Après une année d'absence pour des raisons de sécurité, le festival international du Film du Caire a finalement tenu sa 36eme édition du 9 au 19 novembre 2014. Avec une sélection plus large, et une nouvelle direction, l'un des plus importants festivals de cinéma du Moyen-Orient (depuis 1976) parvient à combler les récents creux de son parcours.
En 2011 déjà, suites aux troubles ayant suivi la chute du président Hosni Moubarak en début d'année, la manifestation avait été reportée à 2012. Et voilà qu'en 2013, l'édition se verra annulée ; cette fois-ci en raison de la crise politique qu'engendra le retrait du successeur, Mohamed Morsi, en juillet 2013. Le CIFF (Cairo International Film Festival) se dote d'une nouvelle présidence en la personne de Samir Farid. Critique de cinéma de métier, il s'est donné pour objectif d'institutionnaliser d'avantage le festival. Et le festival s'offre aussi un nouveau lieu : le CIFF est hébergé désormais dans le quartier général du Ministère de la Culture, l'Opéra House de la capitale égyptienne. Dans la nouvelle équipe, Shimaa Selim, responsable de programmation. L'actrice Yousra était la Présidente du Jury 2014.
Documentaires et films d'animation désormais dans la compétition internationale
Du neuf dans la compétition internationale, avec la sélection de films d'animation et de documentaires, deux genres pour la première fois compris dans la sélection. Tout d'abord, le richement documenté Through A Lens Darkly : Black Photographers and the Emergence of people de l'Américain Thomas Allen Harris (Twelve Disciples of Nelson Mandela).
Basé sur le livre d'universitaire Deborah Willis - Reflections in Black: A History of Black Photographers 1840 to the Present ("Réflexions en Noir : Une Histoire des photographes Noirs de 1840 à nos jours") - le film illustre comment les Noirs se sont emparés de l'appareil photo comme outil et arme pour changer leur image, jusque-là dépeinte par les Blancs. Pendant longtemps, les clichés de famille de Noirs étaient pris par des photographes blancs et les portraits apparaissaient toujours dans un style esclavagiste. Peu à peu, les Noirs vont commencer à prendre et montrer des images d'eux-mêmes, tels qu'ils sont, tels qu'ils se sentent et surtout tels qu'ils se voient eux-mêmes. Le documentaire évoque plusieurs photographes qui ont contribué à ce changement et mêmes d'autres personnalités tels que l'abolitionniste Frederick Douglass, qu'on dit l'Afro-Américain le plus photographié (plus de 150 portraits, en tenue occidentale !). Le militant panafricaniste W.E.B. DuBois, également, a beaucoup contribué à une meilleure image des Noirs aux Etats-Unis, pour ne citer qu'eux.
Le très remarqué We come as Friends d'Hubert Sauper (Le cauchemar de Darwin, 1994), documentaire coup de poing (encore !) dénonce à peu près tous les traits du néocolonialisme. Allant ainsi de l'aide missionnaire religieuse américaine aux exploitants illégaux des ressources par le biais de contrats chinois plus que douteux et totalement méconnus des habitants des villages locaux. Ça se passe au Sud-Soudan, dernier État en date victime du découpage occidental des terres africaines. À la lecture du titre, on comprend déjà que les visiteurs seront tout sauf des amis. Accompagnés d'une voix narrative, nous sommes donc amenés à voir concrètement comment ces convoiteurs étrangers - qui se présentent comme des sauveurs - entrent et se servent sous les yeux de Soudanais. L'auteur autrichien propose sans jugement, nous laissant ainsi entièrement disposer de notre regard sur ces images.
Le Challat de Tunis, de Kaouther Ben Hania-HD from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Djia Mambu,
Le Caire, novembre 2014
36th Cairo international film festival awards
The international competition awards:
The golden pyramid: "Melbourne" directed by: Nima Javidi - Iran
The silver pyramid: best director: Margarita Manta for "Forever" - Greece
The silver pyramid: best actor: Khaled Abol Naga for "Eyes of a thief" - Palestine.
The silver pyramid: best actress: Adele Haenel for "Love at first fight" - France
The silver pyramid: best screenplay: Ale Abreu for "The boy and the world" - Brazil
The silver pyramid: best artistic contribution: Zaki Aref for "The gate of departure" - Egypt.
The Fipresci award:
"Sand dollars" by Israel Cárdenas and Laura Amelia Guzman- Dominican Republic
The prospects of Arab cinema prizes:
Special prizes: Naji Abou Nawar's "Theeb"- Jordan
Saadeldin Wahba prize: Kamal Kamal for "Sotto Vocci"-Morocco
Salah Abou Seif prize: Zeina Daccache for" Shahrazad Dairy"- Lebanon
International cinema of tomorrow awards:
Certificate of appreciation for "Statues" directed by: Roberto Fiesco Trejo (Mexico)
Certificate of appreciation for "That music" directed by: Camilo Cabera (Colombia)
Certificate of appreciation for "Darling" directed by: Isabela Plucinska (Germany)
Best student film award of 20,000 egp for "Sentra & the talking trees" directed by: Cilla Werning (Finland)
Best short film award of 30,000 egp for "My friend Nietzsche" directed by: Fauston Da Silva (Brazil)
International critics' week awards:
Shadi abd El Salam's award goes to "No One's Child" directed by Vuk Rsumovic (Serbia)
Fathy Farag's award for best artistic contribution goes to "Brides" directed by Tinatin Kajrishvili
Nadine Shams award for young scriptwriters:
Best script: Sherif el Zohairy for his script "Qanun al Tafo"
(A prize of 20,000 egp with a recommendation to produce the film)
The jury appreciation goes to:
Ezzat Amin for his script "Al-Tanyeen"
Omar Khaled for his script "E'teraf"