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Rafiki: à nos amours interdites !
Festival de Cannes (8-19 mai 2018)
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 11/05/2018
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Wanuri Kahiu, réalisatrice kényane
Wanuri Kahiu, réalisatrice kényane
Cannes 2018
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Scène du film
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Un film d'amour… entre deux lycéennes qui vaut à sa réalisatrice d'être menacée d'emprisonnement au Kenya. Rafiki, drame solaire, est l'un des trois films africains en compétition à Un Certain Regard.


"Nous sommes ici pour célébrer l'amour parce que nous sommes venues de loin pour raconter cette histoire. Il ne peut pas être projeté au Kenya (il est interdit depuis le 27 avril 2018, parce que le film est accusé de "promouvoir" le lesbianisme) mais nous pouvons vous le montrer", a déclaré la cinéaste kényane Wanuri Kahiu lors de la projection de son film le 9 mai 2018 sur la Croisette. Rafiki ("Ami" en swahili), adaptation du livre de l'Ougandaise Monica Arac de Nyeko, a lancé la compétition à Un Certain Regard.






A Nairobi, la capitale kényane, Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Sheila Munyiva) sont des voisines de quartier qui n'appartiennent pourtant pas au même milieu social. Mais surtout, leurs pères sont des rivaux politiques engagés dans une campagne électorale où le moindre faux pas semble fatal. Avec ses copines et son look kitsch, Ziki ne pense qu'à s'amuser. Kena est plus sérieuse et veut devenir infirmière. Garçon manqué, elle traîne souvent avec son ami Blacksta (Neville Misati) qui compte bien faire d'elle une femme respectable dans un avenir proche.
En attendant, Kena et Ziki "s'envisagent", dirait-on pour paraphraser Vanessa Paradis (chanteuse et actrice, à l'affiche d'Un Couteau dans le cœur, film de Yann Gonzalez en lice pour la palme d'Or 2018) quand elle interprète le titre Tandem. Les deux lycéennes se rapprochent et se déclarent finalement leur flamme dans cette société kényane où l'homosexualité est le dernier crime à la mode.

La pragmatique Kena, tout en prenant de nombreux risques pour faire exister la relation, est attentive à ne pas la dévoiler. La frivole Ziki, qui ne veut pas être une Kényane ordinaire, opte pour la rébellion. L'une ou l'autre de ces stratégies peuvent-elles seulement leur permettre de vivre leur amour au grand jour quand le pasteur de leur communauté souligne, quand il peut, l'abomination qu'est une relation homosexuelle?
L'Etat kenyan partage son avis: l'homosexualité est illégale et est passible de 14 ans de prison. La réalité a rattrapé la fiction. L'opprobre est désormais jeté sur Wanuri Kahiu. Celle que l'on félicitait quelques heures après l'annonce de sa sélection cannoise est maintenant sous la menace d'une peine d'emprisonnement parce que son film dépeint des amours homosexuelles. Pour l'heure, les Kenyans ne sont pas près de voir le premier film kenyan sélectionné à Cannes. Pourtant, ils pourraient être fiers de cette œuvre vive et colorée, comme le générique du film. Elle se fait l'écho d'une jeunesse kényane qui jouit de son droit à l'insouciance même dans les situations les plus dramatiques. Servie par deux interprètes qui portent vaillamment et avec beaucoup de sincérité leurs personnages, Rafiki est une fiction de belle facture. La narration subtile et maîtrisée de Wanuri Kahiu prend le spectateur par la main et lui donne à voir l'éclosion d'un amour né dans des regards et des sourires filmés au plus près. Sous l'objectif de la cinéaste, les gros plans sur le visage des amoureuses deviennent un véritable reflet de leur âme.

Wanuri Kahiu a produit un petit bijou qui est né, en partie, sur la Croisette. Sa sélection s'apparente à un retour aux sources. C'est grâce à la Fabrique Cinéma de l'Institut français, programme qui aide les jeunes talents du monde, qu'elle a terminé l'écriture de Rafiki. "C'est un honneur et un privilège d'être ici (à Cannes)", a déclaré la cinéaste kényane lors de la présentation de son film. Fière d'être au Festival de Cannes mais également fière de son Kenya natal. "Même si nous avons le cœur brisé par ce qui arrive dans notre pays, a souligné Wanuri Kahiu, nous sommes fiers d'être Kényans". Et les futurs spectateurs de Rafiki pourront se vanter d'avoir choisi un bon film.

Falila Gbadamassi

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