Il y a comme une (nouvelle) vague de cinéastes français qui se penchent sur les problématiques interculturelles dans l'hexagone. Ils mettent en scène des acteurs Noirs, Africains, issu de l'immigration, de la minorité visible comme on dit. Du cinéma bel et bien 100% français, et qui s'ancre dans la France multiculturelle d'aujourd'hui.
Teaser #3 - film''BROOKLYN from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Brooklyn, premier long métrage fiction de
Pascal Tessaud (
Slam, ce qui nous brûle) dont la Première Mondiale a eu lieu à Cannes dans la sélection ACID (Association du Cinéma Indépendant), nous révèle la rappeuse
KT Gorique époustouflante dans le rôle de Brooklyn, une artiste suisse qui débarque à Paris afin de faire sa place dans le milieu hip-hop grâce à son mic (micro). Et pas dans n'importe quel coin de la capitale. Elle veut briller depuis Saint-Denis, qu'on appelle aussi "la ville des Rois", d'où est originaire le groupe de rap
NTM ("Le Nord (de Paris) Transmet le Message" ou "Nique Ta Mère", selon les interlocuteurs, NDLR). Le réalisateur lui-même vit à Saint-Denis aujourd'hui. Le décor lui a déjà servi de fond dans de précédents films. Ici encore, à travers le parcours de son personnage principal,
Pascal Tessaud nous embarque dans le Nord de la capitale française. Cette fois-ci, pour nous entraîner dans l'univers d'une artiste en devenir dans un secteur fermé, concurrentiel, voire sexiste.
Du bon son, du bon flow au rendez-vous avec des artistes locaux fascinants, même si ce film parle avant tout d'amour, de solidarité, de respect.
Brooklyn est un véritable hommage au Rap et Hip-hop français et aussi un clin d'œil à la ville new-yorkaise où est né le mouvement Hip-Hop, dans les années 80.
Hope from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Hope (Semaine de la Critique à Cannes), c'est le nom de cette jeune fille nigériane aux allures garçonnes, du moins à première vue, qui va accompagner Léonard, un jeune camerounais qu'elle rencontre dans le Sud du Sahara, un désert où les conditions de vie, ou plutôt de survie, sont insoutenables. Au départ, réticents l'un envers l'autre, Hope et Léonard vont se découvrir et tenter d'atteindre l'Europe par le Maroc.
À travers des images fortes, parfois violentes, ce énième film traitant de l'immigration clandestine vers l'Occident réussit à se distinguer par sa profondeur. Le réalisateur
Boris Lojkine s'est visiblement imprégné de cette atmosphère dans laquelle vivent ces jeunes africains aux destins hasardeux. On le ressent nettement à l'écran. Comme cette magnifique scène autour du feu, à la veille dudit départ par bateau, ces jeunes décrivent à Leonard les impressions qu'il va ressentir en traversant la mer, escalader les barrières pour atteindre Melilla, cette enclave espagnole aux abords du territoire marocain. Rarement cette expérience n'a été aussi bien décrite à l'écran à travers des mots.
Teaser BANDE DE FILLES Céline Sciamma from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Grâce à
Bande de filles (Girlhood) de
Céline Sciamma (film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes), les noms d'
Assa Sylla,
Lindsay Karamo,
Marietou Touré et surtout
Karidja Touré ne seront plus inconnus. Face à la caméra pour la première fois, ces jeunes parisiennes, encore en terminale d'ailleurs, ont été repérées lors d'un casting sauvage à la foire du Trône ou aux Quatre temps de la Défense. Un film de banlieue bien stylé, avec des comédiennes naturellement débordantes d'énergie. Bande de filles raconte l'histoire de Marième, une jeune ado qui va se laisser entrainer dans une bande de girls, parfois bagarreuses, danseuses dont les 400 coups à l'écran font rougir. La réalisatrice
Céline Sciamma qui traine souvent sa caméra dans les banlieues parisiennes, nous offre notamment un magnifique travelling, avec une quinzaine de jeunes filles noires.
Extrait - Qui Vive de Marianne Tardieu (ACID CANNES 2014) - YouTube from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Relevons aussi le film
Qui vive de
Marianne Tardieu (également sélection ACID à Cannes 2014) qui signe son premier long métrage avec l'acteur français d'origine algérienne
Reda Kateb dans le rôle de Chérif, un vigile qui vit chez ses parents en attendant de démarrer sa carrière d'infirmier. Confronté à une bande d'adolescents trainant les pieds au centre commercial, il va par ailleurs rencontrer Jenny, interprétée par
Adèle Exarchopoulos (Palme d'or avec
La Vie d'Adèle).
Une génération de cinéastes, prometteuse et soucieuse de capturer l'environnement d'une jeunesse française bouillonnante, était présente à Cannes cette année.
par Djia Mambu
Cannes, Mai 2014
avec le soutien de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF, Paris) et Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud, Amsterdam)