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Rock the casbah
Partitions familiales au Maroc
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 24/09/2013
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
La réalisatrice, Laïla Marrakchi
La réalisatrice, Laïla Marrakchi
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
Rock the casbah
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Hiam Abbass
Hiam Abbass
Omar Sharif
Omar Sharif
À la recherche du mari de ma femme (Al-bahth an zaouj imaraatî)
À la recherche du mari de ma femme (Al-bahth an zaouj imaraatî)
Number One
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Elle est diabétique et hypertendue et elle refuse de crever
Elle est diabétique et hypertendue et elle refuse de crever
Elle est diabétique et hypertendue et elle refuse toujours de crever, 2005
Elle est diabétique et hypertendue et elle refuse toujours de crever, 2005
Elle est diabétique 3 (Fiha el mel7a ou soukkar 3), 2012
Elle est diabétique 3 (Fiha el mel7a ou soukkar 3), 2012
Marock, 2005
Marock, 2005
La réalisatrice, Laïla Marrakchi
La réalisatrice, Laïla Marrakchi

LM Fiction de Laïla Marrakchi, Maroc / France, 2013
Sortie France : 11 septembre 2013
Distribution : Pathé !

Les cinéastes marocains balaient avec entrain les contrastes de la vie familiale dans le pays. De Mohamed Abderrahaman Tazi (A la recherche du mari de ma femme, 1993) à Zakia Tahiri (Number One, 2007), en passant par Hakim Noury (Elle est diabétique et hypertendue et elle refuse de crever, 1999, et ses suites), les ajustements conjugaux alimentent une veine de cinéma populaire. Dans cette lignée, Laïla Marrakchi a suscité le débat avec son premier long-métrage, Marock, 2005, mettant en scène un règlement de comptes au sein d'une famille aisée. Après cette plongée sulfureuse, soulignant les contradictions et le manque de repères des jeunes de milieux favorisés, la cinéaste emprunte un ton plus léger pour revenir sur le sujet avec Rock the casbah, 2013. Cette fois, elle regarde comment une famille bourgeoise se fissure et se retrouve autour de la mort du père.



La réalisatrice imagine les trois jours qui suivent le décès d'un riche dirigeant d'entreprise. Il apparaît comme un esprit malin pour introduire le film, commenter épisodiquement la situation et dialoguer avec son petit-fils. Sa femme, dure et autoritaire, supervise les cérémonies avec l'aide bienveillante de la servante qui a élevé tous leurs enfants. La fille, partie en Amérique s'imposer comme vedette en jouant les terroristes, revient avec son garçon qui ne connaît pas le Maroc. L'une de ses sœurs est une enseignante un peu coincée, au mari effacé, l'autre une oisive, occupée par ses liftings pour ne pas vieillir tandis que l'époux administre les biens de la famille.
Sous l'œil ironique de la grand-mère, des maris relégués aux arrières plans, des invités qui défilent, les cérémonies de deuil sont l'occasion de révéler les blessures de chacune. L'ombre d'une sœur morte, aimée par le fils de la servante, plane sur les relations des femmes de la maison. Les langues se délient peu à peu sur les petits et les grands secrets familiaux jusqu'à ce que le testament laissé par le maître des lieux, serve de révélateur pour ressouder la cellule familiale sur ses terres.

Avec une intrigue assez simple, Laïla Marrakchi bâtit un film choral, cultivant son penchant pour les images léchées, les répliques piquantes, les actrices pétillantes. Morjana Alaoui, la sœur qui a réussi en Amérique, Lubna Azabal, la prof rigide, Nadine Labaki, l'épouse portée sur l'alcool, se confrontent à Hiam Abbas, mère revêche aux fêlures cachées. Autour des règlements de comptes, des sentiments partagés, des dialogues claquants, la figure espiègle de Omar Sharif qui participe en apparaissant en père dirigiste et épicurien, tente d'apporter une touche de poésie au traitement plutôt classique du récit.
Rock the casbah est d'abord un film de personnages, écrit avec soin, servi par des comédiens efficaces comme Raouia, Lyes Salem. Mais il ménage aussi quelques allusions, au détour des conversations, à la condition des femmes, améliorée dans la constitution marocaine mais pas dans le quotidien, à la mode du voile, la consommation d'alcool souvent occultée, les différences de classes sociales toujours en vigueur. Laïla Marrakchi effleure ces sujets car son goût du spectacle et des scènes de groupes, l'emporte pour divertir les spectateurs. Le film peut alors être entrainant, même si l'aspect réfléchi de son traitement atténue l'émotion recherchée.

En s'appuyant sur une coproduction française confortable, Laïla Marrakchi orchestre avec tempérament le casting issu d'horizons et de cultures variés, qui donne sens à la diversité de la famille marocaine qu'elle investit. Le cinéma permet alors de recoller les morceaux d'une société où la cellule de base reste un modèle en crise. Émaillé de quelques répliques bien senties, de confrontations révélatrices entre femmes, Rock the casbah ne fait pas vibrer les murs de la maison comme on aurait pu s'y attendre. Il se contente de les habiller de couleurs vives pour célébrer le deuil du père, en faisant résonner la gamme aigüe des émotions féminines.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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