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Résolution de Boris Oué et Marcel Sangne
Dénoncer publiquement les violences faites aux femmes
critique
rédigé par
publié le 27/12/2019


En lice dans la catégorie fiction long métrage de la compétition officielle du Fespaco 2019, le film Résolution pose la problématique des violences faites aux femmes dans le silence et l'indifférence de la société. D'une durée de 105 minutes, cette fiction, réalisée par les Ivoiriens Boris Oué et Marcel Sangne, est produite par l'actrice ivoirienne Evelyne Ily Juhen, elle-même incarnant le premier rôle.

Les deux réalisateurs inscrivent leur histoire dans un environnement urbain et dans la haute société ivoirienne. Le film commence ainsi par un plan large et une vue aérienne d'un échangeur choisi parmi les plus belles infrastructures routières de la capitale économique de la Côte d'Ivoire, Abidjan.
Le personnage principal, Yenan, est une femme dynamique mariée à Marc Kassy (incarné par Bruno Henry), un procureur très influent. Mère de Kévin, un adolescent de 16 ans, Yenan dirige d'une main de fer une usine d'exportation de cacao. Si aux yeux de la société son mariage avec Marc est des plus heureux, c'est en réalité une illusion qui cache un couple déchiré, à l'existence triste. Yenan n'est pas heureuse dans son couple : alors qu'elle est confrontée aux difficultés de l'entreprise et à la pression des financiers, elle doit faire face, dans son foyer, aux violences verbales et physiques de son époux. De plus, Kevin n'est pas en réalité le fils de Marc, mais le fruit d'abus sexuels exercés sur Yenan par son défunt beau-père avant le mariage. Kévin se laisse tenter par la drogue face à tout cet environnement familial instable.

Ce premier film produit en solo par Evelyne Ily Juhen présente plusieurs aspects techniques, qui permettent aux cinéphiles de bien comprendre sa thématique, à savoir les violences faites aux femmes. La qualité des images est par exemple perceptible à travers une beauté des plans qui est servie par une lumière intéressante. Les réalisateurs captent aussi l'attention du cinéphile avec des gros plans du visage, souvent très grave de Bruno Henry.
Cet acteur martiniquais est bien connu pour son charisme dans les rôles qu'il campe. Ici, celui du mari jaloux, coléreux, violent, maniaque et manipulateur est incarné avec justesse. Son jeu juste dans ce film met en lumière des sévices corporels et des violences insoupçonnés qu'une femme peut subir dans son foyer.

Le choix du titre Résolution n'est donc pas le fait du hasard. Il trouve son essence dans l'engagement des deux réalisateurs, à dénoncer publiquement sur le grand écran toutes ces violences faites aux femmes et, ainsi, à ouvrir le débat sur la question du féminisme. Même si Evelyne Ily Juhen refuse que le film soit vu sous cet angle : "Nous n'avons pas fait un film féministe. Nous avons fait un film sur l'égalité des droits, un film pour montrer que la violence peut arriver à n'importe qui. Pas forcément à une énième femme qui est au fin fond de l'Afrique qui souffre. La violence est dans des sphères les plus hautes et à tous les niveaux. On le voit tous les jours", soutient-elle.

Pourtant, on voit bien que l'objectif de Résolution est de susciter une prise de conscience collective sur la question des violences faites aux femmes et sur la violation de leurs droits. Cet enjeu est visible à travers le centre d'écoute des femmes victimes de violences et la marche de dénonciation publique de Marc suscitée par Yenan à partir des réseaux sociaux.

Abou Adams (Côte d'Ivoire)






Africiné Magazine, No4, Samedi 02 mars 2019, page 3 /// 26è FESPACO

Ce magazine est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC / AFFC). La publication a été rendue possible grâce au soutien de l'OIF, Africalia Belgium, le Goethe-Institut et l'Ascric-B. Il est réalisé par un collectif de 43 journalistes provenant de 22 pays.

Directeur de Publication : Khalil Demmoun

Comité de Rédaction
Sid-Lamine Salouka
Abraham Bayili
Ahmed Shawky
Robert Mukondiwa
Fatou Kiné Séne
Pélagie N'Gonana
Charles Ayetan
Yacouba Sangaré
Espéra Donouvossi

LES 43 PARTICIPANTS À L'ATELIER DE LA CRITIQUE AU FESPACO 2019
1. Abou ADAM (Côte d'Ivoire)
2. Anita AFATCHAO (Togo)
3. Charles AYETAN (Togo/ Bureau FACC)
4. Marco Ibrahima Sory BAH (Guinée Conakry)
5. Alceny Saïdou BARRY (Burkina-Faso/ASCRIC-B)
6. Abraham BAYILI (Burkina-Faso/ASCRIC-B)
7. Eugénie BILLA (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
8. Aboubakar CISSÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
9. Rodéric DÉDÉGNONHOU (Bénin)
10. Khalil DEMMOUN (Maroc, Bureau FACC)
11. Espéra DONOUVOSSI (Bénin/ Bureau FACC)
12. Sahar EL ECHI (Tunisie)
13. Salimata FOFANA (Mali)
14. Falila GBADAMASSI (France / Diaspora)
15. Cornélia GLÉLÉ (Bénin)
16. Youssoufa HALIDOU HAROUNA (Niger), Commissaire Facc
17. Victor KABRÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
18. Polly KAMUKAMA (Ouganda)
19. Annick Rachel KANDOLO (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
20. Alassane KÉRÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
21. Marcel KPOGODO (Bénin)
22. Renate LEMBA MUKOKO (RD Congo)
23. Aïssatou LY (Sénégal)
24. Nadege MBABAZI (Rwanda)
25. Josué MÉHOUENOU (Bénin)
26. Mwenda MICHENI (Kenya)
27. Souley MOUTARI (Niger)
28. Robert Garikai MUKONDIWA (Zimbabwe)
29. Ruth MYGNOLET SANDZOU (Gabon)
30. Yero Hamel N'DIAYE (Mauritanie)
31. Pélagie NG'ONANA (Cameroun/Bureau FACC)
32. Chinyere OKOROAFOR (Nigéria)
33. Aliou OURO TCHITCHIRI (Togo)
34. Fatoumata SAGNANE (Guinée / Commissaire FACC)
35. Sid-Lamine SALOUKA (Burkina-Faso/ Formateur)
36. Yacouba SANGARÉ (Côte d'Ivoire / Bureau FACC)
37. Annick SEDSON (Madagascar)
38. Fatou Kiné SÈNE (Sénégal/ Bureau FACC)
39. Ahmed SHAWKY (Egypte)
40. Rachel SOMÉ (Burkina-Faso /ASCRIC-B)
41. Pierre Patrick TOUKO (Cameroun)
42. Franklin UGOBUDE (Nigéria)
43. Patrick Hervé YOBODE (Bénin)

Mise en page : Korotimi Sérémé
Impression : IGIP +226 70 15 15 80

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