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Entretien avec Delphine Wil, réalisatrice du film Mémoire de missionnaires
Son documentaire ouvre le festival Mis me binga 2018, Cameroun
critique
rédigé par Thierno Ibrahima Dia
publié le 27/06/2018
Delphine Wil, réalisatrice belge-congolaise
Delphine Wil, réalisatrice belge-congolaise
Thierno I. Dia est Rédacteur à Africiné Magazine
Thierno I. Dia est Rédacteur à Africiné Magazine
Mis be Binga
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Goma 2018
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Africlap 2018
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Rasnov 2018
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Festival du film documentaire de Saint-Louis 2017
Festival du film documentaire de Saint-Louis 2017

Mémoire de missionnaires (2017) est le premier film documentaire de Delphine Wil. Née en Allemagne en 1988 d'un père belge et d'une mère belgo-congolaise, elle est une réalisatrice dont la diversité culturelle a façonné le parcours. Diplômée en photographie (École de Photographie de la Ville de Bruxelles) et en journalisme (Université Libre de Bruxelles), elle travaille dans le domaine de l'information en Afrique francophone, parallèlement à la réalisation.
Elle a entamé sa carrière professionnelle en tant que journaliste radio à la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), avant de se tourner vers l'audiovisuel. D'abord en participant à un atelier de création vidéo à Mons et au Sénégal, puis en s'installant au Burkina Faso, où elle travaille avec la société Manivelle Productions. Mémoire de missionnaires (2017) est le film d'ouverture de la 9ème édition de Mis me binga 2018, festival international de films de femmes, à Yaoundé, du 26 au 30 juin 2018. Le film circule ensuite dans plusieurs festivals, en Europe et au Congo, en attendant d'autres évènements.


Qu'est-ce qui a motivé le fait de réaliser un film (et pas une série photos par exemple ou un article de presse) sur la mémoire des missionnaires ?

Un film permet de mobiliser le son, l'image et laisse transparaître le comportement, les réactions, la personnalité des personnages. L'association de tous ces éléments me semble important pour ce projet, car celui-ci traite d'un sujet que l'on peut considérer comme sensible. Selon moi, voir des personnes de cet âge se livrer à l'écran raconte déjà quelque chose en soi. Ils confient leur vérité telle qu'ils la perçoivent aujourd'hui avec le recul. Certains réaffirment des préjugés de l'époque. D'autres sont davantage critiques. Ma volonté était de transmettre cette ambivalence. Il me paraît nécessaire d'écouter ces anciens malgré les faits qu'on peut leur incriminer, car ils ont - qu'on le veuille ou non - illustré l'Histoire. Des photos ou un article de presse n'auraient probablement pas pu aller aussi loin dans ces nuances qu'un film.

Que représente pour vous d'être sélectionnée à Mis Be Binga et en ouverture ?

Il s'agit d'un grand honneur pour moi d'être sélectionnée au Festival Mis Me Binga et, de surcroît, de voir le film en ouverture du Festival. C'est une première pour Mémoire de missionnaires et cela récompense le travail de toute l'équipe du film. Je suis aussi très heureuse qu'un festival africain ait fait ce choix, car cela démontre que le film aborde un sujet qui touche et qu'il est important de discuter sur le continent. C'est une preuve de la double identité du film - africaine et européenne. Le fait que le festival soutienne le regard des réalisatrices parmi la création cinématographique me semble aussi important.

Le film ne semble pas avoir été diffusé (en festivals) en Belgique et en France ? Est-ce un choix de votre part ou des résistances des programmateurs ?

Le film a été diffusé à la télévision en Belgique (sur la RTBF) et en France (sur Lyon Capitale TV) et a été disponible durant deux mois dans les deux pays, en plus de la Suisse, à travers la plateforme de vidéo à la demande [VoD] Tënk. Néon Rouge Production, la société belge qui produit le film, a envoyé Mémoire de missionnaires et continue de l'envoyer dans de nombreux festivals belges et français (et partout ailleurs). Le film sera projeté au Festival des cinémas d'Afrique de Toulouse fin août, début septembre prochain. Nous espérons évidemment qu'il y ait d'autres sélections en Belgique et en France. Pour ma part, l'objectif est que le film soit vu, où que ce soit et de quelque manière que ce soit.
Force est en effet de constater que, pour le moment, le film circule mieux dans les festivals africains qu'européens. Il est difficile pour moi d'apporter une analyse à ce propos. Le choix des programmateurs est imprévisible.

A Kigali (Mashariki FilmFest), vous avez annoncé une trilogie autour du génocide au Rwanda, où en êtes-vous ?

Cette biographie était une ancienne. En 2014, ce projet de trilogie s'est transformé en deux portraits, plutôt de l'ordre du reportage, qui sont visibles librement sur mon blog : https://dlphnwl.wordpress.com/.

Aujourd'hui, j'écris un court-métrage de fiction intitulé Au risque de se perdre et qui évoque le parcours d'un journaliste africain qui m'interpelle particulièrement. Je co-réalise avec Jeanne Debarsy, réalisatrice radio et ingénieure du son, une création sonore intitulée "Sous l'eau, les larmes du poisson qui pleure ne se voient pas". Je développe aussi un nouveau projet documentaire, pour lequel je n'ai pas encore de titre.

propos recueillis par Thierno I. Dia

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