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Festival du film de Masuku, Nature et Environnement 2014
Nadine Otsobogo : "Le public est timide à la thématique de l'environnement"
critique
rédigé par Stéphanie Dongmo
publié le 15/09/2014
Nadine Otsobogo, Déléguée générale du Festival du film de Masuku, Nature & Environnement
Nadine Otsobogo, Déléguée générale du Festival du film de Masuku, Nature & Environnement
Stéphanie Dongmo (Africiné)
Stéphanie Dongmo (Africiné)
Nadine Otsobogo et Danny Sarazin (Directrice du FIFALE, Maroc)
Nadine Otsobogo et Danny Sarazin (Directrice du FIFALE, Maroc)
Jean-Claude Cheyssial, réalisateur
Jean-Claude Cheyssial, réalisateur

Déléguée générale du Festival du film de Masuku, Nature et Environnement, Nadine Otsobogo fait le bilan de la 2ème édition qui s'est déroulée du 13 au 17 août 2014 à Franceville au Gabon. L'unique prix de ce festival, le Prix du public, a été décerné au court-métrage Siggil de Rémi Mazet (France / Sénégal, 20min, 2010).

Quel bilan faites-vous de cette 2ème édition du Festival du film de Masuku ?

Le bilan est assez positif, car à la 1re édition on n'avait pas eu autant de films ni autant d'engouement. Notre parrain de l'année dernière [Mr Aly Haïdar, Ministre sénégalais de l'environnement, Ndlr] n'avait pas pu se déplacer. Cette année, nous avons eu une marraine qui était là, qui nous a impulsés. Elle a apprécié les films et l'initiative. Des bénévoles ont fait le déplacement depuis Libreville pour nous soutenir. Il y a des choses à améliorer évidemment, mais c'est positif, sincèrement, dans l'ensemble. Je dis un grand bravo à tout le comité d'organisation de ce festival.



Pourquoi avoir choisi Danny Sarrazin, la directrice du Festival international du film animalier et sur l'environnement au Maroc, pour être la marraine de cette édition ?

Je voulais avoir une femme de la trempe de la Kenyane Wangari Muta Maathai [née le 1ᵉʳ avril 1940 à Ihithe et morte le 25 septembre 2011 à Nairobi, Prix Nobel de la Paix 2004, ndlr] qui puisse nous accompagner et marteler le discours de la protection de l'environnement. J'ai recherché dans Google et le nom de Danny Sarazin revenait sans cesse, son profil m'intéressait parce que ça fait 20 ans qu'elle organise un festival sur la problématique de l'environnement au Maroc et dans le monde, donc elle a dû voir des choses. Je me suis dit que si cette femme nous transmettait un peu de ce qu'elle a vu tout au long de ces 20 années-là, ce serait tout bénef pour nous. Et j'ai envoyé un mail comme on envoie une bouteille à la mer ; elle a répondu 3 mois plus tard, mon courrier était passé à la trappe. Et elle était juste parfaite et ça nous a boostés !

Certains invités, annoncés au départ, ne sont pas arrivés. Que s'est-t-il passé ?

On n'avait pas tenu compte de l'administration tout simplement. Certaines personnes n'ont pas eu le temps pour les visas, les délais étant justes. C'est le cas du Tunisien Habib Ayeb qui s'est désisté, tout en nous encourageant. À la première édition, il n'y avait pas d'invités internationaux. C'était donc la première fois que l'on était confronté à ça.

Vous avez consacré une carte blanche au réalisateur français Jean-Claude Cheyssial. Cinq documentaires qu'il a réalisés sur la spiritualité gabonaise ont été diffusés. Qu'est-ce qui vous a motivé à le choisir, lui ?

Jean-Claude Cheyssial a réalisé beaucoup de films sur le Gabon. C'était important de donner une carte blanche à une personne qui connait le Gabon et qui revient donner tout ce qu'il a pu recevoir. Je me suis dit que ce serait parfait de donner à Jean-Claude Cheyssial l'opportunité de présenter ses films, de raconter son expérience d'anthropologue, de cinéaste. Cela pourrait être enrichissant pour nous, les Gabonais, et pour les festivaliers internationaux. Malheureusement, il n'a pas pu venir, j'espère qu'il pourra être là à une prochaine édition. Les festivaliers ont adoré ses films.

Contrairement à la première édition, cette année vous avez lancé un appel à films. Combien en avez-vous reçus ?

On a reçu une trentaine de films, 18 ont été sélectionnés, en dehors de ceux de Jean-Claude Cheyssial. Tous les films retenus n'ont pas pu être projetés compte tenu des écrans imprévus dans la ville.

Un marché du film était prévu, des ateliers et conférences aussi. Pourquoi ont-ils été annulés ?

Il y a eu un atelier animé par François Onana, organisé en partenariat avec l'Institut gabonais de l'image et du son. On s'est rendu compte que c'était un peu tôt pour le marché du film ; on l'avait annoncé pour les réalisateurs gabonais d'abord et ils se sont désistés au dernier moment, alors qu'ils avaient donné leur accord de principe.

Que comptez-vous faire justement pour conquérir la confiance des professionnels du cinéma gabonais qui semblent bouder ce festival ?

Bouder c'est un grand mot! Pour l'instant, je crois qu'ils ne s'y retrouvent pas. On se méfie en général de ce qui est nouveau, et nous n'avons pas à conquérir ces personnes. Le but de notre association est la culture pour tous. Et l'environnement, c'est l'affaire de tous.

Quelles ont été les difficultés de cette édition ?

On a eu beaucoup moins de partenaires que l'année dernière. Certains se sont réveillés après l'événement, mieux vaut tard que jamais n'est-ce pas? Cette année aussi à Franceville, au mois d'août, il y a eu au moins trois projections organisées par d'autres structures, ce qui n'était pas du tout prévu pour nous. C'était assez compliqué à gérer. C'est bien qu'il puisse y avoir plusieurs festivals ou caravanes au Gabon mais ce qui est dommage c'est que, dans une ville comme Franceville, il y ait plusieurs écrans pendant la même période. Ces personnes ne nous ont pas associés à ces évènements-là.
Nous ne sommes pas en concurrence, le but pour nous est que le public puisse aimer le cinéma et qu'à la longue, on ouvre des salles de cinéma. Nous encourageons les gens à s'unir pour proposer le meilleur de la culture gabonaise et internationale puisqu'on a le même but, et non pas se disperser à mettre plusieurs festivals, plusieurs écrans dans le même pays, la même ville pendant la même période. Il faut qu'on puisse être cohérents.

Le public est resté timide, comment entendez-vous intéresser pour les prochaines éditions ?

Le public est plutôt timide à la thématique de l'environnement, je pense. Mais vous avez remarqué quand nous avons projeté les films de Jean Claude Cheyssial, le public était assez intéressé, parce que c'est filmé au Gabon, certainement. Donc nous allons revoir notre programmation et avec les conseils de Danny Sarazin, notre marraine, nous allons multiplier les initiatives sur l'environnement tout au long de l'année.

Est-ce plus difficile d'organiser un festival spécialisé sur l'environnement qu'un festival généraliste ?

Certainement. Déjà organiser un festival n'est pas une petite affaire, mais en plus, avoir une thématique, c'est pas facile. C'est la deuxième édition mais je suis entourée d'une bonne équipe. C'est très dur, j'apprends juste que les gens ont parfois la langue bien pendue, ils promettent beaucoup et à la fin, rien du tout. Ce festival, c'est comme une petite niche mais l'environnement, pour moi, c'est notre quotidien. C'est beaucoup plus sain de parler de ce quotidien, de ce qu'on vit tous les jours. Le Gabon, l'Afrique, le monde est un bel environnement que l'on doit protéger, et notre sensibilisation passe par l'image. On a l'impression que c'est restreint mais c'est vaste.

En deux ans, avez-vous le sentiment que ce festival a contribué à faire prendre conscience de la nécessité de protéger l'environnement ?

Cette année, nous avons été parasités par d'autres images alors que les films que nous montrons ne sont pas forcément grand public. Mais il ne faut pas prendre les gens pour des cons non plus, ça va prendre du temps mais je sais que petit à petit, les gens vont capter et comprendre. A un moment donné, ils vont se dire : on veut autre chose, un environnement sain, une ville propre, des forêts protégées. Je suis persuadée de ça.

Que peut-on attendre déjà de la 3ème édition de ce festival l'année prochaine ?

Déjà, les réalisateurs qui n'ont pas pu se déplacer seront réinvités, les films qui n'ont pas pu être projetés seront reprogrammés. Ce festival est comme un bébé. L'année prochaine, il aura 3 ans, il pourra, on l'espère, se mettre debout et marcher.

Propos recueillis par Stéphanie Dongmo
Correspondance spéciale

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