
Malgré ses impairs, par son audace et son universalité, Mandela: Long walk to freedom est un film qui a déjà sa place parmi ceux qui ont porté ces grands héros de la libération des peuples à l'écran.

Par Djia Mambu,
Envoyée spéciale à Toronto

Avec le soutien du Festival International du Film de Toronto (TIFF 2013)

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