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La Vie de Château
Embrouilles africaines Made in Paris
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 08/08/2017
Michel Amarger (Africiné Magazine)
Michel Amarger (Africiné Magazine)
Modi Barry, co-réalisateur
Modi Barry, co-réalisateur
Cédric Ido, co-réalisateur
Cédric Ido, co-réalisateur
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Tatiana Rojo
Scène du film, avec Tatiana Rojo
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
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SRAB Films
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Les films du Worso
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One World Films
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M 141
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Happiness Distribution
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LM Fiction de Modi Barry et Cédric Ido, France, 2017
Sortie France : 9 août 2017


L'Afrique vibre au cœur de Paris via quelques enclaves fameuses dont le quartier de Château Rouge et celui de Château d'Eau. Ce dernier concentre bon nombre de salons de coiffure afro où les "go" stylées se font tresser des mèches sophistiquées et poser des ongles étincelants. Pour ça, il faut les attirer et la concurrence des rabatteurs à la sortie du métro Château d'Eau, est aussi pressante qu'efficace. Le milieu a ses règles, ses codes, longuement observés par Modi Barry et Cédric Ido pour brosser leur premier long-métrage, La Vie de Château, 2017.
Le titre désigne un lieu familier pour Modi Barry, Franco-Russo-Guinéen, qui après avoir grandi en banlieue, cadre des films courts et des documentaires. Cédric Ido, Franco-Burkinabé, vient aussi de la banlieue où il a décidé de faire l'acteur avant d'obliquer vers la réalisation avec des courts-métrages comme Twaaga, 2013, inspiré par ses impressions du Burkina. Unis par la passion de la bande dessinée, du ciné et des racines africaines métissées comme celles de Château d'Eau, ils se lancent dans une comédie trépidante et décontractée.




LA VIE DE CHÂTEAU - FA from Les Films du Worso on Vimeo.




Charles, dit le Prince, règne avec une classe soigneusement cultivée sur les rabatteurs de Château d'Eau. Mais la concurrence offensive de son rival, Bébé, provoque des tensions. Charles perd du terrain en s'absentant pour poursuivre son rêve : racheter le salon de coiffure d'un vieux Kurde, expert en coups de ciseaux et en poésies. Décidé à maintenir son prix de vente, il incite Charles à rechercher un partenaire, son ami blanc, Dan, déjà investi dans la gestion du salon de Djenaba qui emploie Charles. Celle-ci est tentée d'écarter Charles au profit de Bébé et ses méthodes offensives, tandis que leurs troupes cherchent à se partager le secteur pour mieux rationaliser le marché. Les choses se compliquent, la jalousie perturbe le jeu et les enjeux. Les quiproquos en tiroirs se succèdent. Pour rester le Prince de Château d'Eau, Charles pourrait devoir cultiver un nouveau look et revoir ses objectifs.

Les péripéties menées par Barry et Ido, savent capter l'atmosphère cosmopolite du quartier où voisinent le coiffeur kurde, la manucure chinoise, un styliste italien, et surtout les rabatteurs africains qui alimentent la clientèle des salons afro. Là, on cultive le goût de la parole vertement lancée et du look assassin, à coup de sape. Le film valorise alors des figures véristes mais pittoresques autour de Charles, incarné avec superbe par Jacky Ido, frère du réalisateur, connu par ses rôles pour des pointures comme Quentin Tarantino ou Claude Lelouch. Autour, gravitent une brochette d'acteurs réputés comme Tatiana Rojo qui joue Sonia, Félicité Wouassi est Djenaba, la patronne du salon, ou Gilles Cohen, l'ami Dan, et des jeunes qui assurent tels Jean-Baptiste Anoumon qui est Moussa, Eric Abrogoua interprète de Bébé, et Ralph Amoussou jouant Julius.
Pour servir ces comédiens complices, en les inscrivant dans la fièvre de Château d'Eau, Barry et Ido se rappellent des films de gangsters japonais qu'ils aiment. Ils privilégient la caméra portée, les plans longs, colorés, les zooms cultivés aussi par les auteurs de la Blaxploitation. Le chef opérateur, Antoine Monod, assure les corps-à-corps rapprochés avec fermeté. Ainsi le film, ouvert par Paris… Paris, chanté par Joséphine Baker, clin d'oeil à Touki Bouki de Djibril Diop Mambéty qui l'emploie en 1973, allie les sensations africaines avec l'esprit des vaudevilles parisiens qui se jouent sur les Grands Boulevards, à deux pas de Château d'Eau.

Les échos du Coupé-décalé qui tourne dans les salons de coiffure afro du quartier, sont agrémentés par l'apparition de la star Serge Beynaud. Et la musique éclectique du compositeur italien Nicola Tescari, qui vit sur place, cultive le métissage en répondant à la volonté des cinéastes de se démarquer du réalisme en coiffant au poteau les reportages et les caméras prédatrices, trop vues à Château d'Eau pour faire mousser des sujets chauds. Au contraire, Modi Barry et Cédric Ido ont rôdé pendant trois ans dans le coin pour peaufiner leurs observations et cultiver des alliances. Alors La Vie de Château s'affiche comme une comédie populaire pour réconcilier Paris et l'Afrique, et intégrer les rêves de Château d'Eau dans les milieux branchés du cinéma français.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France)
pour Africiné Magazine

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