Guerre entre rebelles et armée où les enfants-soldats sont enrôlés en grand nombre, corruption, justice… sont autant de sujets abordés dans son film L'œil du cyclone projeté à Dakar. Le drame de l'Afrique est ainsi peint par Sékou Traoré.

Par quel bout tenir L'œil du cyclone de Sékou Traoré ? Ce premier long métrage captivant du réalisateur burkinabé, projeté en janvier et février 2016 à l'Institut français de Dakar, évoque la question des enfants-soldats non encore résolue sur le continent, mais aussi la corruption qui gangrène les plus hautes sphères des États africains avec cette histoire de diamants extraits par des rebelles et remis à des dignitaires de l'État.
Et que dire du bon rôle donné à la justice dans ce film ? Est-ce une orientation ou un appel du pied pour les affaires dites politiques qui attendent le pays des hommes intègres ou de l'Afrique de manière générale ? Car les parties de massacres, de champ de bataille des rebelles ne peuvent pas être situés avec exactitude dans un pays. On est tout simplement quelque part sur le continent noir pour dire que ces mêmes problèmes se répètent partout.

Mais l'espoir est permis avec ce renouveau de la justice incarné par la jeune avocate Maître Emma Tou (la Sénégalaise Maïmouna Ndiaye), commise d'office pour défendre le chef rebelle devenu capitaine Hitler Mussolini ou Blackshouam accusé de crimes de guerre et capturé par l'armée. Cet enfant soldat interprété de main de maitre par l'Ivoirien Fargass Assandé a été enrôlé dans la rébellion à l'âge de 8 ans. Ce qui rappelle un autre enfant-soldat dans le film Ezra du Nigérian Newton Aduaka, sorti en 2007. Sékou Traoré fait savoir dans son film qu'il y a 150.000 enfants soldats dans le monde.

L'œil du cyclone (1h40), ce drame pleins de rebondissements avec une fin inattendue dont la force réside dans la photographie et le scénario, montre les contradictions de ce continent tenu en otage par des rebelles et des Etats qui sont prêts à tout. Me Tou, la belle qui arrivera à percer le mystère de cette "bête féroce" ne sera pas épargnée par ce tourbillon de violence déjà ancré dans les esprits. Et c'est alors tout naturellement qu'on se demande "A qui profite les crimes en Afrique ?", car les guerres internes sont tellement répandues d'un point du continent à un autre.

Le film de Sékou Traoré a récolté pas mal de prix depuis sa sortie en mars 2015 lors du Festival panafricain du cinéma et de l'audiovisuel de Ouagadougou (Fespaco). Les deux acteurs principaux, Maïmouna Ndiaye et Fargass Assandé, qui portent ce film, ont aussi été multiples fois récompensés à travers les festivals.

Fatou K. SENE