Aucun film n'échappe aux discussions à la sortie de salles, dans un festival comme celui-ci. Le Festival Millenium est le genre de manifestation où l'on ne reste pas insensible à ce que l'on nous montre. Pour cause, une sélection pointue, diversifiée mais surtout une marque d'engagement envers ce qui lutte contre les maux de la société contemporaine : la pauvreté, les maladies, l'accès à l'éducation, l'égalité des sexes ou encore le développement durable.
Près de cinquante documentaires en 10 jours (47 productions ou co-productions issues de plus de 38 pays) auxquels le public répond toujours présent pour un cinéma dont le but est loin d'être de la distraction. Chaque œuvre est unique et a en commun des thèmes liés aux enjeux humanitaires définis comme étant les objectifs du millénaire. Pour cette 6ème édition, plusieurs concernaient les relations Nord-Sud.
Death Metal Angola du réalisateur (et artiste polyvalent) Jeremy Xido remporte l'Objectif de Bronze - Meilleur message pour les Droits de l'Homme - ainsi que la Mention Spéciale de La Trois (une des chaînes de télé de la RTBF). Un documentaire captivant sur l'imprégnation de musique rock, le death metal, parmi des jeunes artistes angolais pour qui les souvenirs d'une guerre civile qui a duré près de 30 ans sont encore bien frais. C'est dans cette musique, loin de ce qu'on l'on a pour habitude d'entendre comme son sur le continent, qu'ils ont choisi d'exprimer leurs sentiments.
Mercy Mercy est le tout premier long métrage documentaire de Katrine Riis Kjaer (Danemark) - Prix de La Trois (RTBF) qui va permettre la diffusion du documentaire sur la chaîne - un film sur l'adoption d'enfants éthiopiens dont les parents biologiques sont séropositifs et se voient contraints de confier leurs cadets à un couple danois. Un documentaire construit sur 4 années dans deux espaces différents, l'un au Sud avec les parents biologiques désespérés et restés sans nouvelles de leur progéniture et, l'autre Sud où la nouvelle famille composée connaît très vite le revers du choc des cultures.
Du docu pur et lourd
Les gens qu'on rencontre au festival Millenium sont pour la plupart activistes, militants et défenseurs des droits et des libertés, mais pas seulement. Il y a aussi les soucieux d'une info vérité au-delà de ce que propose les canaux usuels que sont les médias. En soi, le festival se veut représenter des auteurs engagés, qui font du documentaire pur et lourd.
The Wild Years de Ventura Durall est un documentaire qui traite de la problématique des enfants de rue à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, où on dénombre quelques 270.000 cas ; William and the Windmill réalisé par Ben Nabors décrit l'aventure d'un jeune garçon au Malawi qui se rend au célèbre Dartmouth College grâce à une découverte ingénieuse. Dans son un court métrage, The rape of the Samburu Women, Iara Lee brasse le témoignage de femmes à la quête de justice pour avoir été violées par des soldats restés impunis au Kenya sous la colonie britannique.
Quant à The Land Between de David Fedele (Australie) propose un regard intime sur les vies des migrants d'Afrique subsaharienne qui vivent dans les montagnes au nord du Maroc quotidiennement confrontés à la violence des autorités marocaines et espagnoles.
Le Belge Raf Custers présente Avec le Vent, un documentaire tourné en République démocratique du Congo en avril 2013 qui fait part des rapports entre la population congolaise et l'industrie minière. La première est sacrifiée pour la seconde, sur l'autel de l'exploitation meurtrière au quotidien du cuivre et du cobalt.
Djia Mambu, Bruxelles
