L'annonce officielle du festival international des films d'Agoué "Les écrans de résistance" a été précédé d'une surprise. Le réalisateur béninois, Sanvi Panou a offert aux hommes de médias le film "Hyènes" de Djibril Diop Mambéty. La projection s'est tenue à l'Institut français du Bénin. La critique du cinéaste sénégalais amène à cerner la force de l'argent, face à une vie humaine.

Certains pensent et soutiennent même que l'argent a beau être l'excrément du diable, mais qu'on en a besoin comme fumier dans le jardin de Dieu. Cela n'en demeure pas moins vrai dans le film"Hyènes" du réalisateur sénégalais, Djibril Diop Mambéty. Ce dernier place l'argent comme le trame de ce film.
L'argent pour nourrir le peuple de Colobane, mais aussi, pour la mise à mort - qu'importe le prix - de l'épicier Dramaan Drameh (joué par Mansour Diouf).
Dans ce film, la vengeance est présentée comme un plat de résistance féminine. Le personnage incarné par l'actrice Ami Diakhaté (Linguère Ramatou) se sert de l'argent pour avoir la peau de Dramam Drameh.

Dans une série de séquences cohérentes, le réalisateur montre des griots annonçant à la population de Colobane, petite cité du Sahel, une étonnante nouvelle. Il s'agit du retour au bercail de Linguère Ramatou, native de la ville et devenue multimilliardaire.
Au cours d'un grand banquet, Linguère annonce son intention de donner 100 milliards à la ville. En contrepartie, elle demande la mort de Dramaan, son amant d'antan qui, par de faux témoignages, l'avait fait chasser de la ville alors qu'elle portait un enfant de lui. Pour arriver à ses fins, Linguère attise la haine du peuple de Colobane contre Dramaan Dramah. Le réalisateur maintient le suspense jusqu'au bout.
Officiellement lancé sur les écrans le 16 mai 1992, une année après sa réalisation, le film Hyènes est une adaptation de la pièce du Suisse Dürrenmatt, "La Visite de la vieille dame", en Afrique Noire. L'allégorie sur la vengeance, le pardon, la cupidité, la lâcheté collective deviennent une fiction sur les rapports entre pays riches et pays pauvres, ainsi que de la dépendance financière de ceux-ci envers les premiers. Peut-être même peut-on y voir une réflexion sur la revanche de l'Afrique sur les colonisateurs et autres profiteurs. C'est dire la portée de ce film, par ailleurs très maîtrisé.

Décédé en 1998, Djibril Diop Mambéty était un comédien, scénariste, producteur et réalisateur sénégalais qui a marqué sa génération. Il a signé de nombreuses réalisations à savoir : Contras' City (1969), Badou Boy (1970), Touki Bouki (1973), Parlons grand-mère (1989), Le Franc (1995) et enfin La Petite vendeuse de soleil (1999, posthume).

par Rodéric Dèdègnonhou, Journaliste à l'Agence Bénin Presse