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Thala mon amour, de Mehdi Hmili
Un amour pesant, des story boards cachés
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 10/02/2017
Bassirou Niang (Africiné Magazine)
Bassirou Niang (Africiné Magazine)
Mehdi Hmili, réalisateur tunisien
Mehdi Hmili, réalisateur tunisien
Projection du film (encore en salles), à Sousse, Tunisie, le 18 janvier 2017
Projection du film (encore en salles), à Sousse, Tunisie, le 18 janvier 2017
Scène du film
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Scène du film
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Polimovie International Pictures
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Sanad
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Hakka Distribution
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Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)
Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)


Présent en Première Mondiale au 50e anniversaire des JCC dans la catégorie compétition longs-métrages, Thala mon amour, une fiction de 87' réalisé en 2016 par le Tunisien Mehdi Hmili, fut un film marquant pour les festivaliers. De la révolution à l'amour, un drame intimiste et une douleur collective se croisent tout en s'évitant. Leur scène d'expression légitimant leur dualité s'appelle Thala. Un lieu lové au cœur d'une Tunisie qui cherche à vaincre (ou à apprivoiser), même au prix de la douleur et du sacrifice, son chemin de croix vers la liberté.
Entre les images approximatives d'une révolte sous-entendue et une situation sentimentale embrouillée par l'exigence d'une libération, il semble y avoir une longueur de temps que le réalisateur n'a pas su (ou cherché à) meubler par des scènes abandonnées délibérément au souvenir. Deux mondes que le mouvement d'une révolte éloigne l'un de l'autre. Thala mon amour aurait pu s'appeler naturellement "Thala mon désespoir" tant l'exigence de lutte pour la liberté étouffe l'amour ; un amour finalement pesant pour Hourya, un amour plus proche de la tempête que de son port de délivrance.
Deux perspectives de regard se rejetant mutuellement, et qui pourtant unissent la vie et la mort dans le personnage de Mohamed - l'amant de Hourya - échappé d'une prison "plongée dans l'obscurité" et qui ne trouve aucun point d'appui dans la liberté. Cette liberté qui blesse est pourtant celle-là que cherche sa bien-aimée qui la veut humaine.
La banderole de révolte accrochée dans l'enceinte de l'atelier où elle cherche son pain et sa dignité, reflète le lieu de départ vers un nouvel espoir, repoussant en elle le sens de la limite.






Dans ce film, le sentiment est un feu brûlant au cœur des scènes. Le réalisateur semble prendre partie, quand, devinant la douleur du spectateur, il impose le primat de la révolution sur l'amour. Il appelle visiblement de ses vœux le déclin du sentiment d'amour. Ce qui autorise à se risquer à penser parfois, au détour d'une scène, qu'il a honteusement caché ou ignoré des story boards, se faufilant avec dédain entre l'attente de celui qui a l'œil rivé sur la succession des séquences et le rendu final d'un montage filmique, avec des silences mal couvertes. Même si, comme s'il tapait rageusement à la porte de sa propre conscience, il nous ramène, pour se disculper, l'image du macabre éloignement de la vie chez ce jeune garçon - tué par les soldats - à l'âme plongée dans le secret d'un linceul blanc, causant des larmes à ses proches. Histoire de couvrir l'impression d'approximation suintant à travers les rayures-barrières des rideaux de la maison mortuaire. Une image pour établir un pont entre la réalité douloureuse et un désespéré discours porté en peu de mots par un homme qui cherche son amour dans son passé : "l'odeur de la mort est partout" ; y compris de la mort de ses rêves et désirs sentimentaux.
Le courage, à scruter les discours, est porté par les femmes ; elles sont magnifiées pour leur rôle dans la révolution tunisienne tout en faisant (re)penser à cette leçon enseignée par l'histoire et le Temps : "la vie est un choix". Ce qui donne sens à la décision de Hourya : "Je ne peux plus reculer". De l'amour ou de la liberté, le cœur devra choisir. Mais la bague de fiançailles délogée de son doigt et jetée à la rue, dans le sable de Thala souillé du sang des révoltés, éclaire pertinemment la réponse.

Bassirou NIANG

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