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Abou Leïla ou du "tartinage filmique"
JCC 2019 Session Najib Ayed
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 09/12/2019
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Amin Sidi-Boumédiène, réalisateur algérien
Amin Sidi-Boumédiène, réalisateur algérien
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film

Un brouillage de pistes sur fond de violence peut donner à avoir une certaine lecture de cette fiction de 104 mn, réalisée en 2019, en Algérie, par Amin Sidi-Boumédiène, et qui fut sélectionnée pour la compétition long-métrage des Jcc 2019 "Session Najib Ayed". Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'avoir glané le Prix de la meilleure interprétation masculine ne lui a pas permis de cacher ses zones d'ombres aux projecteurs critiques.


Le réalisateur écrase Abou Leïla sur deux modalités : de longues scènes lassantes qui disent tout et rien, déroutant des spectateurs qui ont éprouvé maintes fois le bonheur de quitter leur siège, croyant toujours vivre la dernière scène ; et du sang en abondance rappelant le film américain Machete* dont le titre parle de lui-même.






Cherchant certainement le refus de la linéarité, Amin Sidi-Boumédiène a voulu user de métaphores, de superpositions, d'allers-retours au point de déborder les lignes du permis, pour malheureusement s'embrouiller. Et pourtant, l'histoire du film s'aligne sur un contexte de déconfiture individuelle. sociale, religieuse et sécuritaire. Rappelant à chaque conscience la nécessité de la responsabilité.

La traque de l'exutoire anime l'esprit de S., un homme désaxé par une tragédie, persuadé de trouver le remède à son mal par les chemins désertiques à la recherche du terroriste Abou Leïla qui donne son nom au film. Ce que l'obsession est chez lui, est ce que Lotfi, son ami qui l'accompagne, appelle "folie". Celle-ci (qui ressemble à un personnage) est à la fois une mémoire perturbée et un désir éprouvé.

Le film est habillé par de longs moments de silence et de recherches d'horizon, entrecoupés parfois de scènes de cauchemars, anticipatives d'une (fausse) fin de l'intrigue. Le spectateur est perdu par tant de vide, sans pourtant oser renoncer à l'image qui est sa propriété, pour daigner attendre que le rideau la recouvre. Tout en étant conscient de ne détenir la certitude du saisissement de son sens.

Le langage filmique, dans bien des aspects, est cru, approchant d'une violence inouïe - comme des chèvres bouffant des restes humains. Laquelle place Abou Leïla au creux de la question d'un tel choix chez le réalisateur. Une fiction qui aurait pu naître autrement, dépouillée de certaines scènes sinistres entamant la beauté de l'idée d'ensemble, et imperméable à l'élasticité volontaire d'un scénario qui aurait pu être économe.

Bassirou Niang

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