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Le convoi de sel et de sucre, du Mozambicain Licinio Azevedo
Sur les rails du chaos
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 04/12/2017
Fatou Kiné Sène est rédactrice à Africiné Magazine
Fatou Kiné Sène est rédactrice à Africiné Magazine
Licinio Azevedo, réalisateur mozambicain
Licinio Azevedo, réalisateur mozambicain
Scène du film, avec Mélanie Rafael dans le rôle de Rosa
Scène du film, avec Mélanie Rafael dans le rôle de Rosa
Scène du film, avec António Nipita, dans le rôle de Sete Maneiras (Sept manières)
Scène du film, avec António Nipita, dans le rôle de Sete Maneiras (Sept manières)
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Le réalisateur Licinio Azevedo, sur le tournage du film
Le réalisateur Licinio Azevedo, sur le tournage du film
Le réalisateur Licinio Azevedo, entouré par ses acteurs Matamba Joaquim (avec le trophée du Tanit d'Or, à sa droite) et Thiago Justino (à sa gauche), lors de la cérémonie des Prix aux JCC 2017, Tunis
Le réalisateur Licinio Azevedo, entouré par ses acteurs Matamba Joaquim (avec le trophée du Tanit d'Or, à sa droite) et Thiago Justino (à sa gauche), lors de la cérémonie des Prix aux JCC 2017, Tunis
Melanie RAFAEL interprète de Rosa
Melanie RAFAEL interprète de Rosa
Matamba JOAQUIM interprète du Lieutenant Taiar
Matamba JOAQUIM interprète du Lieutenant Taiar
Thiago JUSTINO, interprète de Salomão
Thiago JUSTINO, interprète de Salomão
Antonio Nipita, interprète de Sete Maneiras
Antonio Nipita, interprète de Sete Maneiras
Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)
Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)


C'est un mélange "sucré- salé" serait-on tenté de dire, tant le film signé par le Mozambicain Licinio Azevedo, Le train de sel et de sucre offre à voir sur des rails un mélange d'amour, de solidarité, mais surtout le chaos, l'horreur et le non-respect de la vie humaine. Il a remporté le Tanit d'or 2017, le Prix Paulin Vieyra de la Critique Africaine et le Prix Fipresci de la Critique Internationale, à la 28e session des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), organisées du 4 au 11 novembre 2017 à Tunis (Tunisie).






Cette fiction de 93 minutes est un road movie qui raconte le voyage en train très dangereux à travers le Mozambique déchiré par la guerre civile. Dès les premières images, le réalisateur met l'accent sur le quotidien difficile d'une population en majorité de femmes, aux visages meurtris, attendant patiemment dans une gare délabrée l'arrivée d'un vieux train. Elles sont contraintes d'aller jusqu'à Malawi au nord du pays pour échanger leurs sacs de sel contre du sucre.

Azevedo filme une réalité qui a aussi une dimension politique avec en toile de fond cette guerre civile entre l'armée et les rebelles dans un Mozambique de 1989, pays d'Afrique australe. Un film où il donne le bon rôle à l'armée (même si certains de ses actes sont entachés d'horreurs commises par un soldat) galvanisée par une population saluant la tête d'un chef rebelle ramenée comme trophée de guerre.
Le réalisateur montre également une réalité surtout économique portée par les femmes avec ce commerce du sel et du sucre, seul recette permettant d'avoir de quoi vivre dans ce pays de chaos.
Mais l'aspect social est plus mis en exergue avec le vécu de ces civiles obligées de vivre dans une situation de précarité. C'est ce dernier aspect de la trame qui maintient l'intensité du film de bout à bout. Car la population gagnée par "l'instinct de survie" est prise entre deux feux : celui des rebelles en cas d'attaque, mais surtout celui de leurs accompagnateurs les soldats de l'armée dont certains usent de leur autorité pour abuser d'elle.
Et parmi eux, le soldat Salomao, terreur de cette armée et des civils, qui viole les femmes même en présence de leur mari. Le réalisateur ne filme pas l'horreur de têtes décapités, ou de rebelles tués, mais capte les images de loin. Il montre le résultat avec ce trophée de guerre brandi.

Au-delà de ces séquences de chaos ou de rivalité entre soldats, notamment entre Salomao et le lieutenant Taia, naissent des histoires d'amour entre Taia et Rosa la jeune infirmière à bord du train qui va rejoindre son poste dans un hôpital à Malawi. La solidarité de Mariamu, une femme habituée du train D67 et la position du soldat Taia défendant les civils peints une société où rien n'est perdu d'avance. Une lueur d'espoir confirmée par la naissance d'un enfant lors de ce voyage aussi incertain et l'arrivée à bonne gare de ce train.
Malgré cela, le film Comboio de sal e açùcar, le titre portugais, car le Mozambique est une ancienne colonie portugaise, est un drame avec la mort du lieutenant Taia et le soldat Salomao.
Sur le plan technique, la musique du film retient aussi l'attention, car assimilée avec le son de la locomotive. Le convoi de sel et de sucre sorti en 2016 ne peut pas être extirpé du genre western tant les éléments de ce genre cinématographique sont relevés dans cette fiction : la conquête d'un espace de non-droit, le décor des paysage, des montagnes et collines traversées par le train, les personnages, les accessoires, etc.
On comprend alors bien le penchant de Licinio Azevedo pour le western américain des années 40 et 50. Son film est bien inspiré du cinéma américain. D'ailleurs la trame de ce film bien écrite ne relève pas du mystère, car le réalisateur est avant tout un bon romancier, un bon écrivain tout court. Le convoi de sel est de sucre (parfois traduit par Le train de sel et de sucre et The train of Salt and Sugar, en anglais) est une adaptation de son roman du même nom publié en 1995. Il a longtemps animé des ateliers d'écriture en Guinée-Bissau, ce qui l'a amené en Mozambique.

Cinéaste brésilien installé depuis plusieurs années au Mozambique, Azevedo a bénéficié pour le financement de ce film de l'aide du Portugal, de la France, du Brésil, de l'Afrique du Sud et du Mozambique.
D'ailleurs le réalisateur montre une image positive de l'armée de son pays d'adoption, avec des soldats qui défendent leur patrie avec corps et "armes". Le cinéaste dit avoir bénéficié du concours de l'armée avec leurs implications dans ce film, car révèle-t-il, "les acteurs militaires sont de vrais soldats de l'armée mozambicaine".

Fatou Kiné SENE

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