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Lagunimages 2013‏
Interview de Christiane Chabi-Kao : "Tout calé, nous sommes prêts"
critique
rédigé par Hector Tovidokou
publié le 02/12/2013
Christiane Chabi-Kao, Présidente de l'Association Lagunimages
Christiane Chabi-Kao, Présidente de l'Association Lagunimages
Patrick Hervé YOBODE (Africiné)
Patrick Hervé YOBODE (Africiné)
Les Chenapans, réalisé par Christiane Chabi Kao
Les Chenapans, réalisé par Christiane Chabi Kao
Emi Koide, universitaire brésilienne
Emi Koide, universitaire brésilienne

La 7ème édition du festival de films Lagunimages prend son envol le 5 décembre prochain. A quelques jours de ce grand rendez-vous qui met le cinéma africain au contact des populations, nous sommes rapprochés de la présidente de l'Association Lagunimages. Et voici la teneur de cette interview avec Christiane Chabi-Kao.

A quelques jours de l'événement dites-nous les difficultés auxquelles vous êtes confrontée ?

En fait, comme pour tout événementiel, on est confronté à un problème de ressources humaines. C'est vrai qu'il y a beaucoup de bénévoles qui sont vraiment formidables. Mais au Bénin, la notion de bénévolat est très difficile à appréhender ; donc les gens quand on leur parle de bénévolat, ils ne comprennent pas très bien. Mais nous en avons une quinzaine qui est vraiment motivée, mais il nous manque des ressources humaines.
Egalement, nous n'avons pas un gros budget, donc nous utilisons les subventions que les partenaires fidèles et quelques nouveaux nous octroient. Pour le reste, on fait marcher notre imagination. Mais ce qui est le plus perturbant, c'est le non engagement du secteur économique dans le domaine culturel et aussi la timidité de l'engagement des autorités culturelles.

Toujours à quelques jours, qu'est-ce qui est fait jusque là et qu'est-ce qui reste à faire ?

On est à moins de trois jours. Tout a été fait. Nos fondamentaux sont les projections et les formations, c'est ça véritablement le festival Lagunimages. On avait prévu trois formations et un certains nombres d'ateliers. Les trois formations sont terminées. Donc pour ça on n'a plus de souci. En ce qui concerne les ateliers ils sont en cours, donc trois ateliers sont en train de se terminer et prendront réellement fin ce jour.

Pour les projections, on a déjà tous les films, car notre partenaire, l'Institut français, nous a trouvé la plupart des films. On a l'Ambassade du Brésil au Bénin et l'association Casa Da Africa à Sao-Paulo avec Madame Emi Koïdé qui est la marraine du festival. Ce sont eux qui sont chargés de la filmographie brésilienne. On a des films fournit par l'ambassade du Brésil et ceux que ramène Mme Emi Koïdé. Donc au niveau de la filmographie, il n'y a pas de problème, on a tous les films, la programmation est terminée.

Aujourd'hui, le comité est là pour faire le point et vérifier que sur les lieux de projection, tout est prêt, que tout le matériel que nécessite la projection est prêt, répertorié et rangé. Il ne reste que l'organisation des rencontres. Les invités - ils viennent tous le mercredi - ont déjà les billets d'avion. Les rencontres sont calées, la conférence que donne Mme Koidé est calée, le lieu est connu, la leçon de cinéma c'est bon. Nous sommes prêts.

Justement après la formation de M. Karrer, les étudiants de l'Isma et les élèves au Ceg Océan doivent tourner chacun un documentaire qui seront être projetés. Où en sont-ils ?

Oui, ils sont prêts, au Ceg l'Océan c'est fait : le documentaire et la fiction sont tournés. Il reste que le Cirtef - qui est notre partenaire - procède au montage, sous la supervision de M. Karrer. A l'Isma aussi c'est fait.

Vous avez invité le Brésil pour explorer sa culture et déplacer ses réalités dans le contexte béninois. Pensez-vous que nos autorités les connaissant prendront tous les enseignements qui seront tirés de la culture brésilienne pour faire avancer notre culture ?

Honnêtement cela n'est pas notre but. Nous ne choisissons pas des pays dans le but que les autorités béninoises en tirent des enseignements. Notre objectif premier, c'est de faire partager les images, les réalités de ces pays-là aux populations. C'est vrai qu'on connait le Brésil sur le plan des télénovélas, mais on n'a pas encore de contact avec les films de cinéma et les documentaires brésiliens. Les deux pays on une politique culturelle commune et beaucoup de choses se font.
Lagunimages n'a pas la prétention de dire aux autorités ce qu'elles doivent faire par rapport à la culture bénino-brésilienne. Tout ce que nous nous voulons c'est de monter aux populations qui n'y ont pas accès, qu'au Brésil il y a des gens qui ont qui des choses à dire, des histoires à raconter et voilà leurs histoires. Juste pour leur dire qu'ils ne sont pas trop différents de ce peuple brésilien.

Vous-même, vous êtes une grande réalisatrice qui fait la fierté du Bénin sur plusieurs festivals à travers le monde, quel regard portez-vous sur le cinéma béninois ?

Moi généralement, je n'ai pas la langue du bois par rapport à ça. Mais "grande réalisatrice", c'est un peu exagéré, disons que j'essaie de faire ce que je fais correctement et il y a de la reconnaissance quelque part quand on fait son travail correctement. Moi, ce que je dis au niveau de la réalisation et au niveau de tout ce qui est du domaine cinéma et audiovisuel, ça va prendre du temps. C'est vrai que lorsqu'on compare au Burkina et à d'autres pays qui sont en avance sur nous, on ne pourrait pas y arriver. Ici chez nous, le réveil se fait, mais lent. Il y a une école qui, depuis quelques années, forme des générations de cinéastes qui se retrouvent sur le marché du travail. Il faut être honnête, que parmi ces enfants, les techniciens, cadreurs, monteurs trouvent rapidement du travail, ce n'est pas le cas chez les réalisateurs.
Pour pouvoir travailler et réaliser des films, il faut bien qu'ils y aient des producteurs qui financent des films et qui vous engagent. Ça ne marche pas parce que le milieu n'est pas structuré. Justement dans ce cadre, un ami qui vient de Paris sera là pour la leçon de cinéma sur le financement participatif. Car en Europe aussi, les réalisateurs sont confrontés aux mêmes problèmes. C'est pourquoi ils ont pensé au financement participatif, qui consiste à faire appel à la population, aux institutions, en leur disant de prendre des parts dans le film à tourner et après sa sortie et la vente ils ont leur investissement et des bénéfices. Ça peut beaucoup aider à tourner des films.

Vous êtes au Bénin depuis un moment, qu'est-ce qu'on peut retenir de votre filmographie et depuis quand vous êtes dans la réalisation professionnelle ?

Moi j'ai un parcours un peu atypique. J'ai décidé en fait de faire de la réalisation à partir de 2004. Mais comme ici c'est un métier qui ne nourrit pas son homme, je le fait parallèlement à mes autres activités. Donc c'est très difficile c'est pour ça qu'entre une œuvre et une autre il faut des années. J'ai donc à mon actif un documentaire, un long métrage de télévision et là je suis en train de produire et de réaliser une série télévisée de 20 fois 26 minutes qui sera en deux saisons. C'est la première saison que je suis en train de tourner là maintenant. Donc avec l'association Lagunimages on a décidé d'essayer à partir de 2014, ce modèle de financement participatif, puisque l'association est composé de professionnels, des acteurs, des réalisateurs, des techniciens. On fait un projet de film sur lequel ceux qui participent ne sont pas directement payés, quand le projet est terminé, il est vendu et chacun perçoit son investissement qui ici est physique et si ça marche on pourra essayer avec les populations et les institutions.

Pour finir parler nous de votre film qui sera projeté à cette édition de Lagunimages ?

C'est le premier épisode de la série dont je viens de parler. La série parle d'un instituteur veuf avec trois enfants, qui est affecté de ville en village à travers le Bénin. Dès qu'il arrive dans son lieu d'affectation, son enfant - Soulé qui est très sensible - est souvent mêlé à des histoires qui ne le regardent pas. Soit c'est pour aider un camarade de classe qui a des problèmes ou un habitant du village, il se retrouve toujours dans l'imbroglio et à la fin trouve toujours des solutions pour aider et tout se passe bien. Cette Word Première, contrairement à l'habitude qui veut que les gens aillent faire la Première Mondiale dans les grands festivals, ce sont les enfants de l'école de Godomey et aux populations d'Allada qui méritent aussi bien cette Word Première.

Propos recueillis par
Patrick Hervé YOBODE
et Hector TOVIDOKOU
(Bénin ciné média - ABCM

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