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Le réveil du cinéma nigérien
Le film L'Arbre sans Fruit ou The Fruitless Tree distingué aux African Movie Academy Awards (AMAA), Nigeria.
critique
rédigé par Youssoufa Halidou Harouna
publié le 18/06/2016
Aïcha Macky, réalisatrice nigérienne.
Aïcha Macky, réalisatrice nigérienne.
Aicha Macky et son trophée AMAA 2016 du Meilleur film documentaire
Aicha Macky et son trophée AMAA 2016 du Meilleur film documentaire
Scène du film
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Africiné Magazine, the World Leader (African & Diaspora Films)
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Le film The Fruitless Tree ou L'Arbre sans Fruit (2016) de la jeune réalisatrice Aicha Macky est distingué ce 11 juin 2016 aux African Movie Academy Awards (AMAA) au Nigeria, dans la catégorie meilleur film documentaire. D'une durée de 52', The Fruitless Tree ou L'Arbre sans Fruit, nous amène à voir la double souffrance de la réalisatrice qui aborde sa propre histoire. D'une part, c'est une histoire partagée par le mal-être des femmes qui n'arrivent pas à avoir d'enfant après plusieurs années de mariage, à commencer par elle. D'autre part, il y a l'œil accusateur de la société face à cette situation et la place de la religion tout au long du film. Sur des belles images, de jour comme de nuit, la réalisatrice met à l'écran le comportement patriarcal des parents, à l'instar du père d'Aicha Macky. Ce dernier était arcbouté des principes comme par exemple "la femme ne devrait pas filmer dans un cimetière et de surcroit rentre visite aux morts". Mais Aicha a sauté cet interdit et nous montre en plongée le cimetière où repose sa mère, qui a perdu la vie, en voulant donner la vie.





L'arbre sans fruit - bande-annonce from Les films du balibari on Vimeo.




Un film émouvant, avec la séquence des deux femmes infertiles depuis plus de dix (10) ans qui s'apitoient sur leur sort et se consolent. La religion occupe une place importante dans le film, sur plusieurs séquences, dont celle de la visite de Aicha chez le charlatan. Ce dernier, après consultation de la terre, c'est-à-dire les divinités, livre le verdict pour solutionner le problème d'infertilité de Aicha tombe. Elle doit forcément faire un sacrifice. Cette recommandation des dieux, est donnée presque à toute personne qui fréquente ce milieu lors des consultations. Désespérée, désorientée et mécontente sur ses pratiques religieuses, Aicha interpelle sa défunte mère sur son sort. Volontairement ou pas, la réalisatrice réaffirme ses valeurs musulmanes, dans plusieurs séquences du film, pour atténuer son désaccord sur certaines pratiques de la société, son côté rebelle face à sa société. C'est ainsi qu'elle filme le voile féminin dans toute sa beauté et sa finesse dans la manière de le porter. Pareil quand elle adresse une lettre ouverte au marabout, sur le choix donné par l'islam à une femme infertile dans le mariage. Le marabout est un leader d'opinion pour éduquer et sensibiliser les populations sur les questions de société.
Le film se dresse contre certaines barrières de la société, à savoir la parole de la femme sur la scène publique. Le scénario est bien construit, avec des scènes de joie, de tristesse et de solidarité, dans des thématiques diverses (famille, religion, tradition et modernisme) le tout, accompagné d'une belle musique.
Aicha Macky est titulaire d'une maîtrise en sociologie, d'un Master en Réalisation et documentaire de création, respectivement de l'Université Abdou Moumouni de Niamey et de l'Université Gaston Berger de Saint-louis. Elle a réalisé deux films d'écoles, Moi et ma maigreur en 2011 sur la tyrannie exercée sur le corps de la femme nigérienne qui doit être bien enrobée afin d'être dans "la norme" et Savoir faire le lit (2013) qui décrit la transmission de l'art de la séduction et du sexe entre mère et fille au Sénégal.

Au cours de cette édition 2016 des AMAA, deux autres Nigériens étaient aussi nominés. Il s'agit de Moussa Djingarey pour son film Le pagne et Yacouba Baidari, acteur dans le film Le pagne, respectivement dans les catégories : meilleur film de fiction et meilleur réalisateur, et du meilleur acteur.

Youssoufa HALIDOU HAROUNA, critique du cinéma.

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