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Hercule contre Hermès, de Mohamed Ulad
Une histoire sans fin ?
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 07/07/2015
Hercule contre Hermès
Hercule contre Hermès
Amina Barakat (Africiné)
Amina Barakat (Africiné)
Mohamed Ulad, cinéaste marocain
Mohamed Ulad, cinéaste marocain
Mohamed El Mektiri ("Hercule")
Mohamed El Mektiri ("Hercule")
Hercule contre Hermès
Hercule contre Hermès
Hercule contre Hermès
Hercule contre Hermès
Hercule contre Hermès
Hercule contre Hermès
Hercule et le réalisateur
Hercule et le réalisateur
Hercule
Hercule

Hercule contre Hermès est le titre d'un documentaire d'une grande facture cinématographique, signé par Mohamed Ulad Mohand, réalisateur marocain. Il retrace la réalité d'un différend entre deux parties, où le déséquilibre est flagrant. L'une est propriétaire de terres héritées il y a déjà quatre vingt ans (80 ans) : c'est la famille El Miktiri, installée depuis longtemps sur les terres de leurs arrières grands pères. L'autre a tout juste débarqué dans la région il y a 10 ans, il s'agit d'une société immobilière appartenant à un certain Hermès, qui a acheté peu à peu une grande partie des terres avoisinantes de celles des El Miktiri.
L'une use de ses papiers légaux qui officialisent la propriété des terres ; par contre la société use de toutes les manœuvres pour récupérer le reste en possession de la famille en question ….



Le réalisateur met en évidence tout se qui se passe dans cette partie du Maroc, située entre Tanger et Asilah, au nord du pays. Il met l'accent sur les personnages de son documentaire. Il y a un père de famille désabusé et las de crier sa cause sur tous les toits, dans la mosquée, entre ses amis et voisins, en vain. L'autre témoin majeure du film est une maman indignée par cette injustice qui la traine dans la boue, elle, ses enfants, ses animaux, face à un étranger qui veut les déloger coûte que coûte des lieux de leurs parents. Enfin, celui qui donne son nom au film : un fils révolté qui passe le totalité de son temps à maintenir l'équilibre entre ses parents, frères et sœurs, sans avoir le temps de prendre en main sa vie privée, avec pour simple évasion, un chat (conversation en ligne, sur internet, ndlr) avec sa dulcinée, une Espagnole qui se trouve de l'autre côté de la méditerranée.

En étalant les problèmes de cette famille qui vit spécialement des revenus de ses terres et ce que la mer leur offre en poissons, la caméra capte d'autres soucis auxquels la famille est confrontée, tel la scolarisation de Khadija, la benjamine qui représente l'espoir de la famille, mais contrainte à faire de longs trajets quotidiennement afin de se rendre à l'école.
On retrouve les caractéristiques de deux mondes à part. D'un côté, celui de ces paysans et leur mode de vie rudimentaire avec pour transport des ânes et un tracteur. De l'autre une vie de VIP du nommé Hermès avec ses véhicules 4/4 et les ballades en quads sur les plages qui longent les terres, sujet de conflit sans oublier la gente qui se paie la bronzette avec tout le confort qu' il faut.
Victime de cette injustice, la mère de famille est convoquée à la gendarmerie au sujet du fait qu'elle parle devant la camera du réalisateur. L'interrogatoire tourne autour de la question à savoir si elle y est obligé ou bien elle témoigne dans le film de son plein gré, chose qu'elle confirme.
Dans ce documentaire, la personne de Hercule est un personnage de cinéma : il porte bien son surnom. Le réalisateur n'hésite pas à traduire sa force par ses gestes, sa démarche, son côté viril et son chapeau de cowboy presque toujours vissé sur sa tête. Il y a aussi sa façon de travailler la terre et puiser l'eau du puits. Il est le personnage pivot du film : ce problème de terre pompe toute son énergie et déborde sur tous les aspects de sa vie.
Si l'endroit offre peu de distractions et d'échappatoires, on découvre un cadre où la beauté du paysage, dans toute sa splendeur, reflète la douceur de la nature, de l'aube au coucher du soleil. Bref, le 3ème œil de Ulad Mhand a réalisé un beau travail où l'image parle d'elle-même, avec peu de dialogues et beaucoup de phrases révélatrices traduisant l'état d'âme de chaque membre de la famille.
Ce documentaire s'avère donc un excellent poste d'observation pour déceler une vision d'ensemble de la nature d'un endroit perdu au milieu de nulle part et une opportunité pour étaler le dessous d'une affaire qui continue à trainer dans les couloirs des tribunaux. Le tourment judiciaire oppose non plus seulement la famille El Miktiri et la société immobilière, mais le réalisateur s'est vu aussi pris dans le collimateur (une dizaine de procès qu'il a tous gagné jusqu'à présent, dont un en cours à Paris et un autre dont l'audience a été modifiée - dans un premier temps sans que Ulad et son avocat ne soient ni convoqués ni mêmes informés - et renvoyée à la mi septembre).
Natif d'Asilah, Ulad Mohand est parti s'installer à Paris en 1985. Il deviendra diplômé de la Film Business School, à Madrid, où il se spécialisera dans la réalisation et la production. Primé meilleur jeune producteur en France en 1993, il a à son effectif une quarantaine de films. Il a réalisé de nombreux courts métrages et documentaires salués par la critique et le public. Un américain à Tanger fût son premier documentaire.
Rappelons que le documentaire Hercule contre Hermès réalisé en 2011 a eu en 2014 le Trophée francophone du Meilleur Documentaire.

par Amina Barakat

Images Francophones diffuse en exclusivité (du 1er au 08 juillet 2015) le film complet HERCULE CONTRE HERMES / هرقل ضد هيرمس, du cinéaste marocain Momahed Ulad-Mohand, en partenariat avec Africiné et Africultures. https://www.youtube.com/watch?v=zcdzYYgMIus

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