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Dope
Les Afro-américains dopés au succès
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 01/11/2015
Michel Amarger (magazine Africiné)
Michel Amarger (magazine Africiné)
Famuyiwa Rick, réalisateur américain
Famuyiwa Rick, réalisateur américain
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Shameik Moore ("Malcom")
Shameik Moore ("Malcom")
Kiersey Clemons ("Diggy")
Kiersey Clemons ("Diggy")
Tony Revolori ("Jib")
Tony Revolori ("Jib")
Forrest Whitaker, Producteur du film
Forrest Whitaker, Producteur du film
Pharrell Williams, Producteur délégué et auteur de la Bande originale du film
Pharrell Williams, Producteur délégué et auteur de la Bande originale du film
Africiné Magazine, the World Leader (African Cinemas & Diasporas)
Africiné Magazine, the World Leader (African Cinemas & Diasporas)

LM Fiction de Rick Famuyiwa, Etats-Unis, 2015
Sortie France : 4 novembre 2015

Le cinéma noir truste le box-office américain. La sortie estivale de Dope de Rick Famuyiwa confirme la tendance après des débuts engageants à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2015. Cette exposition a permis au film de gagner le marché français où il est distribué. Il faut dire que Famuyiwa connaît le système. Diplômé en production et en analyse cinéma-télévision de l'University of Southern California, le réalisateur, fils d'immigrés nigérians, a passé sa jeunesse à Los Angeles avant de s'imposer avec des fictions dynamiques.
The Wood, 1999, aux accents autobiographiques, réunit trois copains dans un bar, confrontant leurs souvenirs de jeunesse à Inglewood, la banlieue où Famuyiwa a grandi. Brown Sugar, 2002, voit un rédacteur en chef et une directrice de maison de hip hop, amis d'enfance, succomber à un coup de foudre en plein New York. Talk to Me de Kasi Lemmons, 2007, dont Famuyiwa est coscénariste, retrace l'histoire vraie de Ralph "Petey" Greene à Washington, au milieu des années 60, un animateur de radio activiste, à la langue piquante. La Guerre des pères, 2010, conte les préparatifs d'un mariage où les beaux-pères se détestent, en s'attirant les faveurs du public.



Avec ces films toniques, Rick Famuyiwa compose une galerie de héros blacks, aux émotions trépidantes, à l'humour vif. Des qualités qu'on retrouve dans Dope, 2015, le nouveau long-métrage du cinéaste afro-américain, planté comme son premier dans le quartier d'Inglewood, la banlieue dite défavorisée de Los Angeles où il a poussé et fait ses preuves. Comme lui, son héros Malcom a des origines au Nigéria. Il cultive l'ambition tenace d'accéder à Harvard, un signe d'excellence pour un jeune Noir de quartier. A ses côtés, un drôle de duo assure : Jib, son copain basané, et Diggy, une lesbienne afro décidée, au regard perçant et au parler cru.
Malcom, geek et fier de l'être, rôde avec eux dans le quartier où les gangs de rappeurs se provoquent aux carrefours. Un enchaînement de circonstances embrouillées entraîne Malcom et sa petite bande dans une affaire de drogue rocambolesque. En tentant d'échapper au contrôle des gangs de rappeurs, et en louvoyant être eux, Malcom, malicieux mais pas agressif, tente de tirer parti de ses relations pour se sortir d'une mauvaise passe et accéder à ses rêves de promotion sociale. Servi par ses deux complices et ses idées de débrouille à grande vitesse, il donne son sens à Dope qui peut s'entendre en langage des rues comme "drogue" ou "génial.".

Rick Famuyiwa secoue les clichés du genre Black de banlieue sur fond de musiques appuyées et efficaces. La bande son est composée par Pharrell Williams, une référence, tandis que des rappeurs émérites jouent des personnages typés, Vince Staples, Casey Veggies, Tyga en tête. Quincy Brown et Channel Iman, mannequin coté, connue pour son look "baby-doll", apportent leur contribution énergique au trio de jeunes héros qui leur tiennent la dragée haute face à la caméra : Shameik Moore, Zoë Kravitz et Tony Revolori. Des figures qui se démarquent des stéréotypes de l'Afro-Américain véhiculés par le cinéma mainstream.
Malcom peut se déchaîner sur un morceau de musique punk, en avançant une prédilection pour le hip hop des années 90, vénérant aussi Jay Z et son tube The Blueprint. En fait, l'adolescent, séduit par une belle Black déjà en main, affiche une cool attitude, loin des images rudes des Noirs urbains, dealant à l'occasion, séchant les cours par accident tout en visant ses études universitaires à Harvard. Adepte de la réussite en profitant du système, il est le reflet de l'Amérique post raciale, présidée par Barack Obama où une Black lesbienne comme Diggy revendique son droit à l'image et à la parole.

La narration de Dope est relayée par la voix douce et grave de Forest Whitaker que Famuyiwa a dirigé en vedette dans La Guerre des pères, 2010. L'acteur noir, échappé de l'univers glacé de la Maison Blanche pour Le Majordome de Lee Daniels, 2013, est aussi investi dans la production de Dope avec Nina Yang Bongiovi. Des atouts précieux pour faire briller le travail de Rick Famuyiwa. En misant sur une mise en scène rythmée, une action entraînante, un humour narquois et un ton décomplexé, le réalisateur afro-américain cadre sa communauté sans complaisance mais avec tendresse. Un bon coup pour doper son audience et son rendement.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France)
pour le magazine Africiné

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