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Of Good Report, de Jahmil XT Qubeka, Afrique du Sud
En Première mondiale, au Festival international de Film de Toronto (TIFF)
critique
rédigé par Djia Mambu
publié le 13/09/2013
Djia Mambu (Africiné)
Djia Mambu (Africiné)
Le Réalisateur Jahmil XT Qubeka (c) Djia Mambu
Le Réalisateur Jahmil XT Qubeka (c) Djia Mambu
Mothusi Magano (rôle de Parker Sithole), Of Good Report
Mothusi Magano (rôle de Parker Sithole), Of Good Report
Petronella Tshuma (rôle de Nolitha Ngubane)
Petronella Tshuma (rôle de Nolitha Ngubane)
Of Good Report
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Of Good Report
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Of Good Report
Of Good Report
Of Good Report
Of Good Report
Jahmil XT Qubeka, réalisateur
Jahmil XT Qubeka, réalisateur

Un thriller intense en noir et blanc, bien ficelé, digne d'un film noir des années 1950-60, où le suspense saisit le spectateur tout au long du film. Of Good Report du réalisateur sud-africain Jahmil XT Qubeka entraine son spectateur dans un thriller psychologique à couper le souffle.

Enseignant de bonne réputation, Parker Sithole vit dans une petite ville, aux cotés de sa logeuse et le petit-fils de celle-ci. Lors d'une soirée dans un bar, il tombe amoureux d'une jeune fille qui s'avère être une élève de sa classe. Enamouré, il ne reculera pourtant pas devant le tabou de cette relation. Il en deviendra obsédé.
Personnage introverti, Parker Sitholene ne parle pratiquement pas durant le film. Il s'exprime sous formes cris, de rires, de grognements ou de pleurs, mais très peu par la parole. Ce sont ses interlocuteurs qui parlent, et parfois répondent à sa place.

OF GOOD REPORT by Jahmil XT Qubeka - Official Trailer - South Africa, 2013 from Africiné www.africine.org on Vimeo.



Avec un style qui rappelle celui d'Alfred Hitchcock, le réalisateur anticipe chaque réaction du spectateur et appréhende ses attentes. Il est maitre de ce suspense qu'il veut tenir jusqu'au bout. Il établit très vite un lien de confiance avec l'audience ; comme si il devait respecter le temps que le spectateur lui accorde à rester 2 heures assis à regarder son film. Il lui donne ce divertissement. De son côté, le spectateur qui jouit du spectacle et va inconsciemment consentir à cette liaison interdite entre l'enseignant et l'élève. "Je m'inspire de la méthode d'Alfred Hitchcock que j'ai étudié et que j'admire. Assis en train de regarder le film, je me demande qu'est-ce que le spectateur ressent en regardant cette scène ? À quoi pense-t-il ? Qu'est-il en train de faire ?".

Le réalisateur n'a en effet pas trahi le procédé d'Hitchcock. Scène après scène, il semble exactement savoir ce qui se passe dans la tête du spectateur : peur, crainte, soulagement, satisfaction.
Une des scènes qui va l'illustrer à merveille est celle où le professeur s'isole avec l'étudiante. La situation provoque une panique telle que le spectateur craint qu'il se fasse prendre. Cette tension devient compassion. Inconsciemment, il veut que le "méchant" s'en sorte bien, malgré qu'il sache que ce qu'il fait est mal. Mais personne ne veut se faire prendre dans une telle situation. C'est un véritable soulagement que ressent l'audience quand le collègue le sort du pétrin. Le côté voyeur l'emporte ici car le spectateur est curieux de voir jusqu'où va aller "le méchant", au détriment de ce qui peut arriver à la victime. Un collègue qui va tenter de raisonner le professeur car lui aussi a déjà vécu ça et donc le comprend. Il s'inquiètera pour son collègue ainsi, pas pour la jeune fille. Et quand il se sent en concurrence avec un autre garçon, c'est presque de la peine qu'on éprouve pour le professeur. Cette peine qui fait qu'on condamne la jeune fille en silence.
Même effet quand la détective soupçonne le meurtrier, le spectateur ne veut pas qu'elle attrape déjà, il veut voir de l'action. Il en devient complice.

Le personnage principal, interprété par Mothusi Magano (vu dans Tsotsie) tient un caractère assez misogyne, d'abord avec cette amoureuse, mais aussi avec cette haine qu'il éprouve envers la propriétaire, cette vieille dame invalide qu'il doit soigner. Ici encore, une certaine indulgence nous échappe. On le comprend, qui veut d'une vie pareille.
"Je voulais une histoire qui montre comment on peut détester une femme, même inconsciemment, mais à partir d'une perspective, celle d'un homme", explique Jahmil XT Qubeka. "Je m'intéresse à la psychologie, je traite de crimes dans le film mais ce sont des métaphores. Les scènes sur le crime, la hache, mettre la victime dans le sac, la jeter dans l'eau etc. C'est justement ces meurtres qu'on commet tous les jours, dans notre tête. Pas besoin de tuer quelqu'un, ce sont ces valeurs, bonnes, mauvaises qu'on accepte et que la conscience rattrape toujours", conclut l'auteur.

Djia Mambu
Toronto, septembre 2013

Avec le soutien du Festival International du Film de Toronto (TIFF 2013).

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