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Icyasha, le destin compliqué de Fils
critique
rédigé par Parfait Nzeyimana
publié le 08/06/2019
Parfait Nzeyimana est rédacteur à Africiné Magazine depuis 2019
Parfait Nzeyimana est rédacteur à Africiné Magazine depuis 2019
Clémentine Dusabejambo, réalisatrice et scénariste rwandaise, aux RFC 2019
Clémentine Dusabejambo, réalisatrice et scénariste rwandaise, aux RFC 2019
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Clémentine Dusabejambo, Zébu d'or fiction 2019
Clémentine Dusabejambo, Zébu d'or fiction 2019
La réalisatrice Clémentine Dusabejambo
La réalisatrice Clémentine Dusabejambo


Icyasha est un court-métrage qui traite pudiquement de la controversée thématique de genres. Le film commence par une course poursuite où une horde d'enfant suit Fils, le personnage principal, un petit garçon haletant et à bout de souffle. Fils a du mal à se faire accepter dans une équipe de foot des enfants du village qui ne le trouvent pas assez garçon. Le comble de malheur, ses parents essaient de faire de lui un garçon, à l'image de cette scène tragique où la mère oblige son "Fils" à monter plus haut dans un arbre pour prouver sa masculinité.






L'enfant qui vit difficilement cette dualité en lui se dénude au milieu de ses camarades dans une séquence mi ubuesque mi triste. On comprend que le garçon se sent mal et a du mal à s'en sortir. La chèvre dont il a la garde meurt, ce qui lui vaut une bonne fessée de la part de son père qui est excédé par ce garçon jugé efféminé. Entre la vie dure que lui mène la famille et ses copains qui le marginalisent, on découvre le talent de la réalisatrice qui parvient facilement et de manière ludique à soulever cette question taboue dans beaucoup de pays du monde, à savoir le genre ou le transgenre qui soulève beaucoup de passion actuellement.
Cette fiction où les scènes s'enchainent rapidement nous rappelle surtout la vie difficile que mènent les homosexuels ou ceux qui sont considérés comme tels dans les familles des pays des Grands-Lacs. Même les enfants dont la morphologie n'est pas en adéquation avec leur sexe ne sont pas épargnés par cette l'aversion qu'a la société des gens qui, sans être forcément des homosexuels, ont une apparence décalée par rapport à leur appartenance sexuelle.
La peur que développent les parents à penser que leur enfant ne sera pas peut-être un hétérosexuel pur et dur fait que ces enfants vivent un calvaire à côté des moqueries de toutes sortes qu'ils reçoivent de la part de la société.
Marie-Clémentine Dusabejambo, la réalisatrice a bien choisi le décor du film qui met en évidence la majesté du paysage du pays aux mille collines (le Rwanda) tout en soulignant la vie compliquée des enfants de cette région qui voudraient bien vivre et s'amuser comme tous les enfants du monde entier mais dont le quotidien et le destin sont si compliqués qu'ils ne vivent pas leur enfance alors qu'ils n'y sont pour rien.
Ce court-métrage de 16 minutes réalisé en 2018 est d'un réalisme dépourvu de toute exagération. C'est dans doute pour cette raison qu'il a remporté certains prix comme le Zébu d'or panafricain fiction aux Rencontres du Film Court à Madagascar 2019. Icyasha est le quatrième film de la réalisatrice rwandaise qui a à son actif d'autres films tels que Lyiza réalisé en 2011 et qui a remporté le Tanit de Bronze du Court Métrage aux Journées Cinématographiques de Carthage 2012.

Parfait Nzeyimana

Cet article a été écrit dans le cadre de l'atelier sur la critique cinématographique, dirigé par Espéra Donouvossi, 11ème Festicab (31 mai - 07 juin 2019).

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