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Cheick Oumar Sissoko : "Nous sommes obligés de faire des films"
critique
rédigé par Fatoumata Sagnane
publié le 27/12/2019

Le cinéaste et ancien Ministre de la Culture du Mali, Cheik Oumar SISSOKO, a été réélu pour une deuxième fois à la tête
de la FEPACI (la Fédération panafricaine des cinéastes). Dans cet entretien, il nous parle des 50 ans de vie du FESPACO.

Vous êtes pour la deuxième fois réélu à la tête de la FEPACI. Qu'est-ce qui vous a valu cette confiance renouvelée?

Nous avons amorcé un long travail qu'il faut continuer. La plupart des membres ont été reconduits à leur place. Nous avons réduit juste le nombre du personnel. Je ne suis pas le seul qui ait été réélu ; même les membres du conseil administratif ont été également reconduits. On ne réussit pas tout ce qu'on veut. Si un travail n'a pas été à la hauteur du souhait, il faut donc le continuer, proposer de nouvelles innovations telles que la mobilisation des cinéastes, le renforcement des associations nationales dans nos différents pays africains, ce qui est une tâche très difficile.
Certainement que nous n'avons pas fait beaucoup à ce niveau mais tout le monde doit s'impliquer. Il faut que les gens comprennent que la FEPACI c'est leur corporation, qu'ils doivent être ensemble pour mieux l'organiser et la défendre.

Au cours d'une de vos interventions vous avez laissé entendre que pour ses 50 ans, le FESPACO, dans sa 26ème édition, sera particulier. Que voulez-vous exactement nous dire ?

Il faut faire un bilan de 50 ans, un bilan d'un demi-siècle de dur labeur. 50 ans de vie du FESPACO supposent qu'on a pu se maintenir. Il y a là l'apport incommensurable de l'État burkinabè qui est tellement important, l'apport du peuple burkinabè qui s'est l'ait approprié, qui a toujours soutenu l'organisation du FESPACO, sans oublier d'autres apports non moins importants, celui des réalisateurs, de la diaspora, de la FEPACI qui a toujours travaillé pour son maintien et à son évaluation. L'approche que le FESPACO a donnée au cinéma africain est devenue le plus et bel évènement culturel panafricain. Le FESPACO a su permettre aux cinéastes de se rencontrer, de dialoguer avec le public composé des Ouagalais, des Burkinabès, de la diaspora, des festivaliers du continent, du monde entier. Cela est énorme et salutaire. Ce qu'il faut apprécier, c'est 50 ans de travail avec 26 éditions, montre vraiment que nous avons réussi, même si il y a eu des failles.

Quel a été pratiquement l'apport de la FEPACI dans l'épanouissement du FESPACO depuis sa création à nos jours ?

La FEPACI est la première organisation qui a contribué au développement du FESPACO, après la première semaine qui a suivie la demande auprès de l'Etat burkinabè pour son institutionnalisation en 1972. Le FESPACO était fêté à l'époque comme une semaine nationale du cinéma burkinabè. Depuis cet instant, la FEPACI a travaillé aux côtés du FESPACO à informer les cinéastes du continent, à les mobiliser pour envoyer leurs films au festival de Ouaga. Car, un festival ne peut exister sans les films. Ce fut le travail le plus important de la FEPACI auprès du FESPACO.

Comment voyez-vous l'avenir du cinéma africain ?

Nous sommes obligés de faire des films. Nous ne pouvons pas être écartés de l'univers des images universelles. L'Afrique a besoin de ses propres images et la FEPACI dans la passion de cet art, s'assigne le devoir pour la réhabilitation de nos salles de cinéma, pour faire voir nos films à travers les chaines de TV et dans les salles du cinéma. Le monde gagnerait à voir nos images à travers notre façon de vivre, de montrer notre civilisation qui porte des valeurs à vocation universelles. Nous devons affirmer notre identité culturelle par le biais de nos films, ce qui permet de mieux connaitre notre continent. Si les cinéastes arrivaient à être ensemble, à se solidariser, à développer ensemble une vision et à montrer à nos dirigeants des différents Etats que le cinéma est rentable, est un facteur de développement économique mais aussi un facteur d'éducation de nos populations, un facteur d'affirmation de nos identités culturelles, il n'est pas illusoire de croire qu'un jour que les politiques s'engagent à nous accompagner dans le cinéma.

Comment avoir plusieurs FESPACO dans les autres pays africains?

C'était dans l'idée de la FEPACI. Elle a travaillé avec les Etats africains pour mettre en place un festival panafricain, les JCC pour l'Afrique du nord, le FESPACO pour l'Afrique de l'Ouest, à l'époque le Mogadiscio Panafrican Film Symposium pour l'Afrique de l'Est (qui été fermé à cause de la guerre en Somalie), le Festival International du Film de Hararé pour l'Afrique australe (qui s'est arrêté également à cause des soucis politiques et économiques du Zimbabwe). Aujourd'hui il existe "les écrans noirs" du coté de Cameroun pour l'Afrique centrale, un festival crée par un réalisateur. Certes ces festivals n'ont pas encore la dimension du FESPACO et des JCC, mais le besoin d'amener les cinéastes à se rencontrer, à montrer leurs films à leurs populations, pour dialoguer. C'est le plus important. Notre combat, c'est qu'un festival panafricain existe dans chaque région de l'Union Africaine. A titre d'exemple, aujourd'hui le Sénégal donne deux milliards de franc CFA par an pour financer le cinéma ; le Mali vient de créer une dotation spéciale de 6 milliards de FCFA sur chaque trois ans. C'est un fond d'appui au cinéma malien. C'est parce que la FEPACI existe que les Associations nationales existent.

Fatoumata Sagnane (Guinée Conakry)






Africiné Magazine, No4, Samedi 02 mars 2019, page 3 /// 26è FESPACO

Ce magazine est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC / AFFC). La publication a été rendue possible grâce au soutien de l'OIF, Africalia Belgium, le Goethe-Institut et l'Ascric-B. Il est réalisé par un collectif de 43 journalistes provenant de 22 pays.

Directeur de Publication : Khalil Demmoun

Comité de Rédaction
Sid-Lamine Salouka
Abraham Bayili
Ahmed Shawky
Robert Mukondiwa
Fatou Kiné Séne
Pélagie N'Gonana
Charles Ayetan
Yacouba Sangaré
Espéra Donouvossi

LES 43 PARTICIPANTS À L'ATELIER DE LA CRITIQUE AU FESPACO 2019
1. Abou ADAM (Côte d'Ivoire)
2. Anita AFATCHAO (Togo)
3. Charles AYETAN (Togo/ Bureau FACC)
4. Marco Ibrahima Sory BAH (Guinée Conakry)
5. Alceny Saïdou BARRY (Burkina-Faso/ASCRIC-B)
6. Abraham BAYILI (Burkina-Faso/ASCRIC-B)
7. Eugénie BILLA (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
8. Aboubakar CISSÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
9. Rodéric DÉDÉGNONHOU (Bénin)
10. Khalil DEMMOUN (Maroc, Bureau FACC)
11. Espéra DONOUVOSSI (Bénin/ Bureau FACC)
12. Sahar EL ECHI (Tunisie)
13. Salimata FOFANA (Mali)
14. Falila GBADAMASSI (France / Diaspora)
15. Cornélia GLÉLÉ (Bénin)
16. Youssoufa HALIDOU HAROUNA (Niger), Commissaire Facc
17. Victor KABRÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
18. Polly KAMUKAMA (Ouganda)
19. Annick Rachel KANDOLO (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
20. Alassane KÉRÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
21. Marcel KPOGODO (Bénin)
22. Renate LEMBA MUKOKO (RD Congo)
23. Aïssatou LY (Sénégal)
24. Nadege MBABAZI (Rwanda)
25. Josué MÉHOUENOU (Bénin)
26. Mwenda MICHENI (Kenya)
27. Souley MOUTARI (Niger)
28. Robert Garikai MUKONDIWA (Zimbabwe)
29. Ruth MYGNOLET SANDZOU (Gabon)
30. Yero Hamel N'DIAYE (Mauritanie)
31. Pélagie NG'ONANA (Cameroun/Bureau FACC)
32. Chinyere OKOROAFOR (Nigéria)
33. Aliou OURO TCHITCHIRI (Togo)
34. Fatoumata SAGNANE (Guinée / Commissaire FACC)
35. Sid-Lamine SALOUKA (Burkina-Faso/ Formateur)
36. Yacouba SANGARÉ (Côte d'Ivoire / Bureau FACC)
37. Annick SEDSON (Madagascar)
38. Fatou Kiné SÈNE (Sénégal/ Bureau FACC)
39. Ahmed SHAWKY (Egypte)
40. Rachel SOMÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
41. Pierre Patrick TOUKO (Cameroun)
42. Franklin UGOBUDE (Nigéria)
43. Patrick Hervé YOBODE (Bénin)

Mise en page : Korotimi Sérémé
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