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Paulin Soumanou Vieyra, le Précurseur oublié, film documentaire de Mona Makki
Le Potomitan du cinéma africain
critique
rédigé par Saïdou Alceny Barry
publié le 05/03/2015
Paulin Soumanou Vieyra, cinéaste et critique
Paulin Soumanou Vieyra, cinéaste et critique
Alcény S. Barry (revue Africiné)
Alcény S. Barry (revue Africiné)
Mona Makki, réalisatrice de Paulin Soumanou Vieyra, le précurseur oublié, 2013
Mona Makki, réalisatrice de Paulin Soumanou Vieyra, le précurseur oublié, 2013

Le samedi 28 février, au Ciné Burkina, lors la soirée d'hommage aux cinéastes disparus, en collaboration avec la Fepaci (Fédération panafricaine des cinéastes), le Fespaco a projeté le documentaire de la Franco-Libanaise Mona Makki qui retrace la vie de Paulin S. Vieyra (1925-1987). L'homme était réalisateur, critique et historien de cinéma et surtout figure titulaire du cinéma africain.

En donnant la parole à sa famille et aux hommes de cinéma qui l'ont côtoyé, ce documentaire dessine le portrait d'un homme aux multiples facettes. Né en 1925 au Dahomey (actuel Bénin), son père l'envoie en France à 10 ans pour poursuivre des études. Il y restera 15 ans avant de retourner au pays natal. C'est un jeune homme ayant perdu sa langue maternelle dans l'exil qui revient vers les siens. Avec des mots étrangers. De là peut-être comprend-il que les images peuvent vaincre l'incommunicabilité et servir de la langue universelle. D'où le choix du cinéma, particulièrement parce qu'il véhicule la culture et permet de se reconstruire une identité.

D'ailleurs, C'était il y a quatre ans (1954), son film de sortie de l'IHIDEC (actuel Femis) dont il est le premier étudiant d'origine négro-africaine, pose déjà le problème de la réappropriation de sa culture et de son identité.,
Suivra l'un des premiers film subsahariens, Afrique-sur-Seine (1955). Et le retour en Afrique. Pas au Bénin natal mais au Sénégal, le pays du président poète Léopold Sédar Senghor qui fait appel à lui afin d'aider à la naissance de la cinématographie sénégalaise. Directeur des Actualités du Sénégal, il formera beaucoup de techniciens, il tournera plusieurs documentaires et encouragera des vocations dans le 7è art.

Ce sera lui qui prêtera à Sembène Ousmane une caméra professionnelle 35 mm pour tourner Borom Sarret ainsi qu'un chef opérateur et de la pellicule. Il se mettra aussi à la critique pour promouvoir les œuvres cinématographique du continent et sera un des pères fondateurs de la Fepaci.
Et puis, après le départ de Senghor des affaires, il quitte la direction des Actualités Sénégalaises et revient à cinéma. En 1981, il tourne son premier long métrage, Résidence surveillée, avec Douta Seck dans le rôle principal. C'est une critique des dictatures africaines. C'est l'histoire d'un Ubu roi des Tropiques confronté à la fronde après la sortie d'un livre.

Paulin S. Vieyra décède en 1987, à Paris. Ce documentaire rappelle deux choses importantes aujourd'hui. D'abord que la critique n'est pas seulement l'apanage des universitaires et des journalistes, que la critique de créateurs est nécessaire pour accompagner les oeuvres cinématographiques. Ensuite que si l'on est d'accord pour reconnaître l'existence d'un cinéma africain, il faut aussi lui adjoindre une critique africaine de cinéma.
Paulin Vieyra disait que le critique africain doit puiser ses critères dans la profondeur de la culture africaine et que c'est à l'aune de notre tradition culturelle qu'il doit mesurer l'apport esthétique des films aussi bien africains qu'étrangers. Une leçon que les critiques actuels ne doivent pas oublier !

Saïdou Alcény BARRY, Burkina Faso

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