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Ouverture Ecrans Noirs 2014
Bassek ba Kobhio : "Ecrans noirs aura désormais une ligne au sein du budget de l'Etat"
critique
rédigé par Pélagie Ng'onana
publié le 20/07/2014
Bassek ba Kobhio, Délégué Général d'Écrans Noirs 2014
Bassek ba Kobhio, Délégué Général d'Écrans Noirs 2014
Pélagie Ng'onana (Africiné)
Pélagie Ng'onana (Africiné)
Ecrans Noirs 2014
Ecrans Noirs 2014

La 18ème édition du festival Ecrans noirs se tient du 19 au 26 juillet 2014, à Yaoundé. L'évènement fait un zoom cette année sur le cinéma marocain et nigérian. Quelques jours avant l'ouverture, le délégué général du festival nous a parlé de l'organisation de ce rendez-vous du cinéma africain et d'ailleurs. [Le film À la recherche du mari de ma femme (Al-bahth an zaouj imaraatî), du Marocain Mohamed Abderrahman Tazi, 1993, est le film d'Ouverture, avec la présence annoncée de la star nigériane Genevieve Nnaji, ndlr]

Comment se prépare une édition du festival Écrans noirs ?

Théoriquement, les préparatifs de la nouvelle édition commencent le lendemain de la clôture de la dernière édition. Parce que c'est dès cet instant qu'on rêve de qu'on va faire. Jusque là nous étions, à cause des moyens qui nous arrivaient tard, obligés de commencer aussi tard. Nous essayions de commencer au mois de janvier, quand le festival avait lieu au mois de juin et juillet. A partir de l'année prochaine, Écrans noirs aura au sein du budget officiel de l'État une ligne et ça nous permettra de commencer même dès le mois d'octobre. Parce qu'entre octobre et février vous avez la plupart de bons festivals qui se déroulent en Afrique et en Europe qui parlent de cinéma africain ; cela veut dire qu'on peut déjà faire sa sélection à partir de ce moment là. En fait, le gros du travail intellectuel d'un festival c'est la sélection des films. Après, l'organisation matérielle c'est vraiment quand vous avez les moyens, des moyens pour commander les affiches, et tout le reste. Ça, ça vient avec les semaines et les mois et avec les moyens. Mais l'idéal pour nous serait de commencer en octobre de manière concrète pour une édition qui se tiendra entre mai et juillet.

La collecte des films se fait à quel moment ?

Sur le site, il y a un appel à propositions, puisque vous avez des jeunes que vous ne connaissez pas, vous avez des films qui sont faits ; et il faut que ces jeunes aussi se manifestent. Mais si vous vous contentez uniquement sur cet appel à films, vous pouvez avoir des œuvres mineures. C'est pour cela qu'il faut aussi aller vers des gens qui ont fait des œuvres, qui sont des gens connus et reconnus, solliciter que leurs œuvres viennent chez vous. Parce que parfois ils sont sollicités par plusieurs manifestations à la fois ; et c'est bien de personnaliser, d'individualiser les invitations pour le festival.

Et les copies des films ? On a souvent des cas de films programmés mais dont les copies ne sont pas disponibles…

La numérisation du cinéma a apporté de gros avantages aux festivals par exemple, les films sont légers et circulent facilement. Le gros problème aussi de la numérisation c'est que les gens ont tellement peur des copies que parfois ils préfèrent venir avec leurs films, parce que les films sont récents. Et il suffit que quelqu'un vous dise je viendrais avec ma copie, soit qu'à la fin il ne puisse plus venir, soit qu'il envoie un comédien qui n'est pas dans la même ville ou dans le même pays que lui ; et dont qu'il ne peut pas récupérer la copie pour que vous soyez complètement battu à ce niveau. Mais cette année nous ne programmons que les films dont nous avons les copies. Et ça fait qu'un ou deux films que j'aurai voulu avoir, ce ne sera plus possible parce que je ne pourrai pas avoir les copies à temps. On envoie ça à l'année prochaine.

Comment travaille le comité de sélection des films ? Y a-t-il des critères spécifiques qui sont exigés ?

Il y a deux types de films. Ils y a les films internationaux dont moi-même je fais souvent appel. Et puis il y a tous ceux qui s'inscrivent et qui veulent être sélectionnés ; c'est des films qui sont visionnés d'abord par un comité qui est présidé par le directeur du festival. Nous tablons sur le fait que nous recherchons les films d'auteur, les films nouveaux, les films qui annoncent une forme d'écriture ou bien qui sont une forme d'écriture. Par la suite, ces films sont présentés pour la sélection définitive. Parce la sélection dans un festival, vous avez beau avoir dix milles personnes qui s'en occupent mais c'est une seule personne qui porte à la fin la sélection ; et dans le cas d'espèce c'est moi encore. Peut-être que je trouverai la personne qu'il faut pour ça mais pour le moment, j'estime encore avoir la possibilité de le faire, même si je me désengage de plus en plus de l'organisation concrète du festival. Donc, nous n'avons pas à priori des critères sensoriels par rapport à ces films, mais nous voulons des films qui sont ouverts, des films qui apportent le débat, des films qui innovent autant sur le plan de la technique, de la réalisation que sur le plan de la thématique.

Et le comité d'organisation, qui fait quoi ? On a vu des projections accuser un grand retard parce qu'il n'y avait personne pour s'occuper de la projection.

C'est arrivé quelques fois et c'est des choses qu'une jeune équipe prend en compte. Il y a une équipe permanente de cinq personnes, puis les autres viennent au fur et à mesure. Je crois que toutes ces personnes ont pris conscience de cela. Et cette année le directeur du festival va davantage se consacrer aux problèmes techniques et de projection par exemple et laisser les autres aspects aux autres membres. Ce que vous avez constaté ne se reproduira plus. D'abord, nous avons préféré réduire le nombre de lieux de projections pour donner des projections de très grande qualité. Ce sera le palais des Congrès, l'Institut français, l'Institut Goethe et la salle Sita Bella du ministère des Arts et de la culture (Minac) qui sera ouverte pour l'occasion.

Parlons de la communication. Avant, certains quotidiens consacraient des pages quotidiennes au festival…

Lorsque les journaux en parlaient ce n'était pas la communication c'était la publicité. Nous payions pour les pages ; nous ne payerons plus pour les pages. Si un journal estime que la culture n'est pas importante pour lui… Il y a des manifestations dans lesquelles c'est les journaux qui paieraient pour accréditer leurs journalistes. Nous donnons toutes les facilités aux journalistes pour accéder à l'information, mais nous ne ferons plus des contrats avec des journaux en disant qu'ils nous réservent deux ou trois pages. Nous l'avons fait pendant longtemps ; nous estimons que les journaux aussi ont besoin de matière. Donc, depuis deux ans, nous n'avons plus les moyens pour le faire. Nous préférons mettre les moyens ailleurs. Je veux dire que quand il y a les championnats de football je ne suis pas sûr que les équipes payent, mais c'est parce qu'on estime que le football intéresse les gens. Si les Ecrans noirs n'intéressent pas les gens, qu'on n'en parle pas et on en parle plus. C'est pour cela que nous pensons qu'une association comme la vôtre (Cinepress Ndlr) ne peut pas seulement se contenter d'organiser une journée pendant le festival, il faudrait que ses membres écrivent dans les différents journaux. Avec les télévisions, nous leur envoyons des images de dix minutes qu'ils diffusent quotidiennement. Avant nous le faisions avec la Crtv (télévision nationale Ndlr) et Canal 2 (chaîne privée). Cette année, nous le renouvelons avec Canal 2.

Pourquoi le nom des membres du jury n'est pas souvent dévoilé à temps ?

Ce qui fait souvent blocage c'est l'argent. Cette année, nous nous sommes dit que nous allons faire venir les gens qui sont proches du Cameroun pour la partie étrangère.

Comment se fait le choix des trophées et des enveloppes ?

Nous travaillons avec deux artisans camerounais qui nous confectionnent généralement les trophées. Pour ce qui est des enveloppes, nous n'en n'aurons plus. Je crois que ce qu'il faut faire c'est de mettre l'argent dans la qualité des trophées ; faire la promotion pour que le prix que la personne a obtenu rejaillisse sur sa carrière.

Quelle relation entretenez-vous avec vos sponsors ? Certaines grosses boîtes du départ ne sont plus là.

Ce qui se passe c'est que lorsque vous avez un sponsor majeur il faut lui donner toute la place, ça veut donc dire qu'il donne l'argent qui correspond à l'affaire. Mais si vous ne voulez pas que du début à la fin il y ait la même couleur partout, il faut voir. Il y a par exemple des sociétés brassicoles qui estiment qu'il aurait fallu que la fête se poursuive tout au long de l'année, que ça ne dure pas juste le temps du festival. Bon, ça c'est de leur intérêt mais on s'est battu davantage pour avoir des moyens qui soient indépendants, pour qu'on ne soit pas toujours obligés d'être collé à un produit.

Ciné talent se tient encore cette année, mais ce public jeune ne s'intéresse pas beaucoup aux projections…

Il faut trouver le moyen de les intéresser et c'est tout le problème de la programmation. Il faudrait que le public qui vient les après-midi reste sur le village du festival pour regarder les films, soit alors qu'il aille dans les salles. C'est tout un autre travail, et c'est pas facile tant qu'il n'y aura pas de salles se cinéma. C'est pour cela que nous sommes heureux de savoir que le gouvernement nous a accordé un terrain pour un complexe cinématographique, parce qu'il faut faire les deux pour que public le jeune aille dans les salles.

Des innovations cette année ?

Nous ferons un focus sur le cinéma marocain, une délégation de dix personnes sera au festival. Puis nous aurons un colloque qui porte sur : "Cinéma : Art, commerce, industrie. Les cas marocains et nigérians. Quel choix pour l'Afrique Central ?"

Propos recueillis par Pélagie Ng'onana

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